LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

Cinquantenaire des Forces armées nationales : Les pans d’une histoire militaire révisités

Publié le mercredi 4 août 2010 à 01h03min

PARTAGER :                          

Les Forces armées nationales (FAN) ont fêté le mardi 3 août 2010 à Ouagadougou, le cinquantenaire de leur existence sous le thème « Histoire des forces armées nationales de 1960 à 2010 ». Présidée par le ministre de la Défense, Yéro Boly, en présence du chef du gouvernement, Tertius Zongo et d’autres membres du gouvernement, la cérémonie a été une occasion pour les pionniers de l’armée, d’exposer l’histoire des FAN à travers des panels.

A l’image de la nation tout entière, les Forces armées nationales (FAN) fêtent le jubilé d’or de leur existence en 2010 sous le signe de la découverte de son histoire.

Officiers, sous-officiers, militaires de rang, corps paramilitaires, membres du gouvernement étaient tous au CENASA ce 3 août 2010 pour revisiter le parcours d’une armée née dans l’euphorie des indépendances. Pour le président de la cérémonie, le ministre de la Défense, Yéro Boly, les conférences du cinquantenaire des FAN s’inscrit dans la logique de faire découvrir l’armée dans toutes ses facettes, de la création à son état actuel ainsi que sa contribution au développement sociopolitique du pays de 1960 à 2010.

Le premier paneliste du jour, le colonel à la retraite, Félix Kiemtarboum, l’un des pionniers de l’armée burkinabè, a axé sa communication sur la création et l’évolution de l’armée de 1960 à 1982. L’Armée nationale voltaïque (aujourd’hui FAN) a été créée le 3 août 1960 par une loi votée à l’Assemblée nationale.

Le 15 octobre 1961, le personnel de l’armée de la Haute-Volta travaillant dans l’armée française fut transféré à l’Armée nationale voltaïque qui prend effectivement forme le 1er novembre 1961 avec le commandant Sangoulé Lamizana comme chef d’état-major. Tandis que des voix s’élevaient pour remettre en cause la nécessité de la création d’une armée, elle s’est très vite imposée par la protection d’un territoire aux multiples frontières.

Selon le paneliste, cette armée a connu une évolution progressive dans le temps. « La formation des cadres de l’armée fut d’abord une préoccupation des premières heures. Ces cadres militaires avaient pour rôle de diriger les troupes et d’être disponibles aux multiples sollicitations nationales », a relevé le colonel Kiemtarboum. La mise en place d’unités qui devaient étoffer l’armée se fit dans la progressivité et le transfert des hommes de l’armée française dans la douleur.

« Sur 20 000 voltaïques servant dans l’armée française d’alors, seulement 500 militaires tous grades confondus, composeront l’effectif au lieu de 10 000 escomptés », a expliqué l’ex-ministre des Sports, le colonel à la retraite, Félix Kiemtarboum. Cinq ans plus tard, le 1er novembre 1978, a été créée la Brigade d’infanterie commando au sein des forces armées voltaïques comprenant quatre unités combattantes, une réserve générale, deux centres d’instructions.

A ces forces de l’armée de terre, selon le conférencier, s’est ajouté par la suite, les forces aériennes dont l’efficacité a abouti à la création de l’armée de l’air le 1er octobre 1985. Le bataillon des sapeurs-pompiers a vu le jour le 2 février 1980. Dès 1982, l’armée voltaïque était considérée, à entendre le paneliste, opérationnelle.

Les épreuves d’une jeune armée

L’armée nationale voltaïque dans son évolution a connu plusieurs épreuves. « Les premières années de l’armée étaient sereines. Nous étions préoccupés par l’ardeur de la construction de l’armée. Puis vinrent les épreuves qui étaient politiques et guerrières », a affirmé le conférencier. Sur le plan politique, l’armée s’est vu investie du pouvoir de la gestion de l’Etat après le soulèvement populaire du 3 janvier 1966.

Il était donc du devoir de l’armée d’assumer avec responsabilité ce pouvoir pour éviter la désillusion du peuple. L’avènement du renouveau en 1974 avec la reprise en main des affaires par les militaires, a été, selon le paneliste, une seconde mise à l’épreuve de l’armée.

« Après huit ans de dur labeur, l’armée était parvenue à assainir le climat économique et social avec des mesures comme la « garangose ». N’étant pas habitué au jeu politique, il nous était insupportable de suivre passivement pendant que nous nous étions toujours dans l’arène », a donné comme raisons du coup d’Etat de 1974, le colonel à la retraite, Félix Kiemtarboum.

La troisième épreuve de l’armée a été la situation de 1980 qui a entraîné la chute du régime de Sangoulé Lamizana. Dans le duel entre les partisans du général Lamizana et l’opposition, les militaires étaient dans un dilemme dans le choix de sa posture. « La situation politique se dégradait sans espoir d’un retour au calme.

La résolution de mettre fin à cette brouille politique sans issue déboucha au 25 novembre 1980 à la prise de pouvoir par l’armée », a affirmé le colonel Kiemtarboum. La dernière épreuve a été la première guerre contre le Mali en 1974. Selon lui, cette guerre a été imposée à l’armée sans son consentement, qui était obligée de défendre les frontières de la patrie.

La contribution de l’armée au développement socioéconomique

Les principales préoccupations des différents régimes militaires qui se sont succédé étaient l’assainissement des finances publiques, l’établissement de l’équilibre budgétaire, la diminution des dépenses publiques, l’aménagement des nouvelles assiettes d’impôts, l’augmentation de la production agricole, le combat contre la sécheresse, la valorisation de la compétence des jeunes, l’insertion des militaires retraités à la vie civile, etc.

Toutes ces actions entreprises ont contribué à booster le développement du pays selon le conférencier. Le deuxième panel porté sur l’histoire des FAN de 1983 à 1991 a été traité par le colonel-major, Laurent Sédogo, ministre de l’Agriculture, de l’Hydraulique et des Ressources halieutiques. Laurent Sédogo, qui a été un acteur de la scène politique et militaire depuis la Révolution à la démocratie en 1991 en passant par le Front populaire, a retracé les péripéties de l’armée pendant cette période tumultueuse.

A partir de 1982, selon Laurent Sédogo, la montée d’une nouvelle génération d’officiers va apporter une nouvelle approche dans la gestion du pays. C’est ainsi que le Conseil supérieur des forces armées a été créé qui regroupait les officiers jusqu’au grade de capitaine.

L’atmosphère délétère de l’époque a fini par contaminer l’armée et il eut une certaine stratification en son sein. « Il y avait d’abord les officiers issus de l’armée coloniale qui ont eu leurs galons sur les champs de bataille, ensuite ceux des écoles d’enfants de troupe devenus après sous-officiers et ont fréquenté des écoles supérieures militaires et de pratiques et enfin une troisième catégorie issue des prytanées militaires qui s’est frottée au milieu intellectuel étudiant », a affirmé Laurent Sédogo.

Cette troisième catégorie, a-t-il indiqué, a été influencée et très sensible aux discours et ambiance politiques. Beaucoup d’officiers de cette catégorie se sont laissés emporter par la chose politique. Il s’est alors engagé une « guerre entre les anciens et les modernes », qui a occasionné la prise de pouvoir en 1982 par les jeunes officiers pour instaurer le Conseil de salut du peuple. Il s’est très vite agi pour ces jeunes officiers progressistes d’imprimer leur marque au jeu politique.

Dans ce coup de force, le choix du chef de l’Etat n’était pas comme avant (le plus ancien dans le grade le plus élevé), mais une assemblée qui a procédé au vote. La même impasse politique s’est poursuivie et a conduit successivement aux événements du 4 août 1983 et 15 octobre 1987. Pendant cette période, la vie politique et celle militaire étaient intimement liées jusqu’à la période démocratique amorcée en 1991.

Lassané Osée OUEDRAOGO

Sidwaya

PARTAGER :                              

Vos commentaires

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Offre de formation sur la conception sécurisée des applications