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VACANCES SCOLAIRES : SOS pour ces enfants en errance

Publié le vendredi 30 juillet 2010 à 01h08min

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Après neuf mois de durs labeurs, les vacances scolaires se présentent aux enfants comme un moment de liberté retrouvée. Finis les devoirs et les corvées d’eau pour les maîtres. Pour les enfants, leur petit cerveau va se reposer, se rafraîchir pendant trois mois. En fait, il s’agit de faire d’autres choses tout aussi importantes que l’école et qui participent au même titre à la socialisation de l’enfant. En tant qu’observateur avisé de la vie de la cité, je peux vous garantir que les vacances sont des moments difficiles dans certaines familles, les plus nombreuses,les plus pauvres. On ne sait pas quoi en faire. Ces élèves en vacances sont les maîtres de la cour familiale et en bandes, ils font le tour du quartier. Bonjour les mauvaises rencontres, les tentations du diable et tutti quanti.

Ils sont nombreux les petits vacanciers dans cette situation parce que papa et maman disparaissent le matin et ne réapparaissent que la nuit tombée, parce que partis à la recherche de la pitance quotidienne. Mais il y a pire. Il y a ceux qui, à force de lutter contre la pauvreté, trouvent, à l’occasion des vacances scolaires, un renfort de main-d’œuvre corvéable à merci. Sous le couvert de vacances utiles, certains parents ne trouvent rien de mieux que d’exposer leurs progénitures dans la rue pour faire du petit commerce aux fins de préparer la rentrée. Vous les verrez dans la rue et dans les maquis très tard dans la nuit, à fumer une cigarette mal éteinte ou à racler le fond du verre de bière des noctambules. Voilà un des côtés dangereux des vacances.

Moi, avant de devenir qui vous ne savez pas (j’ai été un "en haut des en haut"), même si j’ai ensuite pété les plombs, les vacances je les passais auprès de grand- père au village. Il m’inondait la mémoire de connaissances non livresques sur l’homme et la nature, je travaillais avec les autres au champ juste pour apprendre. Et j’étais pressé de reprendre le chemin de l’école dans l’espoir de pouvoir raconter à mes amis les mille et une choses que j’avais sainement vécues. Et Dieu seul sait si elles m’ont été franchement utiles.

Regardez autour de vous, combien de parents envoient leurs enfants au village ? Très peu. Ils ont peur que les sorciers les bouffent. Ils n’ont peut-être pas tort parce que souvent partis trop longtemps, ils sont devenus "des étrangers", sans défense, traditionnellement parlant. De nos jours, les gens de la ville préfèrent donner une éducation citadine à leurs enfants. Le tô couché et le baabenda, ce n’est pas leur fort. Ils préfèrent les plages de Lomé ou de Cotonou pour leurs bambins. Ça fait classe mais ce n’est pas à la portée des petites bourses. Il y a des camps vacances sport ou cuisine.

Des initiatives privées hélas très peu soutenues, qui permettent seulement aux parents salariés d’un certain niveau de les offrir aux enfants. Pour la grande majorité des enfants, vacances riment avec oisiveté et quand on sait que l’oisiveté est la mère de tous les vices…. Pourquoi pas des colonies de vacances pour les pauvres, alors ? On inviterait, pour ce faire, chaque commune rurale ou urbaine à organiser de petites visites dans les entreprises de la cité, sur des sites culturels, des camps éducatifs. En tout cas, c’est le prix à payer si on ne veut pas que les vacances soient le terreau favorable pour fabriquer des jeunes délinquants, des toxicomanes et de futurs coupeurs de route.

"Le Fou"

Le Pays

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