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INDEPENDANCES ET DEMOCRATIES : "Comprendre pour mieux agir"

Publié le vendredi 23 juillet 2010 à 01h07min

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Le député Mahama Sawadogo

Le député Mahama Sawadogo s’intéresse, dans cette analyse, à la question des indépendances et des démocraties (de la Baule). Il en tire la conclusion qu’il est important d’en comprendre les mécanismes pour formuler des propositions en vue des "nouvelles démocraties".

jeudi 22 juillet 2010, page visitée 11 fois

L’année 2010 est le cinquantième anniversaire de l’indépendance de nombreux pays africains, anciennes colonies françaises. Elle est également le 20e anniversaire des premières démocraties induites par le sommet de la Baule. Ce double anniversaire qui intervient après 50 ans d’indépendance et 20 ans d’une nouvelle phase démocratique, est un moment pertinent pour ceux qui veulent s’adonner à l’exercice de faire les bilans de ces deux périodes politiques.

Depuis l’annonce des festivités devant commémorer le cinquantenaire des indépendances, des bilans ont été dressés par des observateurs politiques de toutes obédiences. Ainsi, la gamme est-elle complète qu’on n’a pas besoin d’en rajouter. Dans le présent propos, on se propose de présenter simplement et de manière générale les processus des indépendances et ceux de la démocratisation dans les pays concernés et d’en tirer quelques enseignements.

Les indépendances, qu’elles aient été conquises ou "octroyées", c’est-à-dire qu’elles aient été l’aboutissement de luttes, le résultat de négociations ou découlant d’une analyse prospective de l’évolution du système colonial, leur [les indépendances] avènement était démocratique. Dit plus simplement, ces indépendances constituaient une revendication d’intellectuels africains soutenus par leurs peuples. Ainsi, le processus des indépendances est une émanation de l’intérieur des pays.

Les mouvements d’indépendance étant politiquement sous-tendus par la revendication générale de l’application de la Déclaration universelle des droits de l’homme à tous les peuples, les premières autorités politiques des pays africains ont été obligées d’instaurer la démocratie comme système de gouvernement. Cette obligation découlait moins d’une injonction de l’extérieur, en l’occurrence celle du colonisateur, que de l’observation d’une éthique politique compatible avec l’ambiance du nouveau contexte historique.

C’est, me semble-t-il, ce qui explique l’élection des premiers dirigeants (bien ou mal élus) de pays africains. Les démocraties intervenues à partir des années 90 suite au sommet de la Baule sont plus autoritaires, que démocratiques puisqu’elles ont été imposées aux pays africains. On pourrait objecter que des revendications démocratiques s’exprimaient avant cette date dans de nombreux pays. Cela est certes vrai. Mais à l’évidence, le facteur déterminant des nouveaux processus démocratiques est manifestement l’injonction faite par les Occidentaux lors du sommet sus-cité qui a scellé franchement l’alliance entre l’Occident et les oppositions africaines (non les peuples).

"Mimétisme total"

Les démocraties dont le fait générateur est l’indépendance ont pratiquement conduit à la dictature, faute de solidarité de l’Occident qui poursuivait d’autres objectifs que l’instauration de régimes démocratiques dans les sociétés africaines. Les démocraties de la Baule, parce qu’elles sont exigées, surveillées et censurées au besoin par l’Occident risquent d’installer dans de nombreux pays, l’anarchie voire le chaos et davantage de misère pour les populations.

Le mimétisme des autorités africaines dans les démocraties des années 60 à 90 était partiel puisqu’au plan économique et culturel, certains choix (voies nationales de développement) étaient plus ou moins tolérés par l’Occident. Le "socialisme africain" en est un exemple. C’est dire que durant cette phase démocratique, les pays africains étaient maîtres de l’essentiel de leurs politiques publiques de développement.

Dans les démocraties de la Baule, le mimétisme des autorités africaines est total : il est idéologique, politique, institutionnel, économique, culturel. Les politiques publiques sont celles inspirées par les bailleurs de fonds occidentaux. Les politiques autonomes des pays ne sont financées que dans la mesure où elles s’inscrivent dans la logique des conditionnalités de ces bailleurs. Au terme de cet exercice de comparaison et pour coller à l’actualité politique, il faut dire que la commémoration du cinquantenaire des indépendances des pays africains peut se justifier. Elle peut l’être si l’on considère que ce sera un temps fort de méditation pour asseoir une démocratie solide dans des pays jouissant des attributs essentiels de l’indépendance.

C’est en cela qu’il est important de comprendre les processus des indépendances et des démocratisations pour être plus apte à formuler des propositions pertinentes pour les perspectives des nouvelles démocraties et cela en tenant compte de la nécessaire adaptation dans le contexte actuel de la globalisation.

Mahama SAWADOGO Député

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 23 juillet 2010 à 09:27 En réponse à : INDEPENDANCES ET DEMOCRATIES : "Comprendre pour mieux agir"

    ok, c’est compris Honorable Député !!!
    Chapeau !! Pour une fois tu n’as pas évoqué ton Idole Blaise Compaoré et votre CDP !!!
    Mais nous te voyons venir. Tu dois avoir un problème avec la démocratie, surtout la vraie, celle qui te fera perdre tes privilèges mondains et éphémères et auxquels tu t’agrippes inlassablement. Nous avons ce que tu appelles "nouvelles démocraties" : celles qui permettent à un groupuscule de s’éterniser au pouvoir en brandissant de facon inopportune l’argument de la stabilité !!! Stabilité dans la misère, c’est cela la stabilité ? Il n’y a pas plus instable qe celui qui arrive à peine à s’assurer la pitance quotidienne.
    Merci,

  • Le 24 juillet 2010 à 00:45 En réponse à : INDEPENDANCES ET DEMOCRATIES : "Comprendre pour mieux agir"

    Désolé Mr Mahama, on a pas besoin d’attendre l’occasion de cette commémoration pour médité sur nos démocraties. Toutes les règles de la démocraties sont là. Il suffit juste de les appliquer. C’est simplement une question de volonté.

    Je dirai plutôt que c’est encore une occasion de dilapider les mingres ressources du pays. Pendant que le peuple réel trime.

    Méditer méditer, mon oeil.!

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