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USA : Le terrorisme comme fonds de commerce politique

Publié le mercredi 1er septembre 2004 à 08h21min

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Décidément, les républicains ont la rancune tenace : à l’ouverture de leur convention, le lundi dernier, ils ont fait huer le réalisateur de « Fahrenheit 9/11 », Michael Moore, qui avait obtenu une accréditation pour être dans le box des journalistes. Ils n’ont pas encore oublié ce film documentaire qui s’est révélé être une véritable bombe anti-Bush. Apparemment, de ce mouvement d’humeur des camarades de Bush, Michael Moore n’en avait cure.

De la tribune de presse, portant son accréditation autour du cou, et mâchant son chewing-gum, il a éclaté d’un gros rire. Ce fait cocasse est un signal fort qui montre que durant cette grande rencontre qui permettra d’investir officiellement le candidat du parti, du côté des républicains, aucune chance ne sera donnée à ceux d’en face. Lors de leur convention qui a eu lieu à Boston du 26 au 29 juillet, les démocrates, eux, s’étaient contentés du soutien de Bill Clinton.

Quant aux républicains, c’est la grosse artillerie. Le parti de Bush a mis de son côté les stars de la politique qui brillent encore de mille feux : John McCain, qui a fait faux bond à son ancien compagnon d’armes du bourbier vietnamien, le démocrate John Kerry ; Arnold Shwarzeneger, qui a troqué ses tenues commando d’acteur contre celles plus confortables de politicien en costume-cravate. La hantise de Georges Bush est qu’il ne lui fasse pas de l’ombre. Il a été donc demandé à Terminator de décamper avant la grande apparition du mari de Laura. Car cet adepte du body building qu’est l’actuel gouverneur de Californie, qui a été à une certaine époque Monsieur univers, ne fait que prendre des galons en politique.

L’ancien et le nouveau maires de New York sont également tombés sous le charme des beaux yeux de Bush, car ils sont présents à cette convention. Des partis politiques africains se sont même fait inviter à cette grande messe, comme le président national de l’Union pour la démocratie et le progrès social de la RDC, Etienne Tshisekedi. Si ce dernier y va pour faire de la figuration et pourquoi pas se faire un bon carnet d’adresses, les autres invités pèsent bien lourd.

Du beau monde donc à cette convention des républicains. Mais l’arbre de Bush et celui de Kerry ne doivent pas cacher la forêt des difficultés. Dans les sondages, John Kerry et Georges Bush sont au coude à coude. Le grand chalenge pour les deux candidats n’est donc plus de motiver leurs électeurs traditionnels. Le principal défi c’est d’avoir ces Américains qui préfèrent participer aux élections en regardant la télé, avachis dans le canapé de leur living-room, les chips ou le pop-corn à portée de main. En gros il faut amener les indécis à se décider en les ayant de son côté.

Ainsi, pour cette convention des républicains, il faut taper fort. Difficile défi quand on sait que pour ce rendez-vous, il y a eu autant de manifestants que de contre-manifestants. Rien que le dimanche passé, entre 100 000 et 400 000 manifestants anti-Bush (selon les sources) ont eu à défiler sur Manhattan. La plus importante manifestation qu’a connue New York depuis, excusez du peu, 22 ans. C’est tout dire. Certes du côté des démocrates non plus, ce n’est pas le paradis ; mais reconnaissons qu’avoir tant de monde contre soi en pleine ville n’a rien de rassurant. Force est cependant de reconnaître que ce Bush-là, qu’on brocande souvent sous les traits d’un inculte incompétent doublé d’un affairiste, a la cuirasse dure.

Il en faut plus pour l’ébranler, malgré ses moments de faiblesse. Nous reviennent en mémoire ses sept minutes de silence dans une salle de classe, quand un conseiller est venu lui annoncer à l’oreille l’attaque du World Trade Center. Il n’a pas tardé à réagir. Et on connaît la suite. Ainsi, il suffirait d’un rien pour que ce natif du Texas renouvelle son bail à la Maison Blanche pour quatre autres années, au grand dam de John Kerry.

Ce dernier souffrirait du délit de faciès, les Américains aimant les personnages ayant de la présence, et étant souvent plus sensibles à une belle gueule qu’à une grande rhétorique politique. Ce n’est pas pour rien que dans ce pays, Ronald Reagan, un acteur de film de série B, a été président. Ce serait alors la continuation de la politique belliqueuse du parti républicain. C’est n’est pas pour rien que ce parti utilise le terrorisme comme fond de commerce politique.

La plate-forme de politique étrangère du parti républicain n’augure pas des lendemains de paix. Morceaux choisis : le visage de l’ennemi est avant tout celui des Etats voyous, dont il faut renverser les régimes : la Chine, l’Iran, la Corée du Nord entre autres. Autant dire qu’en cas de victoire des républicains, la paix mondiale n’est pas pour demain. Le géniteur de l’axe du Mal risque de rempiler. Pour le pire...

Issa K. Barry
Observateur Paalga

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