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IMPRIMERIE NATIONALE : Les ex-travailleurs attendent toujours leurs droits

Publié le jeudi 8 juillet 2010 à 00h42min

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La rédaction des Editions "Le Pays" a reçu un groupe de 6 ex-travailleurs de l’Imprimerie nouvelle du Centre, ex-Imprimerie nationale du Burkina (INB), le mercredi 7 juillet 2010. L’objectif de leur déplacement au journal était de porter à la connaissance de l’opinion nationale et internationale la situation des ex-travailleurs de l’INC depuis sa fermeture, en 2002, jusqu’à nos jours.

Ils étaient 6 ex-travailleurs à se rendre à notre rédaction le mercredi 7 juillet 2010 pour décortiquer la situation insoutenable que traversent la centaine d’employés licenciés en 2002 par leur employeur Jérôme Tintanga Ilboudo dit Tintin et évoquer les actions entreprises afin que les travailleurs entrent en possession de leurs droits.

Des actions qui sont restées vaines selon les 6 personnes, à savoir Hubert C. Bougaïré délégué du personnel, Augustin Compaoré, délégué syndical CGT-B (Confédération générale de travail du Burkina), Barthelémy Ouédraogo, délégué syndical ONSL (Organisation nationale des syndicats libres), Marguerite Diaouari et Adama Ouédraogo. Selon le porte-parole du groupe, Hubert C. Bougaïré, l’Imprimerie nationale du Burkina a été créée en 1964 et privatisée puis rétrocédée le 10 août 1999 au nouveau repreneur à savoir, l’Imprimerie nouvelle du Centre (INC) dont le responsable est Jérôme Tintanga Ilboudo. Depuis cette date, l’imprimerie a vu sa situation économique, financière et sociale se transformer en une descente aux enfers. Baisse continue de la productivité, soustraction frauduleuse de machines, retard de paiement de salaires, etc. Situation qui a conduit à la fermeture de ses portes le 15 septembre 2002.

’’Depuis 2002, les travailleurs ont été tournés en rond. Et jusqu’à nos jours, nous ne savons pas à qui nous adresser pour être satisfaits. Nous n’avons pas eu les droits locaux, ni les indemnités de licenciement, de fin d’engagement, que nous estimons à 800 millions de F CFA pour l’ensemble des travailleurs. Pendant ce temps, nous continuons de subir des décès, des dislocations de foyers et nos enfants sont dans la rue faute d’argent pour les scolariser.

Nous voulons une oreille attentive à nos préoccupations", indique M. Bougaïré. L’INB a été vendue à 325 millions de F CFA, mais le repreneur n’a versé que 200 millions, a-t-il précisé. Selon ses explications, la convention entre l’INC et l’Etat n’a jamais été appliquée ni dénoncée. Quand le ministère du Commerce a voulu dénoncer cette convention, certains opérateurs économiques se sont immiscés dans le dossier, a-t-il révélé, avant d’ajouter que lorsque les travailleurs les ont rencontrés, ceux-ci ont fait savoir qu’ils n’avaient pas compris le fond du dossier et ont promis d’aider les travailleurs qui, jusque-là, ne voient pas évoluer le dossier. Selon Hubert C. Bougaïré, les ex-travailleurs de l’INC ont mené diverses actions dont des sit-in, afin que les autorités se penchent sur leur situation, en vain.

Des promesses non tenues

A en croire M. Bougaïré, c’est le ministère du Travail qui a d’abord saisi la Cour d’appel à travers une sentence arbitrale au lendemain de la fermeture de l’INC. Une sentence que "Tintin", leur employeur, a attaquée parce qu’il pensait ne pas devoir aux travailleurs car il estime avoir payé l’entreprise pour 3 ans et ne se sent donc pas concerné par le passif. Ce qui est contraire au contenu de la convention de cession, a-t-il dit. Cette sentence que les travailleurs ont aussi attaquée a été, selon les dires de M. Bougaïré, annulée par la Cour d’appel qui a signifié aux travailleurs que le conflit qui les oppose à leur employeur est individuel et non collectif et que chaque travailleur devrait se pourvoir autrement. Cette sentence a été donc renvoyée au Conseil d’Etat en 2007, qui, une année après, s’est déclaré incompétent en renvoyant les travailleurs à la chambre sociale de la Cour de Cassation où se trouve actuellement le dossier.

Pas de lueur d’espoir

M. Bougaïré a indiqué que les travailleurs ont rencontré toutes les autorités qu’il fallait mais aucune lueur d’espoir ne se profile à l’horizon. "Nous avons été embourbés dans un conflit de ministère de Travail, d’arbitrage et de justice. Nous avons adressé une lettre au président du Faso en 2008 mais c’est toujours le silence radio . Nous avons entendu dire que dans le cadre des négociations gouvernement-syndicat, une solution allait être trouvée à notre problème mais jusque- là, rien, nous attendons toujours." Selon Hubert C. Bougaïré, la falsification des documents tels que les cartes grises, les diplômes qui se fait actuellement, est liée au fait que l’INB a été fermée.

Pour lui, l’Etat a commis une erreur en fermant l’INB car elle avait non seulement les compétences mais aussi un système efficace de fonctionnement qui permettait d’éviter les falsifications des documents. " Il existe dans tous les pays, une imprimerie nationale. Ce qui n’est pas le cas chez nous. Nous avons une douzaine d’imprimeries dans les ministères mais cela ne permet pas d’établir des documents dans une confidentialité totale". Pour le porte-parole du groupe, les ex-travailleurs souhaitent que l’Etat se penche sur la situation de l’imprimerie nationale car l’état dans lequel elle se trouve de nos jours laisse à désirer.

Des propositions de solutions

Il a par ailleurs proposé qu’a défaut de redémarrer les machines, qu’on les vende pour payer les droits des travailleurs. Avec ses 27 ans de service, M. Bougaïré dit attendre quelque chose de l’Etat. Les autres membres du groupe ont aussi embouché la même trompette. Sans dévoiler les futures actions de lutte, les ex-travailleurs de l’INC disent compter sur le ministère du Commerce et celui du Travail car ils pensent que dans le respect des lois, ces deux ministères de même que celui des Finances, doivent pouvoir trouver des solutions à leurs problèmes. Quant à leur employeur, les travailleurs affirment ne l’avoir jamais rencontré pour discuter du problème.

Car il leur aurait confié qu’il ne peut pas traire le lait mais peut le verser. Ce qui selon eux, se vérifie car à chaque fois que le dossier avance, il utilise ses relations politiques pour le bloquer. "A chaque fois que nous tentons de le rencontrer, il nous dit qu’il ne nous connaît pas, qu’il ne nous a pas embauchés, que notre employeur est l’Etat. Il a même envoyé une liste à la Caisse nationale de sécurité sociale pour dire qu’il ne nous connaît pas", a déclaré M. Bougaïré. Conséquence, les travailleurs qui ont l’âge d’aller à la retraite ont des problèmes pour constituer leurs dossiers de pensions du fait qu’ils n’ont pas tous les documents nécessaires notamment ceux attestant qu’ils ont été licenciés et les certificats de travail.

Pour Adama Ouédraogo, membre du groupe , les ex-travailleurs de l’INB sont des sinistrés dans l’ombre. Ce dernier dit ne pas comprendre qu’on parle de droits de l’homme, des enfants et des femmes et pendant ce temps, des familles entières vivent dans la misère avec des enfants dans la rue. Il a souhaité que des solutions idoines soient trouvées à leur problème pour que les ex-travailleurs et leurs familles ne meurent pas dans l’indignation, la misère et le silence des décideurs.

Dabadi ZOUMBARA

Le Pays

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