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BLANCHIMENT DE DESIRE TAGRO : Arrangements entre petits copains ?

Publié le mercredi 21 juillet 2010 à 00h12min

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Désiré Tagro

Désiré Tagro, ministre de l’Intérieur de la Côte d’Ivoire a dû, quelque part, pousser un ouf de soulagement. Peut-être avec lui, Guillaume Soro, et bien des membres de leur entourage ont-ils été, dans une certaine mesure, soulagés. En effet, le parquet qui avait diligenté une enquête sur le ministre Tagro, sur instruction du propre mentor de ce dernier, le président Gbagbo, le 20 juin dernier, a conclu au non-lieu. Tant mieux pour les concernés s’ils sont vraiment blancs comme neige.

On se souvient que cette enquête faisait suite aux accusations lancées contre lui par un des bonzes de son parti, Mamadou Koulibaly, président de l’Assemblée nationale. Celui-ci, au moment où le Parlement ivoirien cherchait à mettre en place des commissions pour investiguer sur certaines allégations de fraude et de corruption dont celles concernant le ministre de l’Intérieur, avait déclaré : "C’est derrière un idéal de propreté que nous courons".

Aujourd’hui, l’affaire Tagro ne serait plus donc qu’un souvenir aux yeux du parquet ivoirien. Cela appelle incontestablement un certain nombre de commentaires. De deux choses l’une : ou bien le parquet a fait ses investigations en toute transparence et honnêteté, ce qui est souhaitable ; ou bien, c’est la logique politique qui a dicté sa loi dans ce dossier, ce qui serait plus que déplorable. Il ressort de l’enquête que "faute de preuves", les accusations portées contre le ministre de l’Intérieur et par ricochet, le Premier ministre, sont sans fondement. De telles conclusions appellent quelques constats.

Le premier constat est que dans ce combat de titans qui oppose deux poids lourds de l’entourage du chef de l’Etat ivoirien, Mamadou Koulibaly semble être le grand perdant. Reste à voir quelles seront les conséquences qui découleront de l’infirmation de ses allégations. Va-t-il accuser le coup ou revenir à la charge ? Tagro va-t-il contre-attaquer ? Bien malin qui pourrait décrire avec exactitude le scénario à venir.

La deuxième remarque est que le Premier ministre Soro, qui était cité dans l’affaire, s’en sort indemne. On imagine qu’il n’ y aura donc pas de couac entre lui et le chef de l’Etat comme le laissait présager et même envisager une éventuelle confirmation des allégations. Autre constat, la société Sagem se trouve blanchie et cela lui permet de continuer avec une certaine sérénité ses travaux avec la Commisssion électorale de Côte d’Ivoire. Dans cette situation où c’est le seul argument de l’absence de preuve qui est invoquée, la victoire de Tagro et de Soro ne semble pas dissiper le nuage de suspicions et leur réaction, sans liesse apparente, fait plutôt penser à un triomphe modeste. Maintenant, l’hypothèse la plus plausible est que l’on s’empresse de fermer très vite la parenthèse et de passer à autre chose.

Bon nombre d’Ivoiriens resteront sceptiques face à ces conclusions tant il est vrai que la guerre en Côte d’Ivoire a fait de nouveaux riches et que le problème de la corruption dans les recrutements publics est fréquemment évoqué. Seront de ceux-là l’opposition politique ivoirienne. Au-delà de cette affaire, la question de la bonne gouvernance dans tous ses aspects, depuis l’éclatement de la guerre en 2002 dans ce pays, a toujours posé problème. Peut-on dans ce cas, penser que tous les acteurs sont vraiment honnêtes et qu’aucune de ces allégations n’est sans fondement ?

Rien ne dit en tout cas qu’on aurait abouti au même résultat si on était passé par une enquête parlementaire. Alors, y a-t-il eu un arrangement entre petits copains ? On peut se demander aussi si l’épilogue de cette affaire qui, un mois durant, a secoué la vie politique ivoirienne marquera un bon point pour le président Gbagbo. Car, celui-ci peut se frotter les mains et se targuer d’être un des rarissimes chefs d’Etat sous nos tropiques à demander l’ouverture d’une enquête judiciaire contre un homme de son sérail, un homme reconnu comme un de ses plus proches collaborateurs et homme de confiance. Mais il y a une inquiétude que cette affaire qui a mis aux prises deux poids lourds du camp de Gbagbo finisse par ébranler la cohésion du parti et de fragiliser le pouvoir. Car, comme on le sait, quand "les éléphants se battent", il y a forcément des traces.

"Le Pays"

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