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MOUSTIQUAIRES IMPREGNEES : La distribution en septembre

Publié le mardi 3 août 2010 à 00h59min

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Lancée le 12 juillet 2010 à Nanoro dans le Boulkiemdé, la campagne de distribution gratuite des moustiquaires imprégnées est beaucoup attendue par les Burkinabè. Chaque citoyen espère disposer d’une moustiquaire pour éviter les piqûres des moustiques, principalement l’anophèle femelle, agent vecteur du paludisme. Pour en savoir davantage sur cette opération, nous avons rencontré le Directeur régional (DR) de la Santé du Centre, le docteur Amédée Prosper Djiguemdé. Nous avons aussi abordé avec lui d’autres sujets relatifs à l’évolution du paludisme et les actions de lutte contre cette pathologie qui constitue la première cause de décès au Burkina.

"Le Pays" : Quel est l’état des lieux du paludisme au Burkina ?

Dr Amédée Prosper Djiguemdé : Au Burkina et particulièrement dans la région du Centre, à l’instar des autres régions, le paludisme constitue le premier motif de consultation, d’hospitalisation dans les formations sanitaires et la première cause de décès. Environ 50,50 % des cas qui se présentent dans les centres de santé sont des cas de paludisme. Sur l’ensemble du territoire national, plus de 4 539 984 cas de paludisme ont été enregistrés en 2009, avec malheureusement 7982 cas de décès. Sur l’échiquier national, 45% des motifs de consultation sont liés au paludisme. C’est dire que cette pathologie constitue un problème de santé publique pour nos centres.

Comment évolue le paludisme ces dernières années au Burkina ?

Il faut dire qu’avec tous les efforts en matière de lutte contre le paludisme, il y a certes une baisse progressive des cas mais le paludisme constitue toujours la première cause de décès dans les formations sanitaires. Et malheureusement, les plus touchés sont les enfants de moins de 5 ans et les femmes enceintes avec tout le corollaire en matière d’avortement, de mort-nés, etc. Mais avec toutes les recherches qui se mènent sur le plan national et international, il y a des lueurs d’espoir. Ces dernières années, il y a des idées novatrices en matière de lutte contre le paludisme pour réduire de façon significative les cas de cette maladie.

Quelles sont les actions entreprises au Burkina pour lutter contre le paludisme ?

Notre politique, le Protocole national de lutte contre le paludisme, a été révisé avec l’introduction des ACT qui ont été subventionnés par l’Etat pour rendre facile leur accessibilité aux populations, étant donné que le paludisme constitue le premier motif de consultation. Plusieurs stratégies de lutte contre le paludisme ont été entreprises et mises en oeuvre au Burkina. On a la prise en charge correcte des cas de paludisme. Au niveau communautaire, toute personne, tout sujet présentant un cas de paludisme bénéficie d’une prise en charge de qualité. Ces traitements sont administrés par des agents communautaires qui ont été formés à cet effet. On a également une stratégie qui est relative à la prévention à travers l’utilisation des moustiquaires imprégnées à longue durée d’action, les MILDA. Il y a une prévention également chez les femmes enceintes. Nous leur administrons des sulfadoxine pyriméthamine pour éviter qu’il y ait des complications, des avortements, des mort-nés, etc. Il y a autres stratégies qui concernent l’assainissement. Il s’agit du traitement des sites larvaires, la pulvérisation intra domiciliaire. D’autres stratégies sont relatives au vaccin dont le niveau d’opérationnalisation est beaucoup avancé du côté de Nanoro.

Quels sont les conseils que vous avez à l’endroit des populations pour leur permettre de mieux lutter contre le paludisme ?

Je conseille aux populations de dormir sous des moustiquaires imprégnées, de lutter contre l’insalubrité, de faire en sorte que l’hygiène puisse régner autour de notre cadre de vie. Je leur conseille également de se faire consulter précocement dès l’apparition de certains symptômes tels que les céphalées, la fièvre, etc. Pour éviter que l’on évolue vers des situations gravissimes. Des situations qui conduisent les gens vers les formations sanitaires et qui sont malheureusement des cas de paludisme graves pouvant entraîner des décès.

Le 12 juillet 2010 a eu lieu le lancement de la campagne de distribution gratuite des moustiquaires imprégnées. Où en est-on avec cette campagne ?

Il faut savoir qu’une opération d’une telle envergure nécessite des préparations préalables afin de connaître un succès. L’objectif de cette campagne est de permettre à 80% de Burkinabè de bénéficier d’une moustiquaire et de pouvoir dormir sous celle-ci. Après le lancement de la campagne le 12 juillet 2010 à Nanoro, nous avons mis en place un comité régional qui est dirigé par le gouverneur du Centre, El Hadj Boureima Bougma. Il y a une planification liée à la mise en oeuvre de l’activité par la formation de l’ensemble des superviseurs et des formateurs au niveau des districts et du monde communautaire. Actuellement, nous nous apprêtons à procéder au dénombrement des ménages. Parce qu’il faut un recensement des ménages pour qu’on puisse s’assurer que toute personne recensée aura une moustiquaire. Ce recensement va débuter en août et va durer six jours. Au cours de celui-ci, des bons seront remis aux chefs de ménage qui vont se présenter plus tard avec ces bons au niveau des sites de distribution pour le retrait des moustiquaires. Nous comptons mettre en place 900 sites de distribution pour rendre la distribution plus fluide et permettre aux populations d’aller chercher aisément leurs moustiquaires.

Combien de moustiquaires sont attendues au total ?

Le nombre de moustiquaires attendu est de 8 101 134 dont près de 900 000 pour la région du Centre. Pour le partage, nous sommes partis du principe qu’il faut une moustiquaire pour 2 personnes. Les moustiquaires de la région du Centre seront livrées par la société suisse Vestergaard Frandsen. Elles sont de marque Permanet. Le coût global des 8 millions de moustiquaires s’élève à près de 22 642 669 530 de F CFA et près de 2 620 577 007 coût opérationnel. Après la distribution de ces moustiquaires, nous allons suivre leur utilisation. Parce qu’il faut s’assurer que les gens les utilisent. Nous allons aussi gérer la question des emballages qui constituent des déchets qu’il faut incinérer pour éviter certaines pollutions.

Quand aura lieu la distribution des moustiquaires imprégnées ?

Les moustiquaires arrivent en début septembre et dès qu’elles seront là, nous allons procéder à leur distribution au cours du même mois.

Pourquoi n’a-t-on pas commencé plus tôt la distribution des moustiquaires quand on sait que c’est en juillet- août que le paludisme se fait le plus sentir ?

Il faut dire que la mobilisation des 8 millions de moustiquaires sur le plan international n’est pas chose aisée. C’est vrai qu’il y a des firmes qui sont agréées mais nous sommes obligés de nous soumettre aux délais de fabrication, aux formalités liées à leur production et aux procédures d’acquisition des biens et services de l’Etat. Il nous fallait aussi tenir compte de la disponibilité des partenaires financiers ainsi que des autorités dont le chef du gouvernement qui a procédé au lancement de la campagne. Nous comprenons l’impatience des populations mais nous les rassurons que nous faisons tout pour que les délais de livraison soient respectés.

Est-ce qu’il y a des dispositions qui sont prises pour éviter que des réseaux ne s’emparent des moustiquaires pour en faire un fonds de commerce ?

Vu l’organisation qui est mise en place, je pense qu’il n’y a pas de risque dans ce sens. Il y a un comité ministériel d’organisation de la distribution des MILDA qui a été mis en place. Un comité d’organisation de la campagne est aussi mis sur pied aux niveaux régional et provincial. Dans ces comités, la société civile, les partenaires financiers et les acteurs du monde communautaire et associatif sont représentés. Tout cela est fait dans un souci de transparence et de rigueur dans l’activité. Je puis vous assurer que tout le dispositif qui est mis en place a pour finalité, le bon déroulement de la campagne pour que chaque bénéficiaire puisse entrer en possession de sa moustiquaire en bonne et due forme.

Est-ce qu’il y a des centres et en nombre suffisant au Burkina où l’on peut faire l’imprégnation des moustiquaires ?

C’est le coordonnateur national de lutte contre le paludisme qui est mieux indiqué pour répondre à cette question. Mais je peux vous dire qu’il y a un certain nombre d’intrants qui sont utilisés pour l’imprégnation des moustiquaires. Mais la tendance actuelle est l’utilisation des moustiquaires à longue durée d’action environ 4 à 5 ans. Il s’agit des MILDA. Parce qu’en terme d’efficacité, on préfère utiliser les MILDA que de faire recours à l’imprégnation.

Avez-vous un mot en guise de conclusion ?

Je profite rassurer les populations que les moustiquaires vont bel et bien arriver. Je leur demande de se mobiliser pour faciliter le travail aussi bien au niveau du recensement qu’au niveau de la phase de distribution. Avec les 900 sites que nous allons mettre en place, les responsables des ménages ne vont pas attendre longtemps avant d’être servis. Il ne sera pas possible pour un chef de famille d’aller de site en site à la recherche de sa moustiquaire car sur chaque bon, le nom du site ainsi que celui du chef de ménage sont inscrits. Des rumeurs font d’état de vente de moustiquaires en ville. Mais nous rassurons les populations qu’il n’en est rien. Les moustiquaires de la campagne ne sont pas encore arrivées et la campagne n’a donc pas encore commencé. Dès que les moustiquaires vont arriver, nous aurons 4 jours pour les distribuer. Nous implorons la compréhension des populations car nous avons un défi à relever et nous voulons que la campagne soit un succès pour le bien de tous.

Propos recueillis par Dabadi ZOUMBARA

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 3 août 2010 à 07:01 En réponse à : MOUSTIQUAIRES IMPREGNEES : La distribution en septembre

    C’est vraiment intéligent de distribuer ce matériel en Septembre n’est ce pas ! C’est toujours la même démarche en terme de bêtises sous nos latitudes.Comment ne pas prévoir en début de saison de pluie une telle opération ? On n’a même pas besoin de déplorer le manque desérieux de nos "puissants" mais ne dit on pas que l’école rend intéligent mais pas sage ? Pauvre de nous, le développement la bonne gouvernance ce sont des discours...
    Que Dieu sauve le Faso !
    Kayouré

  • Le 3 août 2010 à 09:41, par le Patriote En réponse à : MOUSTIQUAIRES IMPREGNEES : La distribution en septembre

    slu, je veux savoir comment se fera le recensemment ? je pense le mois de septembre n’est pas indiqué pour la distribution des moustiquaires, pensez -vous que la distribution des moustiquaires est la solution pour lutter contre le paludisme ? Ne pensez -vous pas que c’est la pauvreté qui décime la population que le paludisme, améliorer les conditions de vie de la population et vous verrez que le taux de decès par le paludisme va baisser.Et aussi plus de 22 milliards pour 8 millions de moustiquaires c’est trop cher.Bien vraie que la santé n’a pas de prix mais, il serait plus indiqué de financer des projets de développement qui part dans le sens de l’amélioration des conditions de vie des menages et éviter de remplir les poches.

    Cordialement !

  • Le 3 août 2010 à 10:05, par ZyeuVoi En réponse à : MOUSTIQUAIRES IMPREGNEES : La distribution en septembre

    Nous savons bien qu’il s’agit d’un moyen de plus de se distribuer les 10% et plus du contribuable.Mais au moins, prenez la peine de faire correctement les choses.Distribuer les moustiquaires en fin de saison hivernale, c’est la preuve que c’est quelque chose qui n’a pas été planifié ou prévu et cette histoire de mobilisation de financement ou de difficulté à trouver les 8 millions de moustiquaires est une continuité de la politique de langue de bois à laquelle nous sommes habitués. Faire semblant de sécourir des populations pour s’engraisser, se partager les marchés publics, etc....on préfère dans ces conditions se passer de vos moustiquaires !

  • Le 3 août 2010 à 10:22, par LEUMAS En réponse à : MOUSTIQUAIRES IMPREGNEES : La distribution en septembre

    C’est malheureux pour les pauvres gens comme nous. Où est la sécurité sanitaire que nous doivent nos dirigeants ? Sans être de la santé, le paludisme sévit de juillet à août, période à laquelle on enregistre la majorité de victimes surtout infantiles et maternelles. Quelle prévoyance si toutefois ces moustiquaires seront distribuées après avoir comptabilisé des morts ? Plus de vigilance, de prévoyance et de responsabilité de la part de nos dirigeants en charge de lutter contre le paludisme dans notre chère patrie pour nous permettre l’atteinte des OMD. A bon entendeur, SALUT.

  • Le 3 août 2010 à 10:44 En réponse à : MOUSTIQUAIRES IMPREGNEES : La distribution en septembre

    La saison pluvieuse s’est installée depuis un bout de temps et il faut encore attendre en septembre pour commencer une distribution des moustiquaires. Ca sera probablement le médecin après la mort pour certains (surtout nos enfants).

  • Le 3 août 2010 à 14:10 En réponse à : MOUSTIQUAIRES IMPREGNEES : La distribution en septembre

    C’est cela notre independance. Depuis la nuit des temps, nous Africains connaissons notre problème de palu. Il nous a fallu attendre longtemps, très longtemps, que des "partenaires financiers" acceptent financer l’achat des moustiquaires imprégnés pour nous sauver. Dites moi que l’argent manque au Faso, et je vous traiterai de menteur. Quand le Regional parle de recensement, je me demande si on n’a pas mis les boeufs avant la charrue. Le recensement devait être la première opération pour determiner les besoins. Il serai souhaitable que les vrais nécessiteux soient priviligiés, peut être pour une fois, dans cette opération.

  • Le 3 août 2010 à 14:45, par Gnamala En réponse à : MOUSTIQUAIRES IMPREGNEES : La distribution en septembre

    Nos autorités africaines savent-ils vraiment diriger ? Diriger c’est prévoir dit-on. Etre responsable d’un projet et avancer des raisons de procédures administratives voire des délais de fabrication ou autres choses pour expliquer la non pertinence de son choix, frise le ridicule. Ce n’est pas à la veille de l’examen qu’il faut réviser ces leçons. La vraie raison est ailleurs.

    Par ailleurs nous savons que dès que l’hivernage s’installe, nombreuses sont les localités qui deviennent inaccessibles ; isolées non seulement du fait de la pluie mais surtout du fait de l’inexistence du minimum d’infrastructures routières. Alors j’aimerai bien savoir comment vont-ils résoudre ces difficultés ?

    Lisez entre les lignes les propos du DR.

    1- Le recensement aura lieu en Août. Avec la difficulté d’accès à de nombreuses localités, comment les agents recenseurs vont-ils procéder ? Le délai de six jours suffira-il dans ce cas ? Le budget dédié à cette activité est-il conséquent pour multiplier les équipes de recensement ? Combien de temps prendront le dépouillement et la compilation des données avant de disposer des résultats définitifs ?

    2- La livraison des moustiquaires commenceront en septembre ainsi que leur distribution dit-il. Mais quelles sera la clé de répartition de ces premières livraisons si les résultats de l’enquête ne sont pas disponibles ? N’y a-t-il pas risque d’assister à une répartition en fonction du poids des hauts commissaires sur l’échiquier politique au détriment de la population ?

    3- L’opération est chapeautée par les hauts commissaires, représentants de l’administration pour ne pas dire militants d’un certain parti dinosaure. Pour moi il n’y aurait pas de problème si la période de distribution choisie n’était pas les 4 derniers mois de 2010 voire le dernier trimestre 2010. Au mieux des cas, la distribution commencera vers fin septembre début octobre.

    Cette période sera une période de campagne avant la lettre. Comprenez donc mon inquiétude que ces moustiquaires ne puissent parvenir à ceux de droit mais qu’elles soient un fonds de commerce pour une "clientèle" électorale. D’autant plus l’on sait que sous nos cieux, on aime procéder à des réceptions d’ouvrages sociaux (école, centre de santé, forage, … voire des lieux de cultes) à l’approche des élections même si ceux-ci fonctionnent il y’a des années et en faire de grande publicités. Tout ceci dans le but d’obtenir le maximum de voix. Imaginez, au lieu que le cadeau des hauts commissaires à la population soit collectif (ouvrages sociaux), il est individuel (moustiquaire). Quelle aubaine pour son parti !

  • Le 3 août 2010 à 16:27 En réponse à : MOUSTIQUAIRES IMPREGNEES : La distribution en septembre

    Commencer d’abord à distribuer dans les hôpitaux. y a trop de moustique la-bas et les malades sont exposés au palu en plus.

  • Le 3 août 2010 à 17:31, par yeral dicko En réponse à : MOUSTIQUAIRES IMPREGNEES : La distribution en septembre

    Grand frère yamyélé,aide moi avec le calcul ! 23 milliards pour 8 millions de moustiquaires soit combien de francs cfa la moustiquaire ? Es-ce qu’il y’a 16 millions de ménages dans ce faso ?Même plus les étrangers ?

  • Le 5 août 2010 à 11:59, par l’Acerbe En réponse à : MOUSTIQUAIRES IMPREGNEES : La distribution en septembre

    Initiative louable ! Faites reculer le paludisme mais je me demande quels planificateurs ont proposé cette période pluvieuse où dans plusieurs régions du pays bon nombre de localités sont inaccessibles ! Tant pis pour les agents de terrain, qu’ils se débrouillent ? En pirogues...

  • Le 29 septembre 2010 à 17:29, par Léonilde En réponse à : MOUSTIQUAIRES IMPREGNEES : La distribution en septembre

    Bonjour,

    Les moustiquaires sont enfin là ou du moins dans certaines parties du centre. Le mardi matin j’ai envoyé ma nièce qui avait été enregistré lors du recencement au lieu indiqué (lycée Bangré) pour le retrait gratuit de trois moustiquaires indiqués sur le bon. A ma grande surprise, la nièce m’envoie un message qui disait ceci : "tantie on a dit qu’il faut payer 500 F pour chaque moustiquaire". Alors Docteur Djiguemdé dites moi SVP qu’entendez-vous par "distribution gratuite" ?

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