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Présidentielle 2010 : L’élection en points titillés

Publié le lundi 2 août 2010 à 01h02min

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Plus que quelques mois, et le Burkina connaîtra le nom de son Président, pour les 5 prochaines années. Mais alors que tout devrait être réglé comme sur du papier à musique, l’on assiste au contraire, à un enchaînement de notes discordantes. L’élection présidentielle se tiendra-t-elle à la date prévue, c’est-à-dire le 21 novembre prochain ? Il n’y a pas de raison de penser autrement, estime-t-on du côté de la Commission Electorale Nationale Indépendante(CENI).

Même tonalité du côté des partisans du Président Compaoré. Pour ces derniers, un tel scénario, celui d’un report, n’est pas envisageable. Et pour cause, disent-ils, cette situation ferait entrer le Burkina dans un vide constitutionnel, en plus de la mauvaise publicité que cela engendrerait pour le régime.

Alors, de part et d’autre, les stratégies fusent. Notamment, pour éviter que l’élection, ce scrutin test pour l’avenir de notre jeune démocratie, ne se tienne par défaut, avec une participation très faible.
Du reste, la FEDAP-BC qui se veut plus offensive que jamais, n’y va pas par le dos de la cuillère. Elle laisse entendre que « le risque d’échec pèse sur le processus en cours... » Ce qui ne les rassure guère.
Indexé en premier, par l’ensemble des acteurs impliqués l’organisation matérielle de l’élection à venir, l’Office National d’Identification(ONI), est accusé ouvertement, de ne pas être à la hauteur de ses ambitions : celles d’offrir au maximum de citoyens majeurs, la carte nationale d’identité burkinabè(CNIB), new look.
Même critique de la part du chef de file de l’opposition, qui craint en sus, des manipulations à partir d’un fichier électoral dont il conteste la fiabilité, en raison des tâtonnements constatés dans la mise en branle de la mécanique.

Mais en dépit de ces remarques virulentes, Me Sankara, faut-il le noter, est et demeure jusqu’à preuve du contraire, candidat à la magistrature suprême. Contrairement à d’autres leaders de partis, qui, eux, ont décidé de ne pas se mettre sur la ligne de départ.
Il est vrai que plus de 12 mois après leur confection par les services compétents, des milliers de « cartons plastifiés » attendent toujours d’être récupérées par leurs propriétaires, dans la zone résidentielle de Ouaga 2000, ou se trouve le siège de l’ONI. Une situation inconfortable, voire embarrassante, qui a poussé les maîtres des lieux, à sortir du bois, afin de livrer leur version des faits.

Difficultés d’accès aux locaux très excentrés de l’ONI ou désenchantement des populations, le fait est là. Beaucoup de burkinabè n’iront pas accomplir leur devoir civique, faute de ne pas disposer à temps de leur document d’identité.

Une pièce (du puzzle) pourtant exigée sur le plan légal, en attestent clairement, les dispositions de l’actuel code électoral. Celui-ci, on s’en souvient encore, a suscité bien de discours et de polémiques, pour se retrouver aujourd’hui à nouveau, au cœur du débat préélectoral.
Du coup, la FEDAP-BC a décidé de prendre ses responsabilités, au risque de brûler la politesse au Congrès Pour la Démocratie et le Progrès(CDP), le parti présidentiel.

Par la voix de son Président national, Gaston Soubéiga, elle demande « fortement qu’il soit autorisé que tout citoyen qui n’a pu obtenir la CNIB, puisse voter avec son acte de naissance. »
Objectif, « éviter d’organiser une élection qui sera vidée de sa substance, à savoir empêcher inconsciemment ou de façon déguisée la majorité de la population à exercer son droit de vote ».
On le voit, les mots sont assez durs. Ils cachent mal, l’angoisse qui est de plus en plus perceptible dans le camp présidentiel. Une angoisse qui se mue parfois en nervosité.

Car Blaise Compaoré qui polisse sans cesse son image et sa stature sur la scène internationale, ne rêve plus seulement de gagner, il veut remporter la partie avec panache. Il dispose pour cela, de la machine politique et administrative. Deux atouts majeurs dont on connaît l’importance sous nos cieux.

Dès lors, le grand sachem, après avoir apporté sa bénédiction et énormément investi dans la création, puis dans le fonctionnement de ses structures satellitaires, comprendrait mal que les résultats ne soient pas à la hauteur de son prestige.

Malheureusement, il y a comme une espèce de frénésie, de cacophonie dans le rendu des rôles et des tâches. Et comme en pareille circonstance, les acteurs en viennent à se marcher sur les pieds.
En effet, pendant que la hiérarchie demande l’autorisation des extraits d’acte de naissance pour voter, d’autres membres de la FEDAP-BC, plaident quant à eux, pour un 3e recensement électoral.
Pour ces derniers, ce serait là, la seule façon de rattraper et corriger le tir, après les deux précédentes sorties. Lesquelles ont enregistré moins de 4 millions d’électeurs potentiels, sur une population globale estimée à plus de 14 millions d’habitants.

Quoi qu’il en soit, la prise en compte des extraits d’acte de naissance pour le vote de novembre prochain, si elle devait être entérinée, tomberait sous le coup des dispositions de la CEDEAO.

Ces règles de bonne conduite démocratique, rappelons-le, obligent les Etats membres, à ne pas modifier les règles du jeu électoral dans leurs pays respectifs, moins de 6 mois avant la tenue d’un scrutin.
Pour contourner cet écueil, la FEDAP-BC table sur un consensus de la classe politique nationale, autour de la question. Une manière voilée de dire que la présidentielle du 21 novembre prochain, c’est d’abord et avant tout, l’affaire des burkinabè.

A. Traoré

Journal du Jeudi

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