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Editorial de Sidwaya : Le social au cœur de la politique gouvernementale…

Publié le lundi 19 juillet 2010 à 00h30min

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Ibrahiman Sakandé, DG des Editions Sidwaya

Le paludisme tue. Les chiffres que les experts donnent dépassent de loin ceux du SIDA. Au Burkina, le paludisme est la première cause de décès, et la première cause d’hospitalisation.

Les enfants et les femmes sont les plus touchés. En 2007, selon le Programme national de lutte contre le paludisme (PNLP) au Burkina, 5 438 787 cas de paludisme ont été enregistrés dans l’ensemble des formations sanitaires du pays, avec 11 955 cas de décès, soit un taux de létalité de 2, 014 %. Chez les enfants de 0 à 5 ans, 2 613 514 cas de paludisme ont été enregistrés. En moyenne, chaque enfant de cette tranche d’âge a consulté un médecin ou un agent de santé au moins une fois pour paludisme.

Le total des décès chez les enfants de 0 à 5 ans est de 303 906, soit un taux de létalité de 2, 988% (48,05% des décès alors que les enfants de cette tranche d’âge ne constituent que 18,78 % de la population). Quand Michel Kazatchkine, Secrétaire exécutif du Fonds mondial de lutte contre le SIDA, la tuberculose et le paludisme « rêve d’un Burkina sans mort de palu », nous devons l’en remercier et reconnaître que ce rêve est l’un des plus beaux que nous puissions faire avec lui.

Mais voici que le rêve est en passe de devenir une réalité grâce à une politique courageuse de gratuité se rapportant, pas seulement aux ARV comme on le sait, mais aussi aux Moustiquaires imprégnées d’insecticides à longue durée d’action (MILDA). Cette politique, pensons-nous, a été décidée au plus haut niveau. Témoignage de l’intérêt et de l’engagement du Président du Faso pour les questions sociales au Burkina Faso et particulièrement la santé des Burkinabè.

Car il a fallu dans la mise en œuvre de cette politique sociale que l’Etat burkinabè convainc les « grosses pointures énergétiques » du développement mondial : le Fonds mondial, la Banque mondiale, l’OMS, l’UNICEF, Plan-Burkina, etc., pour réunir vingt-cinq milliards deux cent soixante trois millions deux cent quarante six mille cinq cent trente huit (25 263 246 538) F CFA.

Quand on sait que les projets sociaux sont de moins en moins éligibles auprès des bailleurs de fonds, bien que faisant partie des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD), on doit savoir gré au gouvernement d’avoir pu réaliser ce coup, contre la tendance générale actuelle qui est d’écarter le social, ce trou sans fond à engloutir les pauvres, de nos projets nationaux d’importance.

La mise en œuvre de ce projet se traduit sur le terrain par des approches novatrices. En effet, le projet MILDA a plusieurs entrées et sorties : la sensibilisation, incluse dans la stratégie de l’opération de distribution des MILDA ; le renforcement de la dynamique de processus de la décentralisation en ce que les pouvoirs régionaux sont parties prenantes à la distribution des MILDA ; une prise en charge financière des agents locaux qui ne déplaira à personne en cette période de soudure.

A la fin de l’opération, huit millions cent un mille cent trente quatre (8 101 134) personnes se trouveront équipées de MILDA. Ces personnes, service après-vente oblige, bénéficieront d’un suivi organisé par le ministère de la Santé. Car il ne faut pas oublier que dans une opération similaire précédente, des femmes ont déchiré ces moustiquaires pour en faire des vêtements pour bébés. La présente action vise à prévenir de tels dérapages, rendus possibles par l’ignorance...

Le chef de ce département, M. Seydou BOUDA, a pris toutes les dispositions pour réussir le programme MILDA. D’ailleurs, il a déjà confié son bonheur de se dépenser sans compter pour l’heureux aboutissement de ce projet qui lui tient particulièrement à cœur. Au bout du compte, à l’heure du bilan, des milliers de vies sauvées, des journées d’hospitalisation épargnées au profit de la production, des populations en meilleure santé… et pourquoi pas un Burkina Faso, en meilleure santé.

Le projet MILDA (Moustiquaires imprégnées d’insecticides à longue durée d’action), c’est aussi l’une des meilleures manières de lutter contre les médicaments de la rue. Et c’est là un bonus, sur lequel personne ne crache.

Le gouvernement vient d’indiquer le chemin à suivre : pour guérir la société burkinabè de ses maux, il suffirait de co-joindre nos ressources principales : la volonté politique, les ressources humaines et financières. Ce qui est étonnant, c’est ce concert de silence qui entoure cette opération salutaire pour l’ensemble des Burkinabè. Même en politique politicienne, il arrive que l’on reconnaisse des qualités à l’adversaire.

En tous les cas, une question reste constamment présente dans les analyses des politistes burkinabè, au regard de certains comportements politiques en cette période de veillée d’armes électorales... : peut-on vraiment faire de la bonne politique avec de la mauvaise foi ?

Par Ibrahiman SAKANDE (sakandeibrahiman@yahoo.fr)

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 19 juillet 2010 à 11:18, par ppa En réponse à : Editorial de Sidwaya : Le social au cœur de la politique gouvernementale…

    Svp, merci de réactualiser la photo de M. le Directeur de Sidwaya.

  • Le 19 juillet 2010 à 15:14, par moubissa En réponse à : Editorial de Sidwaya : Le social au cœur de la politique gouvernementale…

    Félicitations à Mr le ministre et l’équipe gouvernementale. Cependant il n’ya pas de quoi en faire tout un plat car le plus dur reste à venir : pérenniser cette distribution gratuite après les élections présidentielles et la fin du projet...
    Aussi ce n’est pas non plus la panacée car la meilleure solution passe par la prise en charge gratuite des soins chez les enfants de 0 à 5 ans, qui est possible et faisable sans appui d’un quelconque bailleur de fond.La cause des décès relève du fait que les consultations sont tardives et les parents si pauvres (53% selon IDHD 2009)ne peuvent honorer les ordonnances.
    On applaudirait le gouvernement s’il avait le courage de renoncer aux festivités des 50 ans d’indépendance et affecter les sommes allouées à cette fête pour des causes sociales pertinentes : soins gratuits chez les 0 à 5 ans,rétablissement de la bourse au secondaire,
    Mon cher journaliste,merci d’être plus réaliste que rapporter l’information avec professionnalisme.

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