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Chirurgie intime : "Mon mari flotte"

Publié le lundi 26 juillet 2010 à 23h16min

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Si l’excision est farouchement combattue de nos jours, c’est en raison de ses conséquences fâcheuses pour la femme. Mais avec les progrès de la médecine, les spécialistes peuvent procéder à une réparation des séquelles des mutilations génitales féminines (MGF) et d’autres maux tels que la béance vulvaire afin de permettre aux victimes de retrouver la plénitude de leurs organes génitaux. Et pas besoin d’aller hors du Burkina Faso pour recourir à cette opération.

Sur place à Ouagadougou, la chirurgie intime est possible. Depuis mi-juillet et ce, pour deux semaines, elle est en marche au Centre médical avec antenne chirurgicale (CMA) du secteur 30, précisément au service du Dr Charlemagne Ouédraogo, appuyé pour la circonstance par le Dr Sébastien Mazdou, dans le cadre d’une collaboration avec le Centre hospitalier universitaire d’Angers (CHU) en France. Visite guidée dans l’intimité des femmes en quête d’une identité sexuelle et génitale perdue par suite d’une pratique traditionnelle néfaste.

Lundi 19 juillet 2010. Service de gynécologie obstétricale du CMA du secteur 30 de Ouagadougou. Nous y avons rendez-vous avec le Dr Charlemagne Ouédraogo. Son bureau est bondé de dames venues soit pour le suivi d’une grossesse, soit pour des affections gynécologiques. Après une vingtaine de minutes d’attente, Dr Ouédraogo prend momentanément congé de ses patientes pour nous recevoir et nous conduire chez ses collègues dans un bâtiment à côté. Dans le couloir, de nombreuses femmes attendent d’être reçues par le Dr Sébastien Mazdou et Sophie Fressard du CHU d’Angers, venus à Ouagadougou dans le cadre d’une collaboration en vue de la réparation des séquelles de l’excision.

En attendant de rencontrer les deux médecins français, Dr Charlemagne Ouédraogo, notre compatriote, nous fait des récits de vie de victimes d’excision. "Je reçois souvent des appels téléphoniques de dames qui me racontent les souffrances qu’elles vivent par suite des conséquences des MGF. Ce sont des femmes meurtries et complexées parce qu’elles ont perdu leur identité sexuelle et génitale depuis le jeune âge. Alors, elles souhaitent qu’on les aide à retrouver leur plénitude. Quand elles sentent que je leur prête une oreille attentive, elles font le déplacement pour me rencontrer". Et elles trouvent satisfaction, puisque, depuis 2006, il est organisé chaque année, au CMA du secteur 30, deux campagnes de chirurgie intime qui ont permis à ce jour d’opérer plus de 200 victimes de l’excision. Le succès est tel que des patientes viennent d’autres pays tels que l’Ethiopie, le Kenya, la Côte d’Ivoire. "J’ai même reçu une d’Arabie Saoudite", indique notre interlocuteur.

Mode opératoire

Comment peut-on reconstituer le clitoris quand on sait que les exciseuses raclent parfois tout, comme on le dit ? C’est sans doute la question que beaucoup se posent. Dr Charlemagne Ouédraogo : "Le clitoris, sur le plan anatomique, a une longueur de 8 à 10 cm. Les exciseuses enlèvent en réalité la partie visible et extérieure, longue de 2 à 3 cm. Il reste une autre partie, qui est le corps du clitoris, enfoui à l’intérieur du tissu mou et recouvert par la fibrose laissée par l’excision. Le but de la reconstruction, c’est d’enlever toutes les cicatrices laissées par la mutilation génitale et de suivre le trajet anatomique pour aller rechercher le corps du clitoris qui est à l’intérieur, de le décoller progressivement pour le fixer à son emplacement initial. Le clitoris remis en place va se recouvrir d’un film cutané et fonctionnel, et la patiente retrouvera son équilibre psychique.

Le clitoris original est ainsi rétabli dans ses états. C’est comme la queue d’un animal : même quand on la coupe, il reste toujours une queue cachée. Ce n’est donc pas un morceau de chair qu’on vient greffer comme clitoris. L’intervention nécessite une technique particulière pour ramener cette partie du clitoris tout en préservant sa vascularisation et son innervation". Après l’opération chirurgicale, la patiente a deux mois pour que la plaie se cicatrice, et pendant tout ce temps elle est interdite de rapports sexuels. "C’est pourquoi, a indiqué le Dr Sébastien Madzou, nous demandons à celles qui ne se présentent pas avec leurs conjoints si ceux-ci ont donné leur accord pour la reconstruction du clitoris". "Nous ne voulons pas perturber l’équilibre du foyer, a poursuivi le Dr Charlemagne Ouédraogo. Il faut donc que la patiente dise si son mari est d’accord, parce qu’elle doit faire des mois d’abstentinence". "Dans tous les cas, conclut le Dr Madzou, il y a d’autres petites recettes pour se satisfaire sexuellement. Donc, ça ne doit pas poser de problème".

L’orgasme de la femme est à plusieurs niveaux

Attention ! prévient le spécialiste burkinabè : "Reconstruire le clitoris ne signifie pas procurer à la femme l’orgasme en cascades. Mieux vaut avoir un clitoris que de ne pas en avoir parce qu’il peut procurer un certain nombre de satisfactions sexuelles. Mais la satisfaction sexuelle est la résultante de plusieurs choses : l’homme, la femme et l’environnement. Il y a des femmes qui ne sont pas excisées mais qui n’ont jamais connu d’orgasme, parce que celui qui est en face n’a pas de répondant ou a une éducation rigide, ou bien parce que l’environnement n’est pas du tout adapté.

C’est pourquoi avant toute intervention, l’équipe médicale, lors de la consultation, cherche à savoir les autres causes d’insatisfaction sexuelle pour essayer de les corriger avant d’en venir à la reconstruction du clitoris. Cela, parce que s’il y a d’autres facteurs majeurs d’insatisfaction sexuelle, la patiente peut revenir dire qu’elle n’est pas satisfaite". Cela dit, le clitoris, lorsqu’il est bien sollicité dans un contexte favorable, procure beaucoup plus de plaisir sexuel. Cependant, précisent les spécialistes, toutes les femmes n’atteignent pas l’orgasme par le clitoris. "Certaines sont clitoridiennes, vaginales, vulvaires, d’autres peuvent trouver la satisfaction au niveau des seins ou même du regard". Par conséquent, l’idée selon laquelle le clitoris rend la femme avide de sexe est saugrenue.

Exit donc cet argument, sur lequel on se fonde pour exciser les jeunes filles. "Même quand on est une fille clitoridienne, on peut, par l’éducation, développer d’autres zones érogènes et atteindre l’orgasme surtout lorsque le partenaire est très entreprenant. Nous expliquons cela aux femmes pour éviter qu’après la reconstruction du clitoris elles viennent nous dire qu’elles ne sont toujours pas satisfaites". La réparation de cet organe sexuel ne vise pas seulement le plaisir sexuel mais se veut une opération qui va permettre à la femme de briser un sentiment de complexe qui l’anime du fait de l’excision. "Il y a des sexagénaires qui demandent à subir l’intervention. Une d’entre elles m’a dit qu’elle veut simplement retrouver son intégrité. Cette dame ne cherche pas le plaisir sexuel à 60 ans mais veut mourir entière", relate le Dr Ouédraogo.

C’est aussi une opportunité pour découvrir d’autres maux dont souffrent beaucoup de femmes, comme les pertes urinaires d’effort, la béance vulvaire suite à plusieurs accouchements et les vagins fermés qui nécessitent une ouverture. La campagne de reconstruction du clitoris se mène en collaboration avec le CHU d’Angers ; ce qui réduit le coût des interventions. "Néanmoins, il y a des patientes qui n’arrivent pas à honorer les frais subventionnés, lesquels s’élèvent à 10 000 FCFA. C’est le lieu de lancer un appel aux ONG à soutenir cette initiative pour permettre à beaucoup de femmes d’accéder à cette chirurgie réparatrice. Déjà, le Lion’s Club Ouaga Karité s’est engagé à apporter une contribution financière, et l’ONG ASMADE, partenaire du district, prend en charge les frais de communiqué sur la campagne". Des exemples à suivre pour sauver de nombreuses victimes qui souffrent silencieusement.

Adama Ouédraogo Damiss


"J’ai perdu une partie de moi-même"

Difficile d’avoir des femmes qui acceptent de parler de leur intimité dans un journal, quand bien même l’anonymat leur serait garanti. Toutefois, avec le concours des médecins, des jeunes files ont bien voulu partager leurs soucis. Au nombre de celles-là, K.A., étudiante en médecine.

Grâce à son niveau d’information sur les séquelles de l’excision, elle a décidé de se rendre au CMA du secteur 30 pour se faire réparer le clitoris. "J’ai un complexe d’infériorité par rapport à mes camarades qui ne sont pas excisées.

C’est comme si j’ai perdu une partie de moi-même et je me demande toujours pourquoi on a enlevé mon clitoris. C’est pour éviter de penser tout le temps à cette situation que je suis venue pour me faire opérer. J’ai été bien reçue et l’intervention est prévue pour bientôt". Si le futur docteur en médecine justifie son recours à la chirurgie intime par le complexe d’infériorité, tel n’est pas le cas de Mlle B.T.

Cette étudiante en Lettres modernes dit souffrir lors des rapports sexuels : "Je ne ressens que la douleur lors de l’acte sexuel. Je n’en pouvais plus. C’est pourquoi quand j’ai eu l’information, je suis venue pour me faire opérer et j’espère que les choses vont changer".

A.O.D.


"Mon mari flotte"

Mme Z.A. est mariée et mère de trois enfants. Elle souffre d’une béance vulvaire : "Je me sens large lors des rapports sexuels et je sais que mon époux flotte, chose qu’il n’aime sans doute pas, même s’il n’en parle pas.

Mon état m’indispose et en suivant l’émission "En toute intimité" de Canal 3, j’ai appris que sur le plan chirurgical on peut trouver une solution à mon problème. Je me suis donc présentée au CMA du secteur 30 et je dois être opérée".

Et l’opération va consister à réduire le vagin de la jeune dame pour qu’elle puisse bien ressentir son homme lors des relations sexuelles. Le bonheur de voir un début de solution à son problème se lisait sur le visage de Z.A. qui, au pas de course, allait remplir les formalités avant l’intervention.

A.O.D.

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 27 juillet 2010 à 13:55, par XY En réponse à : Chirurgie intime : "Mon mari flotte"

    C’est haram pour toutes les femmes qui se pointeront devant ce soit disant réparateur de clitoris

    • Le 28 juillet 2010 à 00:46, par macledio.com En réponse à : Chirurgie intime : "Mon mari flotte"

      bonjour
      Pardon mon frère, pas d’intégrisme au Faso. Sinon, vous serez un bon client pour la CIA et ses consoeurs dans le cadre de la luute contre les éventuels potentiels candidats pour l’organisation qu’on connait

    • Le 30 juillet 2010 à 10:38, par kirakoya oumou En réponse à : Chirurgie intime : "Mon mari flotte"

      Pourquoi haram ? parceque c’est un homme ?Ou bien l’excision est obligatoire dan l’islam ?ecoute moi je n’ai que des douleure pendant mes rapport jusqu’ à je refuse souvent mon mari et je le souffrir et je sais aussi que l’islam me l’interdit.en plus j’ai des problèmes à l’acouchement dû au manque du clitoris.Ssi cet opération est ma solution je ne pense que ça soit haram pour moi encore.AVANT tout à l’acouchement ce sont des homm qui s’occupent de nous et ils sont préferables que les sagesfemm.baucoup de femm peuvent le temoigner. Mon frere du moment que l’islam ne nous a pas prescrit l’exision ne compliquons pas notre cher islam.imagine impeu les conséquence de ce fléo qui conduisent bocoup de soeur ves la colère d’ALAH

  • Le 27 juillet 2010 à 15:13, par l’homme sans nom En réponse à : Chirurgie intime : "Mon mari flotte"

    bizarre cette exigence incompréhensible du docteur charlemagne ... il faut que la femme dise si son mari est d’accord ou pas .... deux mois d’abstinence .///// qu’est ce que cela veut dire ? la femme n’a pas à supplier monsieur d’être d’accord avant de soigner une blessure socio-culturelle .... car la femme n’appartient pas à l’homme (son mari) comme un objet appartient à un propriétaire ... (je préfère que tu sois excisée donc ne va pas au cma du 30 ...) je ne peux ^pas attendre deux mois sans avoir des relations sexuelles ... donc pas question que tu ailles voir le docteur charlemagne .... hihihi .... laisser moi rire .... c’est pas la seule femme d’abord, ensuite, la femme pourra se rattraper après avec d’autres hommes si son mari ne veut plus d’elle .... il y a des gens qui attendent dehors ... ou bien ? et qui prendront plaisir à avoir des relations sexuelles avec elle après la guérison .... et l’homme peut toujours boire la bière en attendant les deux mois ... et à ce que je sache un petit careme secuel ne fait pas de mal ... deux mois sans faire crac crac c’est reposant ... les femmes nous fatiguent avec leur machin là .... donc abstenons nous de ;.... et surtout n’empechons aucune femme de recoudre ce que la société et la culture ambiantes lui ont arraché de force .... par mutilation .... que dieu nous garde d’ajouter la méchanceté à la perversité .... ou l’inverse ... dieu est grand.

    • Le 31 juillet 2010 à 11:35 En réponse à : Chirurgie intime : "Mon mari flotte"

      Ce n’est pas ce que Dr. Charlemagne a dit. Il a simplement insiste sur la necessite de l’ harmonie conjugale. Si la femme se prensente sans son mari, elle devra dire tout simplement si Mr est d’accord ou pas. C’est une precaution morale que le Dr. Charlemagne prend. ensuite, il n’ ira pas vopir le Mr. qui peut exister en realite ou ne pas exister. En verite, est-ce qu’ un docteur refuserait de soigner un homme ou une femme qui a la gonococcie sous le pretexte qu’ il faut soigner la maladie a duex afin de briser la chaine de contamination ? Non. J’ai beaucoup aime la sortie du Dr. Charlemagne et son equipe. Ils ont bien insitse sans jamais employe le mot que le sexe se trouve aussi dans la tete. Ils ne sont donc pas des marchands d’ illusion. Ils ont clairement etabli que le clitoris ne va pas vous amener des vagues d’ orgasmes necesairement. mais les femmes ont besoin de leur chose. J’ ai perdu un doigt par suite d’ un panaris. C’est moins grave qu’ un clitoris coupe mais je me sens trop amoindri par rapport a tous les hommes et femmes qui ont leurs dix doigts et n’ en savent meme pas la valeur. C’est parce qu’ ils l’ ont. Que ne ferais- je pas pour recouvrer mon doigt ? Personne ne comprendra ma douleur silencieuse.
      Quant au petit integriste qui s’eleve contre la restoration des clitoris, qu’ il aille ailleurs peut- etre en Afganistan, pas au BF ou nous avons fait de la tolerance notre vraie richesse.
      J’ aimerais aussi attiorer l’attention de suns et des autres que la beance n’est pas necessairement liee a l’ excision ni aux accouchements. Elle peut etre due a un prolapse, cad, a l’ uterus qui sort de son lit. Une simple chirurgie peut remettre les choses en l’ etat, ramnenat ainsi l’ equilibre et l’ harmonie dans le couple car il est evident que l’ homme va rester insatisfait, ce qui peut l’ amener a aller voir ailleurs, meme avec des trainees. Vous savez comment la libido domine le monde. Donc de grace, point d’ hypocrisie. Nous sommes tous faits de chair, testicules pour les uns et mammellees pour les autres, et tous avec des hormones.

      LOP.

  • Le 11 avril 2017 à 12:07, par KONAN Sylvanus En réponse à : Chirurgie intime : "Mon mari flotte"

    Bonjour, Je suis Mr KONAN j’habite en Côté D’Ivoire.j’aimerais avoir les contacts du Pr Ouedraogo Charlemagne. J’ai ma soeur qui veut se présenter à son centre pour une chirurgie intime. Merci.

  • Le 11 avril 2017 à 12:13, par KONAN Sylvanus En réponse à : Chirurgie intime : "Mon mari flotte"

    Je suis dans le besoin urgent pour aider ma soeur svp. Je réponds au 0022547843210 et mon émail est sylvanuskonan@hotmail.fr

  • Le 21 mai 2020 à 12:14, par Honorine En réponse à : Chirurgie intime : "Mon mari flotte"

    Salut est ce que vous faite l’abdominoplastie chez vous ?

  • Le 27 novembre 2020 à 14:18, par Oumtana En réponse à : Chirurgie intime : "Mon mari flotte"

    Bonsoir..j’aimerais avoir le contact du Pr Charlemagne OUEDRAOGO..c’est pour une chirurgie intime svp..mon mail c’est le Oumtanar70@gmail

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