LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Nous sommes lents à croire ce qui fait mаl à сrοirе. ” Ovide

PRESIDENTIELLE 2010 : Un citoyen aux futurs candidats

Publié le jeudi 15 juillet 2010 à 00h47min

PARTAGER :                          

Dans le point de vue ci-dessous, Lamoussa Koudougou fait des propositions sur les stratégies de conquête de l’électorat, notamment en ce qui concerne les projets de société.

En marche vers l’élection présidentielle du 21 novembre prochain, je voudrais, à travers ces quelques lignes, m’adresser à tous mes frères Burkinabè et plus particulièrement les candidats à cette élection. Je voudrais tout d’abord rappeler le fait que notre pays, compté parmi les pays les moins avancés, cherche depuis quelques années le chemin de la prospérité.

Aujourd’hui, je dirais que le Burkina a trouvé la voie qui passe d’abord par la quête de la démocratie. Ma préoccupation, dans ces lignes, est de savoir où nous en sommes sur ce parcours. Je n’ai pas la prétention de l’évaluer mais celle de faire une observation. Par la suite, je m’intéresserai aux lueurs d’espoir de progrès que reflètent les projets ou programmes de société des candidats. Sans me tromper, je peux affirmer que tout le monde au Burkina s’accorde à dire que la démocratie est la voie à suivre. Car c’est par elle qu’on pourrait asseoir la stabilité politique, la paix sociale. Et c’est dans la paix que nous pouvons tous bâtir un Burkina prospère. Les Rwandais, les Sud-africains et aujourd’hui nos frères ivoiriens ne me contrediront pas sur ce point.

Bien que le Burkina ne connaisse pas de problèmes à ce niveau, stabilité politique, paix sociale et le reste, je ne dirais pas que c’est par la qualité de notre démocratie, mais plutôt par notre chance. Car la démocratie au Burkina Faso est appréciée différemment de part et d’autre, et donc souffrante. En effet, pour les uns, le chemin vers la démocratie, emprunté par le Burkina, est un processus qui est lui-même démocratique. Pour les autres, il n’existe pas de démocratie véritable à tous les niveaux.

Ces divergences dans la notion de démocratie, de mon point de vue, sont logiques car elles dépendent des différentes écoles en la matière. La démocratie au sens du Marxisme n’a pas le même contenu que celle de Rousseau, de Proudhon ou de Platon à l’origine. Toutefois, il convient d’harmoniser notre lecture du vécu de la démocratie au Burkina Faso, car cette situation égare les populations et cela se traduit par leur faible participation au scrutin électoral. L’histoire de la pensée humaine renferme beaucoup d’exemples de cas de divergences de perception entre théoriciens ou praticiens d’un même domaine et dans ces cas, pour progresser, il a fallu s’accorder sur une vision commune des choses. Par exemple, quand on dit "vert", qu’il n’ y ait pas quelqu’un qui voit du rouge. La Tour de Babel ne fut pas élevée suite à l’incompréhension entre bâtisseurs.

S’entendre sur la démocratie à asseoir

Eu égard à cela, je pense que l’édification du Burkina requiert que tous, Burkinabè, hommes politiques notamment, s’asseyent sur la même table pour s’accorder sur les déterminants et le contenu de la démocratie au Burkina Faso. Ne nous gênons pas de repartir en arrière sur un débat qui devrait être normalement "dépassé". Je trouve cela en phase avec la situation actuelle de notre pays, un pays moins avancé, pour ne pas dire arriéré. Encore que nous ne nous comprenons pas sur le chemin de sa construction ! Si cela est fait, les Burkinabè pourront désormais mieux se prononcer sur les comportements démocratiques de chaque concitoyen et concitoyenne, sans manipulation quelconque.

Une fois que nous nous sommes entendus sur la démocratie à asseoir au Burkina Faso à l’image de ce qui vient d’être développé, les lueurs d’espoir de progrès doivent apparaître à travers les projets ou programmes de société proposés par les candidats aux élections et qui sont supposés changer les conditions de vie des Burkinabè. Et, il est important de se demander si les projets de société des uns et des autres répondent aux besoins vivement ressentis par les populations. Ce que je peux dire, c’est que ces projets ou programmes prennent en compte, à la fois ou non, à mon sens, deux types de priorités différentes par leur expression et qui ne se correspondent toujours pas. Il s’agit des priorités nationales et des priorités des populations. Je m’exprimerai ultérieurement sur la différence que je fais entre ces priorités.

Qu’il s’agisse de l’une ou l’autre des priorités, je pense que les projets ou programmes des candidats doivent résulter d’une large consultation des populations pour bâtir un Burkina favorable à tous, à l’instar des processus d’élaboration des documents de politique nationale de développement. Et ce, parce que les populations sont mieux placées pour dire ce dont elles ont besoin, même en majorité analphabètes. Ce faisant, elles se sentiront concernées par lesdits projets ou programmes qui bénéficieront de leur adhésion. Je vois toutes les difficultés, financières notamment, qu’il y a à procéder ainsi, et c’est pourquoi le terrain politique demande beaucoup de sacrifices. Qui n’est pas disposé à en consentir, ne devrait pas y aller. Ceci étant dit, si toutes les formations politiques consultent les populations pour l’élaboration de leur projet, il n’y aura pas de différences fondamentales entre les programmes proposés, les informations recueillies par un parti étant sensiblement égales à celles reçues par l’autre.

L’absence de différences dans le fond entre les programmes montre que les candidats aux élections ont la même vision de la satisfaction des besoins des populations. Cela pourrait engendrer quelques faits. Tout d’abord, la confiance des populations envers tous les candidats, du parti au pouvoir comme de l’opposition, sera renforcée. Et alors, l’alternance démocratique que prônent certains sera une réalité. Ensuite, l’on pourrait assister à des fusions ou carrément à la disparition de certains partis politiques, pour peu que ces derniers se rendent compte qu’ils détiennent le même programme de société.

Et cela est souhaitable pour moi comme pour bien des Burkinabè qui pensent que le nombre de partis politiques au Burkina est élevé. Enfin, les candidats malheureux des élections peuvent être partie prenante du projet ou programme de société du vainqueur qui ne diffère pas fondamentalement des leurs. Il en résultera une synergie d’actions entre formations politiques toutes confondues pour le progrès d’ensemble. Pour terminer, je dirais que ce n’est pas la solution de l’équation du problème de l’article 37 de la Constitution, et que sais-je encore, qui importe. Le dénigrement entre candidats aux élections lors des campagnes électorales n’est que source de mésentente et de désaccord. Ce qui compte, de mon point de vue, c’est s’entendre, dans la diversité de partis politiques, pour favoriser le travail collectif sur la construction du Burkina.

Lamoussa KOUDOUGOU, lamoussajeanpierre@yahoo.fr

Le Pays

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 15 juillet 2010 à 11:29, par bawala En réponse à : PRESIDENTIELLE 2010 : Un citoyen aux futurs candidats

    merci Lamoussa , je vous sens très préoccupé pour ce pays que vous aimez sûrement.Seulement le systeme est très très très verrouillé en sorte que même Blaise n’a plus la bonne combinaison de la serrure. Il ne contrôle plus rien sauf le quotidien sécuritaire de son palais et ses comptes et reserves financières. j’ai eu la même analyse et la même conclusion que vous en un certain moment.Tenez vous bien que ma déception est venue de l’opposition politique intimidable,ignorante et marchandable.Notre pays mérite le genre de régime comme celui de Blaise( le dosage savant de la terreur,du gâteau et de la dupperie ) ; mais un jour viendra, un bon ou mauvais jour( tout dependra) où tout va changer et peut être terriblement.Dommage nous seront tous victimes. Que Dieu te benisse mon frère et prions pour que rien de tout ce qui presente à l’horizon(blaise qui meurt au pouvoir et que par la suite Chantal ou Djamila ou à defaut françois compaoré au pouvoir)ne se réalise pas. amen !!! ton autre frère Burkinabé.

  • Le 15 juillet 2010 à 13:04, par Grand N’Jork En réponse à : PRESIDENTIELLE 2010 : Un citoyen aux futurs candidats

    Merci pour votre point de vue et a l’avenir, n’attendez pas l’approche des elections pour contribuer a la vie socio-politique de votre pays, faites plutot de cela une habitude quotidienne.

  • Le 15 juillet 2010 à 15:55 En réponse à : PRESIDENTIELLE 2010 : Un citoyen aux futurs candidats

    Jean-Pierre, je vous écrirai plus longuement sur votre mail pour dire que votre idéal ne peut, à l’heure actuelle, s’appliquer au Burkina Faso, tellement une grande majorité de nos concitoyens et concitoyennes sont méchants, mesquins, et médiocres. Tant que nous n’aurons pas anéanti ces trois défauts propres au Burkinabé en particulier, votre optique qui est vraiment l’idéal pour amorcer un véritable développement est un leurre. Nous les burkinabé, nous n’avons pas les qualités d’une nation disposée à vivre ensemble. Pourquoi par exemple ne pas laisser notre Président Blaise en place et ensuite que chacun mette en place son plan de développement en faveur du pays. A 4 mois de l’élection présidentielle, aucun programme d’aucun candidat, sauf celui du "progrès continu" n’est connu. Et encore..... Je m’arrête là pour ne pas exploser de colère...

    • Le 15 juillet 2010 à 19:45 En réponse à : PRESIDENTIELLE 2010 : Un citoyen aux futurs candidats

      c’est votre prétendu "progrès continu" qui nous toujours valu la queue dans le concert des nations. il faut plutôt un véritable changement à la tête du pays pour que tout le reste du corps suive

  • Le 15 juillet 2010 à 17:47, par ALT En réponse à : PRESIDENTIELLE 2010 : Un citoyen aux futurs candidats

    En complément à ce que ce lecteur a écrit, je vous repropose mon propos du début de semaine. Le voilà :

    Pauvre du Burkina ! Quand est-ce que les burkinabè cesseront ils de perceverer dans cette politique du "quittes que je m’y mette pour manger" ? A mon avis, tous les opposants et soi-disant opposants de ce pays savent très bien que l’alternance si elle est réalité un jour au burkina ne sera jamais du fait de leurs actions et actes multiformes, mais d’ailleurs. Pourqoui ? Ils poursuivent individuellement un objectif inavoué, mais en général egoïste, pas plus. Sinon, je crois quand même que ce pays n’est pas tant maudit, et je vois vraiment une possibilité de se débarasser de ce régime si l’on se met juste un tout petit peu au serieux. Laquelle ? Regardons autour de nous, quel politicien est à mesure de mobiliser, rassembler en toute objectivité, tenir, animer et financer une serieuse campagne présidentielle (tant il a un porte feuille d’adresses suffisamment fourni à l’exterieur, une bonne assise politique, un crédit de confiance dans ce burkina, ...) ? Quel politicien dans tout ce theatre de soi disant opposants mérite aujourd’hui la confiance des burkinabè toutes appartenances idéologique, politique, ..., confondues, et qui en cas vraiment d’élection à la magistrature suprême peut faire prospérer ce pays ? A mon humble, je ne vois qu’un seul : Arba DIALLO !

    Et, Burkinabè, imaginez que nous nous mettions tous derrière ce homme, que tous les partis dits de l’opposition renonce à leur candidature à la présidentielle pour soutenir une seule et unique candidature face à Blaise Compaoré, celle d’Arba DIALLO, je crois qu’avec toutes les astuces des experts en bourrages d’urnes, malgré la complicité du MATD et de la CENI ? Il n’y a rien à faire, nous deposons Blaise et bonjour l’aternance dans ce pays. Arba DIALLO, je crois aussi que c’est pas gérer ce pays qu’il ne pourra pas faire. Les sceptiques n’ont qu’a jeter un petit coup d’oeil sur la gestion de la mairie de Dori, même les CDP qui au départ lui mettait des batons dans les roues sont aujourd’hui émerveillés par la clairvoyance et le travail abbatu.

    S’il vous plaît, juste taire nos intérêts égoîstes et se rassembler derrière quelqu’un de crédible, solvable et sérieux et l’alternance est possible.

    • Le 15 juillet 2010 à 19:52 En réponse à : PRESIDENTIELLE 2010 : Un citoyen aux futurs candidats

      arrêtez de plaisanter et cessez d’incriminer gratuitement tous les opposants ; nous voulons un opposant pour l’alternance au pouvoir.

    • Le 15 juillet 2010 à 21:34 En réponse à : PRESIDENTIELLE 2010 : Un citoyen aux futurs candidats

      J’irai voir à Dori comme le sahel est devenu une plaine verdoyante et après je reviendrai vers vous pour le débat. Les burkinabé sont tellement méchants, médiocre et mesquins qu’aucun n’acceptera votre proposition. Les peuples ont les dirigeants qu’ils méritent. Donc laissez-nous notre Blaiso National.

  • Le 15 juillet 2010 à 18:19, par bibais En réponse à : PRESIDENTIELLE 2010 : Un citoyen aux futurs candidats

    Ok, merci beaucoup Lamoussa, c’est bien, c’est beau, je t’applaudit d’aimer tant ton pays, blah, blah...
    Ton analyse et tes suggestions seraient les bienvenues surtout avant 2010, mais mieux vaut tard que jamais.
    Je suis desole, mais suis d’avis avec mon frere qui a decele les 3 defauts du burkinabe. j’en ajoute l’egoisme et la jalousie. Si je ne m’arrete pas la,j’ai bien peur qu’on me taxe d’apatride ou... alors que j’aime beaucoup mon pays.
    Lamoussa, la democratie et le developement ne sont pas des miracles, mais ne s’obtiennent pas non plus par coup de baton magic. C’est une combinaison de volontes individuelles, et partant, de celles collectives.
    Mais qui ne sait pas ce qui se passe au Burkina d’aujourd’hui ? Les mediocres cohabitent avec le succes, et les plus meritants broient du noir a longueur de journee. La politique est devenue un metier afin de vivre comfortablement, si bien que l’opposition et le pouvoir ne sont plus distinctifs.
    Le regne du tube digestif ("ventrocratie") et celui du bas ventre ("libidocratie")...
    Je prefere m’arreter la, de peur d’etre victime d’attaque cardiaque.
    Lamoussa, la democratie et le developement ne sont pas des mots, mais des comportements.
    Que Dieu sauve le Burkina Faso !!!!!!!!!!!!

  • Le 15 juillet 2010 à 23:23 En réponse à : PRESIDENTIELLE 2010 : Un citoyen aux futurs candidats

    Malheureusement, l’ecrit de M. Lamoussa ne concerne pas le Burkina. Cela ressemble à un document destiné à un pays où la democratie est bien ancrée.
    Pour notre cher pays, le changement politique ne viendra jamais par les urnes. Tous les observateurs serieux et avertis de notre histoire politique et militaire recente vous le confirmeront, preuves à l’appui.
    Mais la democratie s’incrustera tres bien au Faso, mieux que celle que certains ont connu avec le general Sangoule Lamizana.

  • Le 24 juillet 2010 à 16:37, par gobnangou En réponse à : PRESIDENTIELLE 2010 : Un citoyen aux futurs candidats

    Pour la definition de la democratie au burkina, qu est ce que tu as developpe monsieur ?
    Rien. Donc arretons de piailler monsieur jean pierre.
    Le burkina n a pas de democratie et n en aura pas tant que Blaise sera au pouvoir car il simbolise la presence de l armee dans les affaires d Etat.
    Quelle democratie est compatible avec une tete militaire ?
    Pourquoi se masturber l esprit tout en sachant que le Burkina n a qu un probleme aujourd hui ? le Compaore Democratic Parti (CDP) ?
    ALT parle de Arba Diallo. Il essaie de developper Dori mais est ce suffisant pour croire qu en le presentant a une presidentielle, il va gagner ? Tu rigoles et la nous ne sommes pas a un probleme d individu mais un systeme qui bloque tout.

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Burkina Faso : Justice militaire et droits de l’homme
Burkina Faso : La politique sans les mots de la politique
Le Dioula : Langue et ethnie ?