LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Nous sommes lents à croire ce qui fait mаl à сrοirе. ” Ovide

SOMMET DE L’UA : El Béchir se dégonfle

Publié le lundi 26 juillet 2010 à 23h14min

PARTAGER :                          

La bravoure du président soudanais Omar El Béchir a des limites. Elle s’arrête à la frontière des pays en qui il a entièrement confiance, face au mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale. Même certains de ses voisins ne lui inspirent pas confiance. Et pourtant, nul doute qu’il aurait tant aimé parader au sommet de l’Union africaine qui se tient à ses frontières, en Ouganda. Comme bon nombre de chefs d’Etat africains, ce sommet est le must des rendez-vous politiques du continent et personne ne veut le rater.

El Béchir a dû vraiment faire violence sur lui-même d’autant que le tapis rouge devait lui être déroulé. Outre l’Ouganda qui a donné l’assurance que rien ne lui arrivera, l’Union africaine a réaffirmé son opposition au mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale et apporté son soutien au président soudanais. L’homme fort de Khartoum a donc préféré faire demi-tour, une fois clos le sommet de la CEN-SAD, auquel il a pris part à N’Djamena. Avec Idriss Déby Itno, le président hôte de ce sommet, l’heure est à la parfaite complicité. Tout va tellement bien entre les deux ex-ennemis qu’ils ont décidé de sacrifier les chefs rebelles qu’ils gardaient sous leur aile protectrice.

Mais tel n’est pas le cas avec le président ougandais Yoweri Museveni. Bien que le Tchad et l’Ouganda soient signataires du Traité de Rome instituant la CPI, ils ont cette différence d’avoir géré le cas El Béchir avec plus de tact pour l’un et de façon brouillonne pour l’autre.

N’Djamena a dès le départ fermement apporté son soutien au président soudanais. Kampala a par contre commis des impairs qui, apparemment, n’ont pas encore été digérés par El Béchir. Museveni avait promis en juin, on se le rappelle, de ne pas envoyer de carton d’invitation à son homologue soudanais pour le sommet de l’UA. C’était en pleines assises de la CPI, que l’Ouganda abritait. Le pays a bien essayé de rectifier le tir après, en revenant sur cette décision, mais le mal était déjà fait. Sans doute blessé dans son amour-propre ou redoutant effectivement une arrestation en Ouganda, El Béchir ne s’est pas laissé tenter par le voyage de Kampala. Cette volte-face renvoie aux yeux du monde l’image d’un homme traqué.

Car il a beau dédramatiser l’action intentée contre lui par la CPI, multiplier les voyages à l’étranger tant que cela est possible, il n’empêche que Omar El Béchir ressemble plus que jamais à un animal en cage. A cause de lui, le sommet France-Afrique de Charm el-Cheikh a été délocalisé à Nice ; il est aux abonnés absents à plusieurs rendez-vous importants ; bref, ça commence à bien faire (pour emprunter l’expression de Nicolas Sarkozy). Le rendez-vous manqué avec le sommet de l’U A en Ouganda est donc le dernier avatar du quotidien d’un président en exercice traqué par un tribunal international. La situation du président soudanais est décidément peu enviable. Jusqu’à quand jouera-t-il ainsi au chat et à la souris avec la CPI ?

Mahorou KANAZOE

Le Pays

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique