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La main humaine du diable

Publié le mardi 20 juillet 2010 à 01h19min

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L’on a beau accuser le diable, les malheurs attribués à tort ou à raison au plus grand des traitres dans les cieux et sur la terre sont en général dus à l’entêtement des hommes. Personne ne va pointer démésurement un doigt accusateur sur la nature et le mauvais sort si certaines catastrophes surviennent dans la capitale burkinabè et dans bien d’autres villes cette année.

Comme les inondations mortelles du « jour maudit » du 1er septembre de l’an passé. La leçon de cette tragédie ne semble pas avoir été suffisamment tirée par les populations. Les travaux de voiries représentent le terreau de toutes les craintes en cette période de pluie. L’on se met paradoxalement à curer des caniveaux au moment de la tombée des premières gouttes célestes dont le début est connu de tous.

Et l’on attend la menace d’un phénomène connu et déjà vécu pour appliquer la loi en vigueur sur l’évacuation des zones à risques. Les catastrophes sont certes, naturelles, et leurs avènements et leurs effets dépassent parfois l’entendement de l’homme. Mais celui-ci a la possibilité d’échapper à certains pièges de cette nouvelle donne en s’imposant une attitude puisant sa source de celles qu’il a déjà rencontrées.

Le nombre des sinistrés, encore dans des conditions d’installations tantôt incertaines tantôt peu rassurantes, pourrait s’accroître au fil de l’ouverture des vannes du ciel. Les sites d’hébergement des sans-abri de l’année dernière ne sont pas exempts d’un « remake ». Malgré le manque criant de caniveaux sur ces zones diligemment viabilisées, certains attributaires trouvent le malin plaisir de construire sans fondation quoique le gouvernement les ait dotés tous de matériaux définitifs de construction.

Cela pose aussi le problème de l’application du Code de l’Urbanisme et de la Construction sur des sites aménagés. Car le sinistre naturel tant redouté ces temps-ci a été précédé à Ouagadougou d’un autre très inhumain, le 25 juillet 2009 avec l’effondrement des deux immeubles dans les arrondissements de Baskuy et de Boulmiougou tuant trois (3) personnes, blessant seize (16) autres et endommageant des constructions voisines.

Si rien n’est entrepris pour contraindre rapidement au déguerpissement les habitants des zones potentiellement inondables et aussi sauver les meubles en entourant les travaux publics en cours sur la route nationale n°1 de la plus grande précaution, un autre 1er-Septembre nourri du manque de sagesse humaine afficherait douloureusement son anniversaire dans la quiétude de nombreux habitants. Déjà, dans un cas ou l’autre, les prémices de ce qui a été regretté et actuellement craint sont perceptibles dans des quartiers comme Pissy et Boulmiougou.

A Bobo-Dioulasso grâce au Cinquantenaire à venir et à Ouagadougou devant la nécessité d’élargir les voies d’accès, des canalisations dignes de tombeaux ouverts jouxtent de nombreuses voies et habitations. Certains locataires ont déjà les pieds dans l’eau bien que l’on soit encore loin des moments de pics pluviométriques.

Il ne sert à rien de provoquer sciemment le diable avec ses faits et gestes pour se mettre à pleurer une fois de plus devant un drame qui aurait pu être évité ou minimisé si tous en prenaient conscience et choisissaient de mettre un peu du sien dans leurs pratiques quotidiennes. Le dicton, « Chat échaudé craint l’eau froide », n’est pas unanimement accepté dans les modes de vie des uns et des autres.

Tout se passe comme si l’orage d’hier ne se reproduira plus. Bien que les experts en changements climatiques aient réitéré l’alerte de crues d’une abondance exceptionnelle dans les pays du Sahel. Le pire que l’action et la volonté humaines peuvent pourtant empêcher est à craindre. Le comportement de l’homme compte pour beaucoup dans ce qui lui tombe dessus comme catastrophe au cours de ce siècle marqué par les effets néfastes très visibles des changements climatiques.

L’on n’a point besoin d’être un « pluviologue » pour savoir que l’eau surtout celle issue des ruissellements se révèle d’une dangerosité extrême si elle ne dispose pas de chemin approprié pour couler vers un bas-fond. Les pays sahéliens sinistrés de septembre 2009 en général et particulièrement le Burkina Faso devraient à l’heure actuelle éprouver tous leurs dispositifs de prévention et de riposte pour s’assurer d’être à l’abri d’un phénomène dont la gestion a considérablement sapé les efforts de développement au cours de l’année 2010.

Etant tous des Etats dépourvus de ressources, ces territoires exposés feraient mieux de se pencher davantage sur les moyens en possession pour éviter les inondations ou limiter leurs dégâts. La nature impose aujourd’hui à l’homme un autre modèle dans sa conception de l’habitation. Il doit s’en convaincre pour ne pas occasionner sur lui-même un lot de malheurs auxquels il serait très difficile de se soustraire.

L’amateurisme qui a longtemps caractérisé la gestion des collectivités territoriales a maintenant besoin d’être enterré pour répondre impérativement à une préoccupation de survie. L’homme n’a plus le droit de vivre et d’exister en ignorant royalement certaines règles. A moins qu’il veuille s’engloutir volontairement dans la terre qui l’accueille : réchauffement climatique, montée du niveau des eaux, sécheresses, inondations, etc. Catastrophes humaines !

Jolivet Emmaüs (Joliv_et@yahoo.fr)

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 20 juillet 2010 à 10:19 En réponse à : La main humaine du diable

    Soyez fisselé dans vos analyses et faites ressortir clairement votre objectif. On a du mal à vous suivre et le titre ne convient pas du tout à cet article.

  • Le 20 juillet 2010 à 14:52, par some En réponse à : La main humaine du diable

    tres bn article. felicitation pour cette reflexion qui engage la responsabilité de tous face à cette situation,

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