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MENACE TERRORISTE AU BURKINA : Des indices invisibles dans le Sahel

Publié le lundi 26 juillet 2010 à 01h37min

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Un expatrié contraint de fermer son campement, un honnête commerçant suspecté d’appartenir à Al Qaïda au Maghreb islamique… La psychose gagne du terrain au Burkina depuis les rumeurs faisant état de menaces d’enlèvements d’étrangers au Burkina, avec ses inévitables effets pervers.

L’alerte est partie de Ouahigouya, dans la région du Nord, où les ressortissants américains ont été évacués il y a quelques jours, sur la base d’informations faisant état de risques d’enlèvements par Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI). Mais trois autres villes, situées dans la région septentrionale du Burkina, sont classées rouges par les chancelleries occidentales. Il s’agit de Dori, Djibo et Gorom-Gorom. Des faits survenus ces derniers temps dans cette région sont révélateurs de la fébrilité qui s’est emparée surtout des Occidentaux. Le maire de Dori, Arba Diallo, a ainsi révélé à des journalistes qu’un diplomate a été déconseillé de se rendre à Dori où il devait aller parler de développement. Mais ce que l’on ignore , c’est que deux faits ont aussi eu lieu, qui inquiètent les populations et les opérateurs économiques. Il s’agit de l’injonction faite à un expatrié de fermer momentanément son campement et des fouilles opérées chez un commerçant suspecté d’avoir des liens avec AQMI. Dans l’un ou l’autre cas, on voit bien que l’on court vers la catastrophe, notamment économique, si le climat de peur actuel continue d’être entretenu.

C’est la saison touristique et la région du Sahel est connue pour être un des hauts lieux du tourisme au Burkina. Par ailleurs, il faut craindre la multiplication de dénonciations parfois calomnieuses, pouvant entacher l’honneur d’honnêtes citoyens. Mais, y a-t-il vraiment lieu de s’inquiéter outre mesure quant à la capacité d’AQMI à opérer dans le nord du Burkina ? Selon un fin connaisseur de la région du sahel qui a requis l’anonymat, aucun indice ne permet de confirmer cette thèse. Dans l’extrême nord du pays, aux confins du Mali et du Niger, aucun mouvement suspect n’a été constaté par les populations. Là-bas, un étranger ne peut pas traverser la frontière sans être tout de suite repéré. Les anciens délégués de villages dont la plupart sont devenus des conseillers municipaux veillent au grain. Toute présence suspecte est vite répercutée aux échelons supérieurs. Depuis la rébellion touarègue des années 90 au mali et au Niger, les populations ont appris à se méfier. Ces dernières années, ce sont surtout les voleurs de chameaux que les éleveurs redoutent. Ces bandits de grands chemins n’ont pas hésité à faire usage d’armes à feu et même à tuer.

Ce phénomène du grand banditisme a amené les populations frontalières à être sur le qui-vive. Tous ceux qui traversent la frontière, côté malien ou nigérien, sont automatiquement identifiés, selon un ressortissant de la région. « Nous nous connaissons pratiquement tous ici ; chacun sait d’où vient l’autre ». De sorte que l’étranger est vite repéré, notamment s’il passe la nuit chez un logeur. Au- delà de la surveillance exercée par les civils, il y a bien sûr celle des forces de l’ordre. A ce niveau, un cadre de la province de l’Oudalan note que ces dernières années, les forces de l’ordre (police et gendarmerie) se sont davantage déployées sur le terrain pour se rapprocher des populations. Déou, Tin-Akoff et Oursi disposent ainsi de postes de police et de gendarmerie.

"Il ne faut jurer de rien"

Côté religieux, peut-on craindre un endoctrinement de la jeunesse sahélienne à des fins terroristes ? Là aussi, les experts estiment qu’il n’y a pas de place pour l’islam radical dans le sahel burkinabè. Enseigné depuis toujours par des familles de marabouts, cet islam prêche la tolérance. Dans le cas spécifique de l’Oudalan, un responsable local raconte : « Nos populations sont islamisées mais analphabètes. Très peu de gens connaissent bien le Coran. Les gens ont la foi mais ne maîtrisent pas la religion au point de s’en servir comme d’une arme politique ».

Dans cette province, les écoles coraniques seraient d’ailleurs en net recul, du fait des mauvaises pratiques de certains maîtres coraniques. Quant aux médersas, elles sont récentes et sont peu nombreuses. Si AQMI est rentré au Mali par certains marabouts, il ne le sera pas au Burkina, avoue ce responsable. Mais il ne faut jurer de rien. Malgré leur assurance, les sahéliens ne savent pas ce que leur réserve l’avenir. A ce propos, la pauvreté est un élément à prendre en considération. Elle peut pousser bien des jeunes vers les bras de groupes extrémistes au-delà de nos frontières. Prudence , vigilance et sérénité sont donc les maîtres mots.

Par Mahorou KANAZOE

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 26 juillet 2010 à 16:48 En réponse à : MENACE TERRORISTE AU BURKINA : Des indices invisibles dans le Sahel

    Tout court : il faut bouter hors du pays cette vermine. Ce ne sont pas eux qui vont nous aider à développer le BF. Alors, il est temps qu’on se reveille pour épauler nos autorités. Chacun doit jouer sa partition au-delà des querelles partisanes. Sarko demande aux Français d’éviter le sahel... c’est la coopération décentralisée qui va souffrir. Il faut un appel solennel et une mobilisation sans faille.

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