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FAMINE AU NIGER : Où sont passés les bons samaritains ?

Publié le jeudi 8 juillet 2010 à 00h42min

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Comment faire pour atteindre les prochaines récoltes en restant vivant ? Cette question existentielle, bien des populations du Sahel se la posent. Niger, Burkina, Tchad et Mali, voilà les quatre pays où les populations rurales vivent une situation de crise alimentaire, dans des proportions différentes.

A l’évidence, c’est au Niger que le problème semble se poser avec acuité. Des organisations sous-régionales et internationales ne manquent pas d’ailleurs d’attirer l’attention sur cette situation préoccupante. La dernière alerte, donnée le 23 juin dernier, est alarmante : "A l’entrée de la campagne agricole 2010-2011, la situation alimentaire et nutritionnelle au Sahel, déjà préoccupante, risque de se dégrader en particulier en milieu agro-pastoral au Niger et au Tchad si les promesses ne sont pas tenues et des appuis supplémentaires apportés". C’est clair, le Sahel a faim, mais peu de gens sont sensibles à sa détresse.

Car depuis la chute du président Mamadou Tandja qui avait caché le problème alimentaire, les projecteurs ont été braqués sur le Niger et l’alerte donnée. Mais la situation demeure fragile en raison surtout de l’insuffisance de la réponse apportée. Le problème n’est pas la disponibilité des vivres, mais leur accessibilité par les couches les plus défavorisées. Ce qui veut dire que les opérations de vente des vivres à prix social n’ont pas atteint leurs objectifs. En général, les vivres destinés aux plus démunis sont rachetés par des commerçants et revendus sur le marché à un coût exorbitant. Dans la plupart des pays sahéliens, ce phénomène est récurrent. Il s’agit tout simplement d’un laxisme dans la gestion et la distribution des stocks. Alors, que faire face aux menaces graves qui pèsent surtout sur les enfants et les femmes enceintes ou allaitantes ?

Car en dépit de ses énormes gisements d’uranium vendus à prix d’or, le Niger n’a pas les moyens de nourrir convenablement son peuple, sans l’aide internationale. Cette crise alimentaire est à la fois conjoncturelle et structurelle. De sorte qu’aux mesures d’intervention urgentes doivent se greffer d’autres inscrites dans le moyen et le long termes. La junte au pouvoir, venue pour régler un problème politique, se voit contrainte de gérer une crise alimentaire. Pourra-t-elle mener efficacement les deux combats de front ? Déjà, la commission électorale a dû reporter la présidentielle en janvier 2011 pour se donner toutes les chances de bien l’organiser. Ce qui, en soi, est un acte de prudence. Mais il apparaît nécessaire de respecter ce chronogramme, en vue de permettre à la nouvelle administration de prendre à bras le corps la question de l’insécurité alimentaire.

Le Niger doit sortir définitivement de ce cycle de famines. Cela passe par la fin de la politique de la main tendue. Le réflexe de bien des dirigeants africains, et surtout sahéliens, est d’appeler à l’aide à chaque crise alimentaire, sans cependant songer à mettre en œuvre une stratégie devant conduire à une autosuffisance alimentaire. En cette année du cinquantenaire des indépendances, l’Afrique demeure l’un des derniers continents qui soit incapable de se nourrir. Ce problème a été résolu par les autres peuples jadis en retard, qui sont passés à un autre stade du développement. Par ces temps de récession mondiale, les bons samaritains seront de plus en plus rares. A chaque continent de prendre son destin en mains.

Mahorou KANAZOE

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 8 juillet 2010 à 15:38, par Yunus En réponse à : FAMINE AU NIGER : Où sont passés les bons samaritains ?

    Tout le monde le sait et le dit à l’occasion, le devéloppement de l’Afrique passera celui de l’agriculture ou ne sera. Les responsables nationaux le savent très bien. Et pourtant, ils sembleent ne pas faire grand chose pour cela. Si nous prenons simplement les pleines et les bas-fonds aménageables, à peine 20% seulement sont exploités actuellement au Burkina. Les pleines du lac Bam et bien d’autres encore sont presqu’entièrement vierge. Alors qu’il y a à manger et bien manger dedans, pour mieux vivre. Tout est une question de volonté politique et surtout d’indépendance politique réelle. Je ne parle pas de l’indépendance factice dont nous nous préparons à fêter le 50naire. Non !

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