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Me Bénéwendé SANKARA, président de l’UNIR/PS, chef de file l’opposition : “Pour une candidature unique de l’opposition, nos points de vue ne sont pas les mêmes”

Publié le lundi 19 juillet 2010 à 00h33min

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Pour un parti politique digne de ce nom, surtout de l’opposition, la conquête du pouvoir doit être un leitmotiv permanent. En tout cas c’est la conviction partagée à l’Union pour la Renaissance/Parti sankariste (UNIR/PS). En effet, depuis plusieurs mois, ce parti est sur le terrain pour préparer la présidentielle de novembre prochain, comme pour dire que qui veut aller loin ménage sa monture, son président, Me Bénéwendé SANKARA étant déclaré partant pour cette 4e élection présidentielle de la 4e République. A l’issue de l’installation de ses 13 commissaires régionaux de campagne, nous avons voulu savoir comment le parti de l’œuf se préparait pour cette consultation électorale majeure.

Son président, Me Bénéwendé SANKARA a bien voulu nous recevoir à cet effet à son cabinet. C’était le samedi 10 juillet dernier après qu’il eu fini de présider une réunion de son Bureau politique. Outre la présidentielle, nous avons échangé sur plusieurs questions relatives au chef de file de l’opposition, à la pétition sur l’article 37, à l’affaire Ouali et bien d’autres sujets non moins importants..

Me, vous venez de boucler l’installation de vos commissaires des 13 régions du Burkina pour la campagne présidentielle 2010. Quel bilan tirez-vous de ces installations et quelle sera la prochaine étape ?

Bénéwendé SANKARA (B.S) : Vous avez presque vécu la prochaine étape en live, plus ou moins, puisque vous êtes arrivé à la fin de la rencontre du Bureau politique national qui s’est réuni ce jour 10 juillet pour faire le bilan du travail qui nous avait été confié par le dernier congrès. A titre de rappel, en mars 2009, l’UNIR/PS avait décidé d’aller à ce processus électoral. Quand je dis processus électoral, il ne s’agit pas seulement de l’élection présidentielle ; certes qu’en 2010 c’est l’enjeu de taille, mais après 2010, nous avons les élections municipales et les élections législatives.

A cet effet, comme il est de coutume chez nous, le parti élabore un plan d’action et le plan d’action 2010 intervient dans un contexte électoral. Nous avons mis plus de temps pour le préparer, parce que, à un moment donné, nous avons créé ce que nous appelons le CGC, c’est-à-dire le Commissariat Général de Campagne, qui est composé de 19 membres. C’est ce CGC qui, dans ses activités, a suggéré, selon notre stratégie électorale, la création des commissaires régionaux de campagne. Cela correspond à la configuration administrative de notre pays, puisque nous avons 13 régions et ensuite 45 provinces. La dernière étape a été le Yatenga, la région du Nord. C’est vrai que nous avons accusé un léger retard, sinon dans notre timing cela devait se faire un peu plus tôt, mais pour des contraintes diverses, ce n’est qu’en début juillet que nous sommes parvenus à clôturer l’installation des 13 commissaires régionaux de campagne. Tout s’est bien passé et ce que je retiens, par rapport à votre question, comme premier bilan, c’est le renforcement de nos structures. A l’UNIR/PS, nous insistons pour dire qu’il n’y a pas de parti politique sans structures.

On ne peut pas parler de parti politique, si vous n’avez pas une organisation crédible qui se fonde sur des militants aguerris que vous formez à défendre les idéaux de votre parti. Et pour une campagne électorale, il convient de renforcer ces structures, les militants qu’il faut préparer en amont. C’est pourquoi dans tous les discours que nous avons eus à travers les 13 régions, nous avons mis l’accent sur la formation, la préparation de nos militants à être partout où il y aura un scrutin. Je prends souvent l’exemple pour dire que c’est absurde de participer à un processus électoral alors que vous n’êtes pas capable d’être dans les bureaux de vote. Nous sommes donc en train de travailler à cela. Et le point que nous avons fait ce matin nous a permis de comprendre, qu’à cette étape, il faut surtout travailler à renforcer, à former nos militants et les préparer aux questions électorales. Les questions électorales, c’est beaucoup de choses ; les inscriptions où nous avons participé comme on peut… Maintenant, il faut montrer aux militants comment se déroulent les opérations de vote y compris le dépouillement et comment gérer tous ces aspects en amont et en aval.

Manifestement, pour ces présidentielles à venir, vous n’avez pas le temps à perdre. Mais ne craignez-vous pas d’être parti trop tôt ?

B.S : Non ! Ce n’est pas mon analyse. Quand vous créez un parti politique en démocratie, votre leitmotiv doit être la conquête permanente du pouvoir d’Etat. La conquête permanente du pouvoir d’Etat suppose un électorat que vous préparez et dans ce cas je pense qu’il faut plutôt aller plus tôt. C’est un combat permanent. Maintenant, est-ce qu’on s’essouffle en se préparant des mois en avance ? Je crois que c’est la façon de se préparer qui fait la différence. Vous voyez, en 15 jours ou en 21 jours ce n’est plus la campagne électorale, ça devient une foire. Le militant se prépare dès la création du parti, c’est permanent.

Qu’est que vous pensez de la stratégie de la candidature unique de l’opposition ?

B.S : Ouf ! Là vous posez une question qui divise l’opposition. Vous savez que sur cette question on n’a pas la même appréciation. De mon point de vue, tout est une question de tactique ou de stratégie de l’opposition dans son ensemble. Vous savez que l’opposition est plurielle. L’opposition est diversifiée… c’est un constat. Nous avons obtenu un tremplin qui est le statut de l’opposition, je ne parle pas du chef de file de l’opposition, je parle du statut de l’opposition. Il appartient donc à l’opposition de saisir au bond ce tremplin pour s’organiser et dégager une stratégie. Mon parti, l’UNIR/PS est un parti parmi tant d’autres de l’opposition. Mais à ce jour, je constate que les points de vue ne sont pas les mêmes. Il y en a qui pensent qu’il faut limiter les candidatures à 2 ou à 3.D’autres pensent qu’il faut ouvrir et qu’en ouvrant on peut arriver à un ballotage… Tout ça c’est des hypothèses. Mais de mon point de vue, je crois que l’unité, c’est au niveau du peuple. Si vous avez un projet de société, une projection qui coïncide avec les aspirations du peuple, et qui accepte de partager le combat que vous menez, je pense que c’est suffisant.

Par rapport à cette question de la candidature unique, certains de vos partenaires de l’opposition, disent, à la limite, que vous avez trahi en déclarant très tôt votre candidature alors que l’opposition pouvait se trouver un candidat unique. Me, pensez-vous avoir trahi ?

B.S : Comme je l’ai dit plus tôt, l’UNIR/PS est un parti responsable et souverain qui prend ses responsabilités quand il le faut et comme il le faut. Nous avons toujours dit que si l’opposition, quand je parle de l’opposition, je parle des 30 partis politiques de l’opposition qui ont fait officiellement leur déclaration d’appartenance à l’opposition politique. Le reste, je ne connais pas ! Si ces partis arrivent effectivement à une stratégie commune qui voudrait que l’UNIR/PS reverse dans cette stratégie ses réflexions et qu’on aille vers une candidature unique, nous sommes partant… Nous avons toujours proclamé que notre parti est né par l’unité et pour l’unité, pour ceux qui connaissent notre histoire… Ce n’est donc pas à notre niveau qu’il y a trahison, la trahison se trouve ailleurs. La question qui se pose à l’opposition dans son ensemble, c’est, est-ce qu’elle a une stratégie globale ? C’est vrai, il y a des tentatives, des pourparlers qui se mènent à l’heure actuelle et nous ne sommes pas contre. Nous serons cependant toujours contre là où on mène une politique politicienne qui nous met toujours en retard.

… Si tel était le cas, accepteriez-vous par exemple retirer votre candidature pour un candidat de consensus de toute l’opposition au cas où le choix ne se portait pas sur vous ?

B.S : Ce n’est pas une question de Me SANKARA. Déjà en 2005, nous avons fait l’expérience avec « Alternance 2005 ». Il y a des partis qui ont quitté la table des pourparlers, mais nous nous n’avons pas quitté. Ce que nous souhaitons, c’est trouver quelque chose de bien pour notre pays, que dans ce pays il y ait une alternance crédible. C’est le sens de notre combat.

Parlant de 2005, on sait que vous avez été 2e à cette présidentielle avec plus de 4% des suffrages des Burkinabé. Avec le recul, comment analysez-vous ce score ?

B.S : Un score est un score ! Maintenant, est-ce que c’est notre mérite d’avoir eu moins de 5% ou bien c’est un mérite de dire qu’on est arrivé 2e ? Je crois qu’avec le recul, ce que nous devons apprécier c’est l’Etat de notre démocratie et l’appréciation de la majorité des citoyens. C’est ça qui nous intéresse. Est-ce que, aujourd’hui, nous travaillons à la préparation de citoyen apte à prendre en main leur destin ? C’est ça notre préoccupation. Le parti politique doit travailler à cela. C’est ce que nous faisons à l’UNIR/PS.

Certains opposants et pas des moindres sont déclarés non partants officiels pour la présidentielle à venir…

B.S : Ah oui ? Moi, je n’en connais pas…

Il y a par exemple Me Hermann YAMEOGO…

B.S : Ah ! Il n’est pas des moindres ? Je ne savais pas (rires). J’apprends beaucoup de choses avec vous !

Alors, comment vous appréciez cette situation ?

B.S : Vraiment, je n’en sais rien. Je ne veux pas juger les autres. Dans mon parti, nous travaillons dans des instances qui prennent des décisions. Peut-être qu’il y a des partis politiques qui peuvent outrepasser les instances mais moi, il m’est difficile d’apprécier les décisions des uns et des autres. Chacun sait pourquoi il prend telle ou telle décision.

Vous êtes partant pour les présidentielles de 2010. Est-ce que selon vous les conditions sont réunies pour les élections transparentes et équitables ?

B.S : Franchement les conditions ne sont pas réunies. Mais mon problème, ce n’est pas au niveau des conditions. J’ai une autre vision au delà des conditions pour aller à des élections.

Quelle est cette vision ?

B.S : Pour moi, nous sommes en démocratie et cela quel que soit ce qu’on peut dire de notre démocratie, de part notre constitution nous sommes dans un multipartisme intégral. Ce qui fait que, à l’image de la presse, nous avons des partis politiques à la pele. Mais quand vous regardez, ils sont combien les partis politiques qui jouent effectivement leurs rôles constitutionnels ? Il y en a peu. Comparaison n’est pas raison. Chacun parle de ce qu’il sait. A l’UNIR/PS, notre position est que nous sommes né dans un contexte où le scrutin électoral est au centre de tout. Et nous travaillons à cela. Nous disons qu’une alternance ou une alternative, c’est le destin de tout un peuple qui se joue à travers des élections. Nous avons de ce fait travaillé à avoir une CENI et nous déplorons aujourd’hui, l’attitude de la CENI. Ce n’est pas pour autant que nous devons croiser les bras et ne pas lutter pour améliorer. Nous sommes de ceux qui pensent qu’il faut améliorer les conditions en dénonçant ce qui ne va pas... Il faut donner à notre démocratie la possibiité d’être une démocratie réelle et là c’est la responsabilité des partis politiques de l’opposition comme du pouvoir y compris la société civile.

On ne peut pas ne pas évoquer le sujet de la pétition et de l’article 37 ; il y a comme des moments de flottements entre l’opposition et les initiateurs de la pétition. Qu’en a-t-il été exactement ?

B.S : Je ne suis pas au courant de ces moments de flottements. Mon parti a fait une déclaration pour soutenir cette pétition.

Avez-vous signé cette pétition ?

B.S : Oui, j’ai été l’un des premiers signataires. Peut-être dans la discrétion.

Certains opposants ont refusé de signer cette pétition…
B.S : Je ne suis pas au courant puisque la liste des signataires n’a pas été rendu publique. S’ils n’ont pas signé, ils ont certainement leur raison que moi j’ignore. Si vous vous rappelez, le 17 février 2010, le groupe parlementaire ADJ a tenu ses premières journées parlementaires et le plat de résistance était la question de l’article 37. Au terme de ces journées une résolution a été prise tendant à créer un comité de pilotage pour lutter contre la révision de l’article 37. Maintenant, s’il y a des opposants qui sont pour la révision de l’article 37, ils ont leur raison. C’est ça aussi la démocratie.

L’UNDD, un des partis les plus visibles, ne fait pas partie des partis politiques affiliés au chef de file de l’opposition, le RDBEF de Ram OUEDRAOGO vient récemment de retirer son affiliation. Quels commentaires faites-vous de ces deux situations ?

B.S : C’est la liberté ! C’est ça aussi le Burkina. C’est pour ça aussi qu’on luttait pour avoir une loi, un statut qui a le mérite de clarifier le jeu politique et cela a été applaudi par l’opposition. Par exemple, le RDBEF de Ram qui s’est retiré… n’oubliez pas que les réunions du CPO se tenaient à « l’Espace OR » c’est-à-dire au siège du RDBEF. C’est ça aussi le Burkina : les gens veulent d’une chose et son contraire. Et ils ont été à toutes les grandes rencontres qui ont travaillé à l’avènement de cette loi. Hermann de l’UNDD, après les élections de 2002, le poste de chef de file de l’opposition devrait lui échoir. Et n’oubliez pas qu’en son temps, c’est lui-même qui a fait des projets de décrets pour demander l’application de la loi qui, en réalité, n’a pas changé dans le fond. Donc je ne sais pas ce qu’il reproche aujourd’hui à cette loi. C’est ce que les gens réclamaient, surtout l’opposition dont Hermann faisait partie de ce que vous appelez les ténors à l’époque. 10 ans après, il n’en veut pas… Alors, posez lui la question.

Combien de partis sont aujourd’hui affiliés au chef de file de l’opposition ?

B.S : Exactement 29, parce qu’il y en avait 30 et avec le retrait du RDBEF, on est à 29 partis politiques.

Avez-vous commencé vos activités de chef de file de l’opposition sur le terrain ?

B.S : On a commencé. Depuis que la loi a été promulguée. On a fait des conférences de presse pour dire qu’on n’attend pas, on commence. L’opposition voulait un statut, pouvoir se retrouver. Quand vous parlez de la candidature unique de l’opposition par exemple, si on ne se réunit pas, si on ne se retrouve pas dans un cadre, comment on peut aboutir à faire des propositions communes ? Je vous le dis, souvent, il y a des opposants qui s’opposent beaucoup plus entre eux. C’est ça aussi une des réalités avec laquelle il faut compter en tant que chef de file de l’opposition.

Avez-vous les moyens de votre politique en tant que chef de file de l’opposition ?

B.S : Les moyens de notre politique, c’est avant tout ceux de l’opposition. C’est-à-dire une volonté politique commune. A mon niveau et au niveau des autres partis, cette volonté existe. Nous-nous battons dans des regroupements d’abord informels comme le G14, comme le CPO. Le deuxième moyen de notre politique, c’est l’appui budgétaire que le gouvernement a accepté en disant que dans la mesure où c’est plus ou moins une institution, il appartient à l’Assemblée nationale d’appuyer le chef de file de l’opposition en faisant une ligne budgétaire qui est de 50 millions. Même si aujourd’hui, on n’a pas encore cet argent, on sait qu’on a lutté pour obtenir une résolution qui porte sur les avantages et les privilèges du chef de file de l’opposition dont un siège inviolable. Je crois qu’avoir à ce jour un siège pour toute l’opposition, un siège inviolable où on peut se retrouver et faire nos réunions, c’est preuve véritablement d’une maturité politique. Et le siège que nous avons obtenu se trouve sur l’Avenue du Président Maurice YAMEOGO. Il est en réfection et bientôt, nous allons ouvrir ses portes et travailler pour ceux qui veulent travailler. Ceux qui veulent rester au bord de leur piscine pour tirer sur les autres, eh bien nous prierons pour eux.

Autres questions politiques. M. Armand OUALI a été déchu de son mandat de député. D’abord en tant que juriste, comment analysez-vous ce qui est arrivé à cet élu ? Ensuite en tant que chef de file de l’opposition ?

B.S : J’ai dit à un de vos confrères qu’on ne danse pas devant la case du sorcier. Vous savez, je suis très jeune en politique.

Mais la réalité, le pragmatisme m’amènent souvent à dire avec nos devanciers qu’en politique, il faut toujours savoir anticiper. Par exemple vous avez dit que j’ai commencé à préparer très tôt la présidentielle. Savez-vous que les réformes politiques que l’Assemblée a opérées ont commencé en 2008 ? Et c’est en 2009 qu’il y a eu le couronnement avec principalement 5 lois qui portaient sur la révision de la Constitution pour mettre fin au nomadisme politique et je précise que c’est l’opposition qui y avait intérêt. C’est l’une des grandes revendications de l’opposition à laquelle la majorité a accédé suite aux tractations que nous avons menées à l’Assemblée. Il y a eu la révision du Code électoral avec les parrainages et autres, il y a eu également le statut du chef de file de l’opposition, la loi sur les quotas et des recommandations pour trouver des solutions à la cherté de la vie suite aux événements de 2008. Celui qui évolue en politique savait bien qu’avec l’adoption de la loi en 2009, la question du nomadisme est réglée. Sur le plan juridique, si une loi est votée et promulguée, elle entre en vigueur.

Ce qui est arrivé à mon collègue le député OUALI, c’est parce qu’on a prononcé sa déchéance après coup. Mais il y avait des cas avant lui qui se sont réglés sous l’empire de la loi non modifiée, c’est-à-dire la Constitution qui n’avait pas été modifiée. A l’UNIR/PS on avait ce cas avec le député BASSIERE et bien d’autres députés qui ont réglé leurs sorts avant que la loi ne soit promulguée. Si on a laissé la loi se promulguer pour soulever maintenant un débat juridique, je dis qu’il y a la loi où il y a l’esprit et la lettre. L’esprit de la loi pour moi, c’est la volonté politique de tous les acteurs, majorité comme opposition de mettre un frein au nomadisme politique. Au moment où la loi se votait, le député OUALI appartenait à la majorité présidentielle et a voté pour. Dans l’esprit, tout le monde est d’accord pour dire pas de nomadisme politique. Dans la lettre, c’est dire, est-ce que la loi était d’application immédiate ?

Ou bien il fallait attendre la fin du mandat ? Il y a donc deux types de juristes. Il y a ceux qui disent que la loi est d’application immédiate et ceux qui disent que la loi devrait s’appliquer avec une transition. Je pense que le législateur a gardé ce flou. Dans la loi, il n’a pas été spécifié des conditions transitoires, donc il revient au Conseil constitutionnel d’interpréter et la lettre et l’esprit et comme l’article 159 de la Constitution dit que la décision du Conseil constitutionnel est en dernier ressort… il a n’y pas une juridiction supérieure… vous comprenez quand je disais qu’on ne danse pas devant la case du sorcier. C’est pour éviter ces types de débats que nous autres avons réglé nos problèmes avant, parce que connaissant nos juridictions qui sont également dirigées par des hommes, comme dit un éminent juriste, qui ont leurs passions, leurs forces et leurs faiblesses… Aujourd’hui le débat est là.

Il fallait l’éviter. Enfin, je crois. Et on pouvait l’éviter. Sur le plan politique vous savez qu’il a rejoint l’opposition même si le parti auquel il appartient maintenant, à savoir l’UPC de Zéphirin DIABRE n’a pas à ce jour déposé auprès du chef de file de l’opposition sa déclaration officielle d’appartenance à l’opposition. En tout cas dans toutes leurs déclarations, ils disent qu’ils sont de l’opposition. Ce sera chose faite d’ici là je pense. Il faut travailler à moraliser la vie politique. Je suis aujourd’hui à la tête d’un parti politique et je souffrirais de voir qu’après des élections, mon parti ait eu un député qui quitte le parti pour aller ailleurs. C’est pour éviter cela que la loi a été votée et promulguée.

On sait que les anciennes colonies françaises célèbrent le cinquantenaire de leur indépendance. Qu’est-ce que cela vous inspire ?

B.S : Il ne fallait même pas être une colonie. Comme vous le dites, c’est des anciennes colonies, donc quand on parle d’anciennes colonies, on voit toujours des rapports de force entre la métropole et ses anciennes colonies. Aujourd’hui, les chefs d’Etat sont appelés aux Champs Elysées auprès de leur maître, je ne dirais pas ancien maître parce que Nicolas SARKOZY par rapport à son âge… C’est un rapport qui 50 ans après existe. Il ne faut pas se leurrer. Les rapports sont inégalitaires et c’est ce que nous dénonçons. Si vous avez la souveraineté, vous devez assumer votre entière liberté. Mais je pense que les Etats ont leur logique que, peut-être, nous qui sommes à l’écart ne maîtrisons pas. C’est pourquoi, aujourd’hui, il y a des chefs d’Etat comme Laurent GBAGBO qui refusent d’aller, certains pensent qu’il faut aller. Si moi j’étais chef d’Etat de ce pays, je n’allais pas partir. C’est la preuve que les Etats africains ont encore du chemin à faire. Il faut donc 50 ans après faire le bilan et avoir un œil critique sur nos rapports et accepter de regarder en face notre avenir pour que les populations sentent l’intérêt d’être indépendant et souverain.

Dans la dynamique du cinquantenaire,des activités sont déjà menées. Votre avis sur la manière dont les autorités abordent la question avec les conférences sur l’histoire du pays et les préparatifs à Bobo-Dioulasso ?

B.S : J’ai aimé particulièrement la conférence du Pr Basile GUISSOU. Je l’ai suivie à la télé et ça m’a beaucoup plu. Même si ce n’est pas dans ce cadre, toute conférence est instructive. On apprend toujours. Il y a des choses que je ne connaissais pas et que j’ai apprises à travers les conférences.

Une question à 1 F CFA dévalué. Me, qu’est-ce que, à votre avis, Thomas SANKARA aurait-il pensé de ces commémorations et qu’aurait-il fait ?

B.S : Je ne suis pas Thomas SANKARA. Je suis un adepte de sa pensée, de son action politique et je veux perpétuer sa pensée politique. Je crois que Thomas SANKARA, vu le sommet de VITEL, aurait dénoncé des rapports fondés sur l’injustice. Thomas SANKARA allait aussi mettre l’accent sur tout ce qui pouvait rapprocher le peuple français et nos populations. C’est ça qui est fondamental aujourd’hui. Thomas SANKARA aimant son peuple et aimant les autres peuples allait aller dans cette dynamique de rapprochement entre les peuples.

Quelle appréciation faites-vous de l’évolution politique en Guinée et en Côte d’Ivoire ?

B.S : En Guinée, je pense que c’est vraiment un grand pas. Des élections se sont déroulées et on s’apprête à aller voter au second tour avec des candidats qui ont leur chance. La Guinée vient de loin et l’essentiel c’est pouvoir sortir de là. En Côte d’Ivoire, ça piétine, mais, le contexte n’est pas le même. Mais je crois que la Côte d’Ivoire trouvera aussi son chemin. Seulement, pour ces deux pays, il faut déplorer toutes prises de pouvoir en dehors des voies légales.

Pour les élections présidentielles à venir, avez-vous un appel particulier à l’endroit de vos militants et sympathisants ?

B.S : Il n’y a pas d’autre appel que celui de la mobilisation et de la détermination et d’aller au charbon, mais sans se brûler.o

Idriss BIRBA et Fréderic ILBOUDO

L’Opinion

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