LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Nous sommes lents à croire ce qui fait mаl à сrοirе. ” Ovide

COURSE A LA PRESIDENCE : Le condom de la candidature unique

Publié le vendredi 23 juillet 2010 à 01h08min

PARTAGER :                          

Même si je suis fou, je n’ai pas à ce point pété les plombs pour ne pas me rendre à l’évidence que dans la course au pouvoir, il y a une maladie aux allures de Sida. Et pour ne pas l’attraper, certains chefs africains ont décidé de sortir "couverts". Ils ont chaussé le condom de la candidature unique ! Eh oui, la précaution vaut son pesant de… pouvoir, et mieux, de pouvoir à vie ! Pour éviter tout risque de choper le virus de la maladie de l’adieu au pouvoir, face à des prétendants sérieux au fauteuil présidentiel, alors protection impérative ! Reste à savoir comment. Je sais que l’expression "système verrouillé" qui a cours sur le continent n’a pas été créée pour les fous.

Première forme de protection donc : verrouiller le système par des règles du jeu faussées à l’avance et déloyales, de sorte que les opposants ne voient se réaliser leur désir quasi impossible de parvenir à l’alternance que dans leur rêve ; et décident finalement de briller par leur absence sur la ligne de départ. Mais eux, peuvent encore s’estimer heureux d’avoir seulement été victimes de la douce et subtile manière du pouvoir en place. Car, il y a bien pire, ce qui nous amène à la deuxième méthode de précaution : contraindre l’opposition à l’exil, l’intimider, la bâillonner ou, plus grave, perpétrer contre elle des assassinats, avec pour ultime objectif de faire place nette.

Si l’opposition a faim de pouvoir, eh bien, qu’elle vienne le saisir ; pour sûr, elle risque de voir son appétit partir en convoitant le pouvoir. Paul Kagamé du Rwanda, Yaya Jammeh de la Gambie et bien d’autres chefs d’Etat africains aux mains entachées du sang de leurs opposants, journalistes, et militants des droits de l’homme, ne pourront me faire croire le contraire de ce qu’ils sont en réalité : des dictateurs en puissance, qui ne reculeront devant rien pour la pérennisation de leur pouvoir.

Tout comme eux, leur pair du Burundi, Pierre N’Kurunziza, celui-là même qui, toute honte bue, a saboté dernièrement les feux tricolores du boulevard pour faciliter sa marche vers la présidence, ne me convaincra jamais de ses qualités de bon démocrate. Droit dans ses bottes d’ancien maquisard, je l’imagine m’engueulant, en parcourant ces lignes : "j’ai été candidat unique, et alors !" Mais, contrairement à l’homme fort de Bujumbura, et pour faire plus élégant, certains chefs d’Etat africains aux aspirations démocratiques douteuses, se sont trouvé des accompagnants pour la course. Mais quels adversaires ! Des candidats "motards", soigneusement lancés dans la compétition tout juste pour meubler un décor sans attrait. Pour tout dire, des " élections- alibis".

Les partenaires techniques et financiers internationaux ne veulent-ils pas la démocratie en contrepartie de leurs aides ? Ils sont servis : plat de démocratie à la sauce gluante et fade, sortie de la crasseuse marmite d’élections sans enjeu ou pipées d’avance. L’opposition aura ensuite beau dénoncer une mascarade électorale, rien n’y fera. La vie reprendra son cours normal, comme cela a généralement toujours été le cas. Alors, tour joué et pouvoir préservé pour le candidat sortant, qui se fout éperdument que le peuple l’aime, l’essentiel pour lui étant de demeurer à la tête de l’Etat. Si on me dit fou et incapable de raisonnement, moi, en tout cas, le peu de logique qui me reste encore, me permet de réaliser que le cimetière est plein de gens indispensables.

C’est pourquoi j’ai vraiment du mal à comprendre qu’il est des chefs d’Etat africains qui ne puissent se trouver suffisamment de force morale pour partir au bon moment, et la tête haute. Si on me taxe de fou, alors il y a encore plus fou que moi, je fais allusion à ces fous du pouvoir qui n’hésitent pas à ôter la vie de leurs opposants, à piétiner leur Loi fondamentale et à instaurer un climat de terreur dans leur pays. Tout ça parce que, à leurs yeux, le pouvoir ne convient à personne d’autre qu’à eux ! Moi, le Fou, je dis qu’il faut fuir tous ces dirigeants qui, pour rien au monde, ne voudraient céder leur fauteuil, même si cela doit créer le chaos chez eux. Fou, je suis, malgré tout, pacifique. Et par conséquent opposé à ceux qui règnent par la force, de quelque manière qu’elle soit.

Le Fou

Le Pays

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 23 juillet 2010 à 09:31 En réponse à : COURSE A LA PRESIDENCE : Le condom de la candidature unique

    Je ne crois pas à ta folie. Pourquoi ne vois tu pas la poutre dans ton oeil et vois la paille dans l’oeil du voisin ? Faut pas avoir peur (tu as choisis le rôle de journaliste)de constater que notre regime n’est pas ce qu’il y a de plus democratique en depit de tous les "tam tam qu’on tape et danse".

  • Le 23 juillet 2010 à 09:42 En réponse à : COURSE A LA PRESIDENCE : Le condom de la candidature unique

    Un pays qui sort d’une longue guerre ne peut se stabiliser en si peu de temps. J’ai passé 2 ans dans ce charmant pays avec des habitants tout ce qu’il y a de sympathiques. Le cinstat est l’existence d’une telle misere (un enseignant du primaire etait payé 15 dollars/ mois) que la situation politique ne peut qu’etre tendue si la classe politique ne se montre pas plus responsables. Le probleme ethnique semble se resorber grace aux efforts des ONG mais il faut insister pour recoller les morceaux. Malheureusement, la communauté internationale ne courent pas pour sauver les Africains. A nous de lutter pour sortir de notre sous developpement mental surtout.

  • Le 17 août 2010 à 12:14 En réponse à : COURSE A LA PRESIDENCE : Le condom de la candidature unique

    "Le condom de la candidature unique". La metaphore n’est pas heureuse. Elle est meme de mauvais gout.

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Burkina Faso : Justice militaire et droits de l’homme
Burkina Faso : La politique sans les mots de la politique
Le Dioula : Langue et ethnie ?