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ALAIN YODA, MINISTRE DES AFFAIRES ETRANGERES : "Les débats sur l’Union africaine sont légitimes"

Publié le mercredi 28 juillet 2010 à 00h36min

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Au deuxième jour (26 juillet) du 15e sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine, le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération régionale du Burkina, Alain Yoda, a fait un premier bilan de cette rencontre. Il revient sur les travaux préparatoires auxquels il a pris part et évoque également le thème du sommet qui était "Santé maternelle, néonatale et infantile et développement en Afrique".

"Le Pays" : Parlez-nous des travaux préparatoires du sommet qui ont été marqués par des débats houleux sur la transformation de la Commission de l’Union africaine en une autorité.

Alain Yoda : Il faut éviter de dramatiser les choses parce que dans toute organisation, lorsque l’on veut prendre des décisions qui concernent ici une organisation comptant 53 membres, évidemment, il y a des débats. Et ces débats sont tout à fait légitimes ; c’est même démocratique et souhaitable. Avec l’unanimisme sans débats, il faut s’attendre à ce qu’il y ait de graves difficultés. En ce qui concerne la transformation de la Commission en Autorité, c’est une décision qui a été prise au sommet de Syrte et qui ne posait pas de problèmes particuliers parce qu’avec le passage de l’Organisation de l’unité africaine à l’Union africaine, les instances et les structures qui organisent cette union africaine devraient être mises à jour.

C’est ainsi qu’il a été décidé de créer l’Autorité qui, en principe, devrait être animée par des secrétaires avec des pouvoirs beaucoup plus étendus. Maintenant, chacun a sa façon de voir. Et pour arriver aux Etats-Unis d’Afrique, il faut bien que les gens débattent et que chacun puisse faire passer une vision qui semble être la mieux adaptée. Certains sont pour les Etats-Unis d’Afrique tout de suite, ici et maintenant. Nous, Burkinabè, pensons qu’il faut aller étape par étape parce que nous avons les commissions économiques régionales qu’il faut développer davantage, leur donner de la consistance pour permettre une meilleure intégration au niveau des régions. Bien évidemment, des questions politiques demeurent comme celles de la politique étrangère, la défense commune et c’est sur ces questions qu’il y a des discussions tout à fait légitimes parce que ce sont des questions assez difficiles. Et vous savez que certains pays, notamment européens, ont mis plus de 50 ans pour réaliser leur intégration et nous voulons le faire en 2 ou 3 ans. Ce n’est pas évident. Mais la volonté politique est là.

Vous ne vous êtes donc pas entendus sur ces questions au cours du sommet ?

La décision a été prise de transformer la Commission en Autorité. Mais il y a toujours des difficultés quant à la mise en œuvre. Je vous rappelle qu’une étude a été demandée sur la mise en œuvre de la transformation. De même, il y a eu 2 réunions techniques pour discuter de l’architecture de la mise en œuvre de la décision. Le tout n’est pas de dire que l’on passe de la Commission à l’Autorité parce qu’il y a le traité, la charte, les textes d’Etat et il faut passer devant les parlements nationaux. Il y a tout un ensemble de travail à faire pour que cela devienne une réalité. Maintenant, les chefs d’Etat peuvent revenir sur cette décision qui est la leur. Et si jamais c’est le cas, on reverrait l’architecture de la mise en œuvre.

Ces débats ont éclipsé le thème du sommet. Avez-vous pu concrètement vous pencher sur le thème ?

Au niveau du sommet, il y a eu une table ronde au cours de laquelle des discussions ont été menées sur le thème. Effectivement, la mortalité maternelle est très élevée en Afrique. Ce n’est pas acceptable qu’au 21e siècle, des femmes continuent de mourir en voulant donner la vie. Les enfants de 0 à 5 ans connaissent une mortalité assez élevée. Cela n’est pas normal parce que pour l’avenir de l’Afrique, il faut des enfants sains et éduqués. Vous savez aussi que la plupart des pays africains ont des plans de lutte contre la mortalité maternelle et infantile. Mais je crois que ce qui manque le plus, c’est le nerf de la guerre c’est-à-dire l’argent.

Si l’on mettait autant d’argent dans la lutte contre la mortalité maternelle et infantile comme on l’a fait pour le Sida, je suis sûr qu’on arriverait à éradiquer très rapidement ce problème. Pour cela, il faut des infrastructures sanitaires adaptées ainsi que des médicaments, des infrastructures routières permettant le transport des femmes vers les centres de santé. Il faut aussi des médicaments appropriés pour la prise en charge lorsqu’il y a des problèmes à l’accouchement. Tout cela nécessite de l’argent. Les Etats font ce qu’ils peuvent avec leur budget. Le Burkina est l’un des rares pays qui consacrent 15% de son budget à la santé. Mais, ce n’est pas suffisant. Il faut des financements complémentaires. D’ailleurs, l’objectif du 15e sommet est d’amener les partenaires techniques et financiers à se mobiliser davantage pour apporter beaucoup plus de financements.

Propos recueillis à Kampala par Séni DABO

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 28 juillet 2010 à 11:23, par Paris Rawa En réponse à : ALAIN YODA, MINISTRE DES AFFAIRES ETRANGERES : "Les débats sur l’Union africaine sont légitimes"

    Les chefs d’État africains peuvent aborder entre eux tous les sujets les plus pertinents du monde ! Mais, tant que les peuples n’auront jamais leurs mots à dire sur ce qu’il faut faire de cette Union Africaine, les sommets se succèderont, avec le même air d’ennui et d’improvisation et suivant les lubies de quelques mégalomanes, qui ne représentent qu’eux-mêmes dans leur propre pays, mais qui rêvent de représenter toute l’Afrique à la face du monde. Quelle perte de temps et d’énergie ! L’histoire se charge toujours d’effacer rapidement de la mémoire des peuples ces prétentieux inefficaces qui ont fait malheur des leurs.

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