Ce, d’autant plus que le contexte de crise économique complique la donne en la matière. En effet, la communauté scientifique ainsi que les organisations de lutte sont unanimes pour déplorer un recul des financements. Le directeur du Fonds mondial de lutte contre le Sida, le paludisme et la tuberculose, Michel Kazatchkine, s’est, du reste, inquiété récemment de l’impact que la crise économique pourrait avoir sur la reconstitution prochaine du Fonds pour la période 2010-2013 (17 milliards de dollars à mobiliser). Une des conséquences de ce tarissement des financements, c’est que les laboratoires de recherche qui, d’ailleurs, raisonnent très souvent et avant tout en termes de marché et de profits, risquent fort de marquer le pas au grand dam des personnes infectées et affectées par le virus de l’immuno-déficience humaine.

Insuffisance de vision prospective en Afrique

Nul doute qu’un tel assèchement des financements pourrait impacter négativement la lutte si les acteurs ne se réorganisent pas. Car, s’il est vrai que l’on ne saurait, sous peine de cynisme, se réjouir d’un tel recul au regard du fait qu’il pourrait fragiliser les progrès en matière de lutte contre ce mal, on ne peut non plus s’empêcher de constater que cette situation comme bien d’autres, vient illustrer l’insuffisance de vision prospective en Afrique.

Il est vrai que l’Afrique a enregistré des progrès dont on peut se réjouir dans la lutte contre cette pandémie. Mais elle est encore le continent le plus touché et dépend énormément des financements octroyés dans le cadre du Fonds mondial mis en place pour lutter contre le sida, le paludisme et la tuberculose dont les principaux donateurs sont les pays développés. Le continent s’est contenté de s’abriter sous ce parapluie tendu par les autres et ne s’est pas donné suffisamment de peine pour mettre en place des alternatives crédibles à ces financements extérieurs. On a vécu, réfléchi et agi comme si ces financements étaient un acquis définitif et certains responsables de la lutte, souvent dans l’irresponsabilité totale, ont relégué la prise en charge réelle des personnes infectées au second rang, en se complaisant dans une lourde bureaucratie et autres mauvaises gestions du genre.

La lutte contre le sida fait pousser des ventres et des villas

D’aucuns s’exprimant sur la question de ces gestions déplorables des moyens alloués à la lutte, ont dit que la lutte contre la sida faisait pousser des ventres et des villas en lieu et place du soulagement et de l’espoir pour les malades. Tout porte à croire que l’Afrique n’a pas suffisamment tiré leçon de ce qui se passe dans les autres secteurs du développement.

L’Afrique n’a jamais véritablement pris au sérieux la recherche en ce sens que très peu d’initiatives sont prises pour la promouvoir et la valoriser. Les quelques bons résultats atteints auraient pu être encore meilleurs si tous les acteurs avaient mis vraiment tout leur coeur, dans cette lutte. De toute façon, il n’ y a plus trop de choix au moment où les propriétaires du parapluie font montre de moins de générosité. Il y a bel et bien au contraire, un impératif dans ce combat, celui de faire mieux avec moins de fonds. Et cela nécessite une prise de conscience et une responsabilisation plus accrue de tous les acteurs.

Relwendé Auguste SAWADOGO

Le Pays