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CONCOURS D’EXCELLENCE AU PRIMAIRE : "Toutes les classes devraient être concernées"

Publié le mercredi 7 juillet 2010 à 00h48min

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L’auteur de l’opinion ci-dessous propose que les règles du concours d’excellence au primaire soient revues, afin de permettre la participation des classes autres que celles du cours moyen.

Un jour, un enseignant tint à peu près ce langage à ses 75 élèves : "Je viens d’obtenir un nouveau portable. Je donnerai mon ancien portable à celui d’entre vous qui résoudra le problème que je vais porter au tableau !" Cet enseignant veut probablement, par une saine émulation, stimuler les capacités de réflexion de ses élèves, magnifier l’excellence !

Cela part d’un bon naturel pédagogique. Seulement, ce qu’il ignore est que dans ce contexte, il n’embarque qu’une infime partie de sa classe, une dizaine d’élèves peut-être : ceux d’entre eux qui se sentent capables de résoudre correctement un problème arithmétique. L’immense majorité des élèves, ayant développé ce que les psychologues appellent "l’impuissance acquise", se voyant incapables de résoudre "un problème à un portable" font semblant de travailler, attendant que les choses passent… En vue d’accompagner cette prédisposition des praticiens à améliorer la qualité de l’enseignement, le MEBA a initié depuis les années 1990 un concours d’excellence à l’école primaire qui a été formalisé par l’arrêté N° 98-159/MEBA/SG du 15 décembre 1998.

Depuis lors, le concours ne concerne que les élèves du cours moyen et les modalités de sélection des meilleures écoles n’ont guère varié, ce qui distille un sentiment de lassitude sur le terrain. Au regard des évolutions significatives que connaît le système éducatif en pleine refondation, il paraît nécessaire de dynamiser le dispositif du concours afin de lui garantir l’atteinte du légitime objectif qu’il est sensé poursuivre. C’est pour apporter ma modeste contribution à une éventuelle réflexion sur le sujet que je fais les propositions suivantes :

Varier les bases de choix des meilleures écoles

La sélection des meilleures écoles s’opère à partir de leurs taux de réussite à l’examen du Certificat d’études primaires (CEP) et à la réalisation d’activités péri et para scolaires. Cette explicite interpellation des enseignants de cette classe engage ceux-ci, non seulement à déployer une somme importante d’énergies par une assiduité remarquable aux cours, mais également à imaginer des stratégies novatrices d’enseignement et des formes inédites d’organisation qui impliquent les autres collègues, élèves et parents, créant ainsi une union sacrée autour de la qualité de l’éducation. C’est là l’une des forces du concours de l’excellence. En effet, il n’y a d’excellence que par la voie qui y mène.

Et sans un engagement conséquent des enseignants qui éclairent la voie, il ne saurait y avoir d’excellence ! Au regard de l’article 4 de l’arrêté ci-dessus cité qui stipule : « De nouvelles catégories du concours peuvent, si nécessaire, être créées pour les besoins d’amélioration de l’administration de la vie scolaire. », d’autres variables peuvent être prises en compte dans la sélection des meilleures écoles, telles le taux de promotion, les taux de déperdition (redoublement, abandon), la salubrité, la production, etc. Ce faisant, les praticiens sont directement invités à participer à la gestion des préoccupations majeures du moment du système.

Etendre le concours aux élèves de toutes les classes

Une variable spécifique qui mérite d’être mise en exergue en raison de l’impact qu’elle peut avoir sur le système est le fait d’étendre le concours aux autres classes. L’article 2 de l’arrêté dit que le « concours d’excellence est organisé chaque année à l’intention des élèves et des écoles du Burkina Faso ». Par conséquent, toutes les classes devraient être concernées. En plus du CM2 qui peut demeurer une constante du concours, eu égard à son caractère terminal, on peut remplacer le CM1 tantôt par une classe du cours préparatoire tantôt par une du cours élémentaire.

Les avantages avérés de l’introduction de cette variable spécifique sont que les jeunes élèves goûteront très tôt aux délices de l’excellence et les enseignants de ces classes, à l’instar de leurs collègues du CM2, s’orienteront résolument vers la conception de pratiques pédagogiques porteuses pour la réussite du plus grand nombre de leurs élèves. En outre, ils deviendront de plus en plus des enseignants réflexifs, c’est-à-dire capables d’expliquer, de justifier et de valider en toute circonstance leurs choix pédagogiques.

Instituer un cadre de partage de bonnes pratiques pédagogiques.

Nous avons en mémoire ces enseignants qui se sont spécialisés dans la conduite de classes et qui ont quitté le système en silence, emportant avec eux leurs secrets pédagogiques. Nombreux sont actuellement les enseignants qui, au quotidien, ne cessent d’innover pour que réussissent leurs élèves. Créer un cadre d’échange des astuces pédagogiques entre les enseignants serait un moyen d’alimenter le système, donc de créer l’excellence.

Il s’agit formellement d’amener les enseignants à présenter leurs inventions en matière de bonnes pratiques à une tribune régionale, puis nationale. De la séance pratique d’apprentissage, de la tenue du premier crayon de papier au CP1 (cela aussi s’apprend !) aux dispositions pratiques à prendre pour un fonctionnement optimal du « Gouvernement des enfants », il y a de la place pour une infinité de pratiques pédagogiques que les enseignants (seuls ou en groupes) peuvent expérimenter, formaliser et présenter au cours de ces fora et recevoir des distinctions.

Enseigner, c’est communiquer à des apprenants des stratégies éprouvées capables de les amener à développer des aptitudes et le goût d’apprendre, de comprendre, de retenir et, à terme, de créer. L’acquisition de ces moyens pédagogiques se déroule dans une telle complexité situationnelle qu’elle n’est jamais stabilisée une fois pour toutes. L’excellence, qui n’est pas la perfection, n’est pas un aboutissement et ne peut donc être une fin en soi. Elle est une quête permanente, un voyage sans fin…

Tiri Ernest CONOMBO Coordonnateur du programme santé scolaire à la FDC/BF ertiri2000@yahoo.fr

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 13 juillet 2010 à 20:39, par afrika7444 En réponse à : CONCOURS D’EXCELLENCE AU PRIMAIRE : "Toutes les classes devraient être concernées"

    je trouve cet article trés intéressant.l’éducation dans votre pays est trés importante. je connais des écoles prés de Gaoua ou les enseignants font un travail énorme pour apporter l’éducation aux enfants qui sont la richesse de votre pays.bravo pour cela et continuez.

  • Le 14 juillet 2010 à 12:36, par Héros En réponse à : CONCOURS D’EXCELLENCE AU PRIMAIRE : "Toutes les classes devraient être concernées"

    Merci mr CONOMBO pour cette clairvoyance. Le MEBA gagnerait à revoir le mode de selection ses “excellents”.Je vois mal un enseignant faiseur de prodiges faire du 100/100 au CEP s’il hérite d’une classe sans base.Le cycle est un tout et parfois certains enseignants sont intérieurement conscients qu’ils doivent leurs lauriers à l’ardeur au travail de les collègues. Comment motiver objectivement ???? La reflexion reste à pousser !!!

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