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PROCES DE CHARLES TAYLOR : Que vaut le témoignage de Naomi Campbell ?

Publié le vendredi 6 août 2010 à 00h07min

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La top-model Naomi Campbell, après avoir refusé, dans un premier temps, de se rendre devant le Tribunal spécial pour la Sierra Leone (TSSL) pour témoigner dans le cadre du procès de Charles Ghankay Taylor, s’y est finalement résolue. Et hier 5 août, elle était dans le prétoire de ce tribunal délocalisé à La Haye aux Pays-Bas pour dire si oui ou non elle a reçu, une nuit de septembre 1997 en Afrique du Sud, un cadeau, en l’occurrence un diamant, de la part de Charles Taylor alors président du Liberia. Son témoignage est particulièrement attendu par l’accusation qui, d’ailleurs, l’a citée à cette fin pour étayer la thèse du trafic de diamant dont aurait usé Charles Taylor pour financer la guerre civile en Sierra Leone.

Le diamant vendu, selon l’accusation, servait à acheter des armes au profit de la rébellion du RUF (Front révolutionnaire uni) soutenue par Taylor. Et le diamant généreusement offert au mannequin britannique ferait partie d’un ensemble destiné à être écoulé pour se procurer des armes, à en croire bien sûr les contradicteurs de Taylor. Il suffit donc que la top-model dise avoir effectivement reçu un diamant pour confondre l’ex-numéro un libérien qui a toujours nié posséder du diamant à plus forte raison en avoir vendu pour acquérir des armes.

Mais cette attente n’a pas été tout à fait comblée, au regard des extraits du témoignage de celle que l’on surnomme la panthère. Si Naomi Campbell dit avoir effectivement reçu « quelques petites pierres sales » d’hommes qui sont venus toquer nuitamment à sa porte pour les lui remettre, elle ne dit pas explicitement si le cadeau provient de Charles Taylor. Idem sur l’identité des fameux porteurs du diamant dont il est intéressant de savoir s’ils sont effectivement des émissaires de Charles Taylor.

Ce sont des zones d’ombre qui gagneraient à être éclaircies. Nul doute que la défense ne manquera pas de mettre l’accent sur ces aspects quand viendra le moment du contre-interrogatoire au cours duquel elle « cuisinera » à loisir le témoin pour bien sûr trouver des éléments qui disculperaient l’ancien chef d’Etat. En attendant, il est permis de se demander ce que vaut le témoignage de Naomi Campbell. N’a-t-on pas voulu beaucoup plus attirer l’attention sur un procès qui avait fini par lasser par sa longueur avec un témoin emblématique qui, visiblement, s’est trouvé mêlé à cette affaire malgré lui ? Certes, les différentes parties au procès (défense, accusation, parquet) ont tout à fait le droit de faire comparaître des témoins à charge et à décharge.

Mais il arrive que l’effet escompté, qui est la manifestation de la vérité, ne soit pas atteint. C’est ainsi que des témoignages jugés capitaux n’apportent pas un plus aux débats. Et le procès de Taylor n’en a pas été exempté depuis son début. On craint fort que ce ne soit une fois de plus le cas avec Naomi Campbell dont il faut reconnaître que sa seule présence dans le prétoire est déjà un événement en soi. Mais comme l’on est à un procès et non à un événement mondain, ce qui compte par-dessus tout, c’est ce qu’elle a à dire. Son témoignage vaudra-t-il son pesant de … diamant ? C’est la question qui préoccupe tout le monde à la Haye.

Séni DABO

Le Pays

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