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Déplacement de la gare routière de Bobo-Dioulasso : Face aux bulldozers, les transporteurs plient bagages

Publié le mercredi 21 juillet 2010 à 00h14min

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Lors de la rencontre avec les représentants des transporteurs le 12 juillet dernier, le maire de la commune de Bobo-Dioulasso Salia Sanou avait obtenu d’eux qu’ils libèrent le site de la gare routière à partir du 13 juillet. Malgré leur accord de principe, les occupants, invoquant l’inadaptation du nouveau site qu’on leur propose, n’ont pas bougé. Finalement, ce sont les bulldozers qui sont entrés en action les 19 et 20 juillet pour les y déloger.

C’est un spectacle de désolation qui s’offrait aux passants, mardi matin à l’autogare de la ville de Sya. Très matinalement, un bulldozer escorté par une dizaine de policiers armés d’équipement anti émeute s’attèle à la démolition de tout ce qui est hangar, guichet, boutique ou kiosque à l’autogare. Rien n’est épargné à part la mosquée sur laquelle les démolisseurs entendent revenir dans la soirée. Les occupants, dans une course contre-la-montre, tentent de sauver ce qui peut l’être juste avant l’arrivée de l’engin ou après son passage dans les gravas.

La tension est perceptible parmi les transporteurs déçus mais pas du tout surpris, face à ce qui leur arrive car « ayant senti les choses venir ». Mais l’opération s’est déroulée sans résistance. Même les journalistes n’étaient pas les bienvenus. Les rares personnes qui ont accepté de parler à la presse ont été violemment dissuadés par leurs camarades en ces termes : « Ils sont au courant de ce qui nous arrive et ils vont encore vendre votre image dans le journal ».

Les responsables syndicaux étant injoignables, le chef de gare Oumarou Tinto qui a bien voulu répondre à nos questions, a dénoncé la « brutalité » avec laquelle les autorités communales procèdent au déguerpissement et préfère « se confier à Dieu » pour le reste. Mais comment en est-on arrivé là ? Chacun des protagonistes savait le caractère provisoire de l’occupation de l’autogare. Les autorités municipales ont plusieurs fois rappelé et relancé en vain les occupants pour qu’ils libèrent le site.

Le 12 juillet, le maire avait lancé un ultimatum aux transporteurs pour une libération immédiate de l’autogare en mettant une somme de 20 millions à la disposition des transporteurs. Mais ceux-ci, arguant de l’inadaptation du nouveau site d’accueil au secteur 20, n’ont pas bougé. Certains d’entre eux qui voulaient démonter leurs guichets suite à l’ultimatum de la mairie, ont été contraints par les syndicats de ne pas bouger.

On comprend donc pourquoi les responsables syndicaux se sont volatilisés dès que les engins lourds sont rentrés en action. Se sentent-ils responsables de ce qui arrive à leurs camarades ? Tout le pourtour de l’autogare est quadrillé par les forces de l’ordre, même les rues attenantes à la gare et tout le long du mur de l’aéroport où l’activité de la gare s’est déportée.

Les syndicats, qui avaient boudé les 20 millions du maire, se sont ravisés à la dernière minute pour l’accepter, mais la municipalité ne semble plus disposée à leur verser cet argent. Pendant que les engins détruisent les infrastructures de l’autogare, c’est la ruée vers Lafiabougou, le nouveau site d’accueil. Dans l’urgence, le chef de bureau de la topographie et des travaux de la direction régionale de l’Habitat et de l’Urbanisme, Mayéné Da, s’attelle avec une équipe à dégager, parceller le terrain pour les hangars.

A quelques mètres de là, 396 hangars ont déjà été dégagés pour les femmes déguerpies du marché de fruits « Lemburulogo ». Selon les services techniques municipaux, le refus des transporteurs de libérer l’autogare a fait perdre le financement du MCA pour la construction du marché moderne de fruits.

Elle était aussi sur le point de perdre celui de l’Etat, n’eut été la mise en demeure du ministère de l’Habitat et la fermeté de la commune. Les travaux de construction du marché doivent démarrer le 21 juillet sur les traces encore fumantes des déguerpis.

L’inauguration de l’infrastructure est prévue pour avoir lieu dans le cadre du cinquantenaire. L’impréparation manifeste de cette opération a engendré, cela va sans dire, de nombreux désagréments et il n’est pas exclu que dans les jours à venir, des problèmes liés notamment à l’attribution des hangars se posent.

Mahamadi TIEGNA (camerlingue78@yahoo.fr)

Sidwaya

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