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TCHAD-SOUDAN : La fin de la guerre par procuration ?

Publié le mardi 20 juillet 2010 à 01h18min

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C’est vraiment la lune de miel entre le Tchad et le Soudan depuis la réconciliation scellée entre les deux pays en février dernier. Ceux qui juraient que cette réconciliation ferait long feu doivent revoir leur jugement au regard de la détermination des autorités des deux pays à tout mettre en œuvre pour éviter tout acte de nature à porter atteinte à leur bon voisinage. Un acte majeur a été posé dans ce sens, et à tour de rôle, par N’Djamena et Khartoum. Il s’agit de la décision de ne plus permettre aux différents mouvements rebelles que chaque pays abrite d’utiliser le territoire de l’un comme base arrière pour attaquer l’autre et vice-versa.

Dans la foulée, les chefs rebelles qui avaient élu domicile dans les deux capitales sont déclarés persona non grata et priés donc de plier bagage. Le ton a même été donné de façon énergique par le Tchad qui a empêché en mai dernier le chef rebelle soudanais du Mouvement pour la justice et l’équité (MJE), Khalil Ibrahim, de débarquer à N’Djamena.

Aujourd’hui, c’est le Soudan qui en fait de même à l’encontre des chefs rebelles tchadiens à qui il avait accordé le gîte et le couvert. Ainsi, de façon polie mais ferme, Timane Erdimi et Mahamat Nouri ont été invités à « chercher un autre point de chute ailleurs dans le monde ». Avant eux, c’est un autre chef rebelle, Abakar Tollimi, secrétaire général de l’Union des forces de résistance (UFR), qui avait fait ses valises. Les chefs rebelles sont donc en train de faire les frais de l’entente grandissante entre deux Etats qui avaient passé le temps à se déstabiliser par rébellion interposée. Mais est-ce vraiment la fin de la guerre par procuration ? Car, une chose est d’expulser les chefs rebelles de part et d’autre, une autre est de pouvoir s’assurer que sur le terrain, leurs troupes n’ont pas la possibilité de traverser les frontières pour mener des assauts et se replier ensuite tranquillement.

C’est cela le véritable défi au regard de l’étendue des frontières des deux pays qui ne rend pas aisée toute surveillance digne de ce nom. Il faut par exemple voir l’immensité du Darfour pour se rendre à l’évidence de la tâche herculéenne à abattre pour neutraliser des troupes rebelles qui ont l’avantage de mieux connaître le terrain et peuvent de ce fait porter le danger n’importe où et à tout moment. A la surveillance des frontières, il faudra en sus envisager la neutralisation des forces rebelles sur le terrain. Car, c’est un leurre de croire que l’expulsion des chefs rebelles tant du Tchad que du Soudan les coupe de leurs bases. Ils peuvent toujours commander de loin les troupes, donner des ordres à distance pour qu’elles attaquent comme elles le faisaient du reste quand leurs chefs étaient dans les bonnes grâces des régimes qui les soutenaient.

Par-dessus tout, la vraie solution à cette guerre par rébellions interposées, c’est le dialogue direct et inclusif entre les protagonistes au cours duquel seront discutées les revendications des uns et des autres. Certes, il y a des négociations en cours à Doha pour la paix au Darfour. Mais, comme on le sait, jusque-là elles n’ont pas encore abouti aux résultats escomptés. C’est déjà montrer une bonne disposition pour la paix avec le voisin que d’expulser les chefs rebelles. Mais c’est encore mieux d’œuvrer à ce que l’hôte n’ait plus d’arguments pour attaquer le voisin. En d’autres termes, il faudra vider, une bonne fois pour toute, les contentieux pour que chacun puisse apporter librement sa contribution à la construction nationale.

Séni DABO

Le Pays

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