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NIGERIA : Soyinka, un tigre dans l’arène politique

Publié le jeudi 22 juillet 2010 à 00h57min

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Le virus de la politique a fini par avoir raison du Nigérian Wolé Soyinka, Prix Nobel de littérature en 1986. A 76 ans, âge auquel d’autres pensent à leur retraite de la politique, l’écrivain a décidé, de son côté, d’entamer une carrière politique. Et c’est le jour de son 76e anniversaire, célébré le 20 juillet 2010, qu’il a choisi pour annoncer son intention de créer un parti de « progressistes ». La formation politique sera portée sur les fonts baptismaux, en principe, en septembre prochain. Son célèbre géniteur entend s’en servir pour être candidat à l’élection présidentielle de début 2011 et aussi mettre fin à la suprématie du Parti démocratique du peuple (PDP, parti au pouvoir) qui domine la vie politique depuis le retour du Nigéria à la démocratie en 1999.

Visiblement, le pourfendeur des régimes militaires qui se sont succédé au Nigeria ne veut plus continuer à dénoncer les maux qui minent son pays en simple militant de la société civile. Il a décidé de descendre dans l’arène avec ce que cela peut avoir comme répercussions négatives sur son aura. De ce fait, il reste égal à lui-même, c’est-à-dire une personne qui préfère aller elle-même au charbon plutôt que de laisser quelqu’un d’autre le faire. Sans doute a-t-il longtemps pensé que les politiciens professionnels apporteront le bonheur et la prospérité au peuple. Reprochant peut-être à ceux-ci d’avoir préféré s’occuper de leurs propres intérêts, il s’est donc senti obligé de retrousser les manches. Pour lui, il n’y a que l’action par soi qui compte.

On se rappelle son pragmatisme à travers sa célèbre phrase « le tigre ne proclame pas sa tigritude, il bondit sur sa proie et la dévore ». C’est ce tigre qui s’apprête donc à faire son entrée dans l’arène politique après avoir longtemps observé ceux qui y évoluent. Mais réussira-t-il sa nouvelle mission qui s’assimile à une opération de sauvetage du Nigeria dont les richesses, notamment le pétrole, ne profitent qu’à une minorité ? Ne court-il pas le risque d’être un intellectuel égaré en politique comme l’ont été certains de ses devanciers qui rêvaient de changer le pays ?

Il convient de noter que l’engagement de Wolé Soyinka intervient dans un contexte où des pays africains ont eu à essayer des hommes neufs en lieu et place de politiciens de métier qui n’ont pas répondu totalement à leurs attentes. C’est le cas du Mali avec Amadou Toumani Touré qui est parti dans un premier temps du pouvoir après un coup d’Etat qui a jeté les bases de l’Etat de droit, avant de se faire élire sans l’aide d’une formation politique propre.

C’est aussi le cas du Bénin avec le banquier Yayi Boni qui a damé le pion aux politiciens de longue date en se faisant élire chef de l’Etat sans parti politique. Le même scénario a des chances de se reproduire dans ce pays à la présidentielle de 2011, vu les intentions que l’on prête à son successeur à la Banque ouest-africaine de développement (BOAD), Abdoulaye Bio-Tchané. Wolé Soyinka peut être aussi cet homme nouveau que les Nigérians pourront essayer. Et il n’est pas exclu qu’il se soit engagé après avoir été sollicité par tous ceux qui voient en lui le messie qui pourrait changer les choses. Nul doute que le Prix Nobel de littérature a bien pris le pouls de la situation de son pays avant de décider de s’engager en politique. Avec ses grandeurs mais aussi ses déboires.

Séni DABO

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 22 juillet 2010 à 08:25 En réponse à : NIGERIA : Soyinka, un tigre dans l’arène politique

    Quand les responsables faillissent a leurs roles, les vrais intellectuels se font responsables. C’est la le vrai role de l’intellectuel (et non ces intellectuels du ventre prompts a se prostituer au premeir venu). c’est une honte pour ces dirigeants que ce soient les vieux qui se retrouvent obligés de s’engager pour essayer de sauver le pays au moment ou justement ces vieux-la devraient aller se reposer et se contenter de donner des conseils. Voila ou se retrouve l’afrique au bout de 50 ans d’independance : tout recommencer a zero. Le nigeria est l’exemple du gachis africain.

    SOME

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