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ONG "Eau Vive" : "Notre structure est apolitique et non confessionnelle..."

Publié le mercredi 1er septembre 2004 à 08h13min

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L’Eau-Vive est une ONG qui travaille avec les populations rurales du Burkina Faso depuis des années. De nos jours, une certaine confusion se pose entre cette structure et la communauté religieuse des Sœurs de l’Eau-Vive. Pour lever un coin du voile, sur cette confusion, nous avons reçu le représentant de l’ONG Eau-Vive pour le Burkina, M. Clément Ouédraogo.

Sidwaya (S) : Quand a été créée votre ONG et quels sont les objectifs qu’elle poursuit ?

Clément Ouédraogo : L’ONG Eau-Vive a été créée le 21 mars 1978 en France. Le bureau du Burkina a été installé en 1987. Cette ONG internationale française est représentée dans cinq pays d’Afrique de l’Ouest, à savoir : le Sénégal, le Mali, le Burkina Faso, le Togo et le Niger. Eau-Vive est une ONG d’appui au développement en Afrique sahélienne. Son objectif premier a été l’amélioration et l’approvisionnement en eau des villages par la création de puits, de forages, de réseaux de distribution d’eau en milieu rural.

Ses activités se sont étendues ensuite à l’éducation sanitaire et à l’assainissement, à la formation des comités de gestion des points d’eau, à la formation et à l’équipement des puisatiers et des réparateurs de pompes. En 25 ans d’existence, elle a apporté un appui très considérable à plus d’une trentaine de projets liés à l’hydraulique, à l’environnement, au renforcement des capacités, à la formation, à la santé, à l’éducation, à la production agricole et à l’organisation villageoise.

S. : Quelles sont vos zones d’intervention au Burkina Faso ?

C.O. : A sa création, l’ONG voulait aller partout dans le pays où le besoin se faisait sentir. C’est-à-dire qu’elle envisageait d’aller vers les plus défavorisés en matière d’eau. A l’époque, l’ONG n’avait pas délimité ses zones d’intervention. Quelques années après, nous avons mené une étude afin de déterminer les zones où on a plus besoin de notre appui. C’est ainsi que nous avons réalisé des points d’eau dans le Nord et le Centre du pays. Ces zones étaient défavorisées en matière de points d’eau comparativement à d’autres. Nous évoluons maintenant vers l’Est et le Nord-Est du Burkina.

S. : Quelle est la philosophie d’intervention de l’ONG ?

C.O. : Nous travaillons tout en suivant un programme et tout ce que nous faisons est conçu sur la base d’une demande locale selon les priorités de la communauté. De nos jours, Eau-Vive soutient le développement durable des populations rurales dans des domaines comme l’eau, la santé, l’instruction, la production et l’organisation de la communauté villageoise. Nous apportons notre appui en fonction de la demande des populations. La plupart des demandes que nous recevons pour un appui de l’Eau-Vive est la réalisation de points d’eau. Par la suite, nous manifestons notre appui dans l’organisation de la communauté villageoise par la formation des comités de gestion, par l’équipement et les conseils techniques.

S. : Pour beaucoup de gens, ONG Eau-Vive relève d’un ordre religieux. Est-ce exact ?

C.O. : La question est la bienvenue et je saisis l’occasion pour lever l’équivoque pour tout le monde. L’ONG Eau-Vive n’est pas du tout une association religieuse. Elle est arrivée au Burkina Faso quand elle avait déjà 10 ans de vie en France avec des réalisations à son actif. C’est au Burkina Faso que nous nous sommes rendus compte de l’existence d’une association religieuse dénommée Eau-Vive que tout le monde connaissait déjà. Notre structure est une ONG française apolitique, non confessionnelle qui est gérée par des femmes et des hommes issus de milieux religieux différents.

Au début, nous avons eu des petits problèmes avec les religieuses de l’Eau-Vive, mais l’appui du ministère en charge de l’Administration territoriale nous a permis de rendre les choses plus claires. Sur le terrain, les gens ne nous confondent pas à l’association religieuse parce que nous ne leur parlons pas de religion et aussi nous n’intervenons pas uniquement dans des communautés qui appartiennent seulement à une confession religieuse. En conclusion, je dirai que c’est donc une coïncidence que nous ayons tous les deux, la même dénomination.

S. : Quelles sont les sources de financement de l’ONG Eau-Vive ?

C.O. : La plus grande source de financement de l’Eau-Vive est constituer des fonds publics qui proviennent de l’Union européenne et du ministère français des affaires étrangères. Nous avons d’autres sources de financement qui sont des fonds collectés auprès d’associations et de diverses collectivités en France. Nous avons aussi une source de financement d’origine privée. Ces fonds sont reçus auprès des comités, des entreprises, des associations comme Emmaüs et des donateurs particuliers qui apportent leur contribution à l’ONG Eau-Vive.

S. : Quels sont les problèmes que vous rencontrez sur le terrain ?

C.O. : Vu l’expérience de l’Eau-Vive sur le terrain surtout en milieu rural, les problèmes rencontrés sont mineurs. Ils se situent entre autres, dans l’organisation des populations, l’épargne des fonds au niveau des villages et la question de responsabilité. Dans l’ensemble, nous arrivons à les surmonter grâce à l’expérience que nous avons acquise sur le terrain. Nous apportons aux populations un soutien face à leurs problèmes en les organisant tout en tenant compte de leur organisation traditionnelle que nous cherchons à moderniser.

S. : L’ONG Eau-Vive collabore-t-elle avec des organisations locales ?

C.O. : L’ONG Eau-vive est membre de plusieurs collectifs et groupes de travail. Au Sahel, les bureaux décentralisés d’Eau-Vive sont tous membres des collectifs ou réseaux d’ONG nationales. Dans les pays du Sahel, Eau-Vive est en lien étroit avec des associations locales, des petites entreprises, des artisans et des personnes ressources en fonction des actions afin de mener des réflexions pour un meilleur travail sur le terrain. Ce qui lui a permis de passer progressivement de l’appui aux associations locales à l’appui direct des groupements villageois. Cet appui direct des groupements villageois se faisait entre les villages, les associations locales et l’Eau-Vive. Ce tissu relationnel et contractuel est large et performant depuis de nombreuses années et chaque acteur a son rôle bien déterminé à jouer. Eau-Vive est membre du secrétariat international de l’eau, du Programme Solidarité eau, du CRID, de la coordination Sud et bien d’autres ONG.

Interview réalisée par Stanislas BADO (bado_stanislas@yahoo.fr), (Stagiaire)
Sidwaya

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