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INONDATIONS AU BURKINA : La nécessité d’une culture de la prévention

Publié le jeudi 29 juillet 2010 à 01h20min

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Ils sont nombreux les Burkinabè qui ont vite pensé au 1er septembre 2009 en voyant les images des inondations de la semaine dernière dans les régions du Centre-Nord et de l’Est de leur pays. Et plus on avance vers le premier anniversaire de cette pluie diluvienne sur Ouagadougou, plus l’angoisse est grande en pensant un seul instant qu’il pourrait bien y avoir un remake sur la capitale ou ailleurs. Cette hantise est renforcée par la pluie qui tombe chaque jour et confirmant que la saison, qui s’est bien installée maintenant, est prometteuse.

Et il y en a qui commencent maintenant à croire aux prévisions des météorologues qui faisaient état de pluies abondantes voire excédentaires dans les Etats membres du Comité permament inter-Etats de lutte contre la sécheresse dans le Sahel (CILSS). Si fait qu’il n’y a pas lieu de s’étonner par rapport aux inondations provoquées par la pluie diluvienne la semaine dernière, dans l’Est du Tchad notamment une zone où il ne pleut pas beaucoup en temps normal.

Maintenant que l’on est prévenu qu’il va pleuvoir des cordes, il reste à tout un chacun de prendre ses précautions. Là-dessus, on peut dire a priori que des leçons ont été tirées du 1er septembre 2009. Mais à y voir de près, ce n’est pas tout à fait le cas. Ce déluge n’a pas tout à fait pu emporter certaines mauvaises habitudes. A titre d’exemple, des gens sont restés dans les zones inondables et, pire, d’autres y ont construit malgré la mesure d’interdiction prise par le gouvernement. Il a fallu déloger manu militari ceux qui ne voulaient pas entendre raison. Or, on ne peut pas habiter dans le lit d’un barrage et être surpris d’être inondé après une bonne pluie. On se demande même si ceux qui font cela sont téméraires, ou inconscients. Ce qui est sûr, ils compliquent la tâche à l’Etat dont ils sont les premiers à dénoncer, dans le meilleur des cas, la lenteur du secours en cas d’inondation.

La pluie diluvienne du 1er-Septembre a posé avec acuité le problème d’entretien des caniveaux. Mais on continue de boucher ceux qui existent. Si fait qu’en cas d’importante pluie, l’eau envahit les rues et les concessions. S’il y avait une culture de la prévention bien ancrée, les uns et les autres mettraient un point d’honneur à ne pas jeter des ordures ménagères dans les caniveaux qui passent devant leurs domiciles. On organiserait aussi des opérations de curage des caniveaux bouchés car il y va de la sécurité des riverains. Au lieu de cela, on se débarrasse de ses ordures dans ces ouvrages conçus pour recevoir et drainer l’eau de pluie pour ensuite jeter la responsabilité sur les autres, notamment l’Etat qui se trouve être à la fois tout le monde et personne, en cas de sinistre.

L’Etat lui-même ne semble toujours pas avoir la réponse appropriée à ce genre de sinistre. Il donne souvent l’impression d’être impuissant, de subir les événements. Or, à quelque chose, malheur est bon, le 1er-Septembre a été une occasion de beaucoup apprendre, de mettre en place un dispositif à toute épreuve. Dans le courant de ce mois de juillet finissant, il y a eu à Ouagadougou des exercices de sauvetage dans le cadre de la protection civile. Mais il a fallu que ce pour quoi les forces militaires et paramilitaires s’exercent, se produise hors de Ouagadougou et de Bobo pour qu’il y ait un retard à l’allumage. En effet, le secours et l’assistance n’ont pas été spontanés parce que les moyens sont cantonnés notamment dans la capitale. Sans moyens conséquents, la politique de protection civile dont il est beaucoup question ces temps-ci ne peut pas être efficace. Que vaut celle-ci quand, par exemple, il n’y a pas de caserne de sapeurs-pompiers dans certains chefs-lieux de région ? La décentralisation déclamée dans certains discours passe par là aussi, pour s’afficher. Elle n’a pas de sens si pour éteindre la moindre étincelle, il faut faire venir les moyens de Ouagadougou ou de Bobo.

Séni DABO

Le Pays

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