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Présidence de la Commission de la CEDEAO : Les débats achoppent sur les critères d’élection

Publié le lundi 5 juillet 2010 à 00h40min

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Le trente-huitième sommet ordinaire des chefs d’Etat, censé aboutir à la désignation des responsables des organes de la Commission de la CEDEAO, n’a pas atteint ses objectifs. Réunis sur l’île de Sal au Cap-Vert le vendredi 2 juillet 2010, ils ont alors reconstitué un comité ad hoc chargé de réfléchir rapidement sur la question. Le nouveau président pourrait être connu au cours d’un sommet extraordinaire, prévu avant la fin de l’année.

Les apartés, les conciliabules... l’atmosphère générale avant l’ouverture de ce sommet laissaient entrevoir des débats houleux. Certes, le Burkina Faso n’a pas perdu mais il n’est pas parvenu à obtenir le poste de président de la Commission de la CEDEAO. Le Sénégal, l’autre concurrent non plus. Le « duel » selon les médias, entre le Burkina Faso et le Sénégal, en course pour le poste de président de la Commission de la CEDEAO n’a pas encore connu son dénouement final.

Place au prolongations ! En effet, des divergences profondes sont apparues entre les dix chefs d’Etat, ceux du Bénin, du Togo, de la Gambie (représentée par sa vice-présidente), du Niger et de la Guinée ayant manqué à l’appel, enfermés au cours de la session en huis clos qui a duré jusqu’à la fin de la journée.

Les modalités, les critères et les principes, semble-t-il, constituent les blocages. « Curieusement, c’est le critère portant sur l’ordre alphabétique qui nous oppose. On n’a pas achevé la détermination des critères devant aboutir à l’élection du président de la Commission et des autres membres des institutions de la CEDEAO ». Selon une source bien informée, les débats auraient été houleux sur le critère suscité au cours du huis clos.

« Faut-il commencer par le « B » ou la fin de l’ordre l’alphabétique ? Ou bien faut-il continuer après le « G » étant donné que c’est le Ghana qui assure la présidence actuelle ? », explique la même source, précisant que c’est la pomme de discorde. Face à l’impasse, il aurait même été proposé un tirage au sort. Mais le vice-président de la Commission de la CEDEAO, Jean de Dieu Somda, tente de minimiser ces blocages.

« C’est un long processus qui va nous donner définitivement des critères précis, transparents, prévisibles de désignation des membres. Cela suppose qu’il faut prendre en compte tous les pays afin que chacun sache dans combien de temps, il aura le poste de président, de vice-président, de commissaire. Vous savez, nous travaillons pour l’avenir », a-t-il laissé entendre ajoutant « qu’il vaut mieux prendre le temps de bien faire que de se précipiter et d’avoir à recommencer par la suite ».

Il explique que ce sont les raisons qui ont prévalu à la non-élection du président et des autres membres statutaires. Le mandat actuel du Ghana court jusqu’à la fin de l’année. Le remplaçant de Mohamed Ibn Chambas, parti occuper le poste de secrétaire exécutif des 79 pays ACP (Afrique-Caraïbes-Pacifiques), en l’occurrence le diplomate James Victor Gbeho a prêté serment au cours de la cérémonie d’ouverture.

Exprimant sa gratitude et sa reconnaissance aux chefs d’Etat, il a promis mettre sa science et son expérience au service de la réalisation des objectifs d’intégration annoncés dans la vision 2020. « Je suis arrivé à un moment vital où des menaces (NDLR : crises économique, alimentaire, énergétique, trafics en tous genres...) planent sur les progrès accomplis par la Communauté. Nous allons franchir ces barrières pour avancer », a-t-il déclaré.

« Le Burkina Faso garde ses chances »

Le nouveau comité a donc jusqu’à la fin de l’année pour dégager un consensus afin de doter la commission d’un président ainsi que des autres membres des organes statutaires. Au dernier sommet en février 2010 à Abuja (Nigeria), un comité ad hoc avait été chargé de réfléchir sur cette question et de faire des propositions.

Il devait définir des critères objectifs sur la base desquels va se faire la désignation des membres des organes statutaires (Parlement, Cour de justice) et des banques et institutions spécialisées de la CEDEAO (BIDC, OOAS, GIABA). « Malheureusement, ce comité n’a pas pu achever son travail. Nous avons reconstitué une nouvelle commission qui va travailler pour nous présenter rapidement ses propositions dans les prochains jours », souligne à ce propos le président du Faso, Blaise Compaoré.

Interrogé sur les reports de la désignation du président de la commission, poste tant convoité par le Burkina que le Sénégal, le président Compaoré affirme que c’est une décision des chefs d’Etat. « Donc, il faut continuer à faire confiance aux chefs d’Etat qui ont déjà indiqué leur soutien pour notre candidature », a-t-il ajouté. Autant dire que la candidature de l’ambassadeur Kadré Désiré Ouédraogo est toujours sur la table. « Nous avons deux candidats actuellement : le Burkina et le Sénégal. Les ministres se sont penchés sur cette question.

Les chefs d’Etat lors du Sommet d’Abuja en février avaient demandé aux ministres d’élaborer des critères et modalités d’attributions des postes pour qu’à l’avenir, on évite ces genres de situation », a expliqué la ministre déléguée à la Coopération régionale, Minata Samaté. Soutenant qu’il ne s’agit pas d’une bataille rangée, elle a précisé que c’est pour édicter des règles précises en vue d’éviter que les générations futures rencontrent de telles difficultés.

Une autre source indique que le comité ah doc composé du Nigeria, de la Côte d’Ivoire et du Cap-Vert a proposé des critères objectifs, transparents pour la désignation des différents responsables. Mais, il n’y aurait pas eu d’entente au niveau de la distribution des postes. « On a élaboré des critères pour repartir les postes. Nous avons au total une commission de 9 membres (président, vice-président, commissaires). Ça a été difficile pour la répartition parce que chaque pays veut avoir un poste dans la Commission.

Ce qui est impossible. Nous n’avons pas pu nous entendre mais des propositions sont sur la table pour que chaque Etat sache comment et quand accéder aux postes des différentes instances de la CEDEAO », poursuit Mme Samaté arguant que le Burkina garde ses chances d’avoir la présidence de la Commission. « Moi particulièrement, je suis optimiste.

Nous allons continuer les négociations pour trouver des solutions. Nous ne voulons pas qu’il ait opposition entre les chefs d’Etat. Nous voulons des solutions consensuelles ». Une position que semble partager le ministre sénégalais des Affaires étrangères. Madické Niang s’est en effet réjoui de la volonté des chefs d’Etat de faire en sorte que l’élection du président et des autres membres de la Commission de la CEDEAO se fasse dans un esprit de raffermissement de « l’unité et l’intégration ».

Le Sénégal est dans cette direction, a-t-il précisé : « Nous allons discuter de cela dans un comité restreint. Je suis sûr qu’avec les travaux de cette commission, nous trouverons des solutions. D’autant plus qu’il n’y a que deux candidats qui se dégagent ». Et, il martèle qu’il ne saurait y avoir des divergences entre le Sénégal et le Burkina.

« Nos présidents sont habités d’un esprit de renforcement de l’intégration, développent des relations particulièrement conviviales pour dire qu’il n’y a pas d’esprit d’adversité ». Une entente sur la désignation des responsables de la CEDEAO sera salutaire pour l’intégration régionale et permettra à la commission d’engager le vaste chantier des réformes pour la mise en œuvre de ces programmes.

D’autant que, la difficulté actuelle dans cet espace communautaire pourtant considéré comme l’un des plus intégrés pourrait porter un coup dur au processus d’édification d’une économie régionale harmonisée, convergente.

L’enjeu est donc de négocier pour dégager un consensus car comme le relève une source autorisée « la solution du vote serait un très mauvais signal pour l’intégration si on n’arrive pas à nous entendre ». A côté de ces « points chauds », le sommet a aussi évoqué des questions liées à la sécurité régionale.

Dans son mot de bienvenue, le président capverdien, Pedro Verona Rodrigues Pires dont le pays a accueilli pour la première fois un sommet de la CEDEAO créée en 1975, a mentionné la nécessité pour les gouvernements de la région de se protéger contre les effets de la seconde vague de la crise européenne.

Il a surtout appelé à une lutte sans merci contre les narco-trafiquants et à produire davantage en vue d’assurer la sécurité alimentaire. L’espoir de retour de la paix en Guinée avec la tenue de l’élection présidentielle, certes contestée par une partie des candidats, et la promesse d’un retour courant 2011 à l’ordre constitutionnel au Niger ont été salués par les chefs d’Etat.

En Côte d’Ivoire, la situation tend également à se normaliser. Pour le président en exercice de la CEDEAO, Goodluck Evan Jonathan, président du Nigeria, la paix et la sécurité sont des préalables à la réalisation de l’intégration sous-régionale. Car dit-il « Nos efforts ont été entravés gravement par les conflits, détournant nos ressources des questions de développement.

Cette réunion est une occasion de trouver ensemble des solutions pour une région apaisée". Saluant les chefs d’Etat pour leur engagement en faveur de la démocratie, le président Goodluck n’a pas manqué de remercier son homologue burkinabè pour ses « efforts inlassables » pour la paix en Guinée, en Côte d’Ivoire et au Togo tout en invitant ses pairs à poursuivre les consultations avec les parties prenantes pour un retour définitif de la paix.

« Ce qui a été important pour nous en Guinée, c’est que les élections se sont déroulées dans le calme. C’est ça la préoccupation de ceux qui accompagnent des processus électoraux. Nous nous réjouissons qu’il ait au second tour des hommes de qualité qui peuvent faire avancer la Guinée. Notre souhait malgré les contestations qui ont émaillé le premier tour, est que les Guinéens se retrouvent pour voter dans le calme et dans des conditions de transparence plus grande leur président », a conclu le président du Faso.

N. Saturnin COULIBALY, envoyé spécial à Sal : Cap-Vert (cou_nad@yahoo.fr)

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 5 juillet 2010 à 11:54, par Flouz En réponse à : Présidence de la Commission de la CEDEAO : Les débats achoppent sur les critères d’élection

    Bel article !
    C’est marrant que nos chefs d’états ne sachent pas par quoi l’alphabet commence. Ensuite on veut nous faire croire qu’on cherche le consensus. Diplomatie wo, wo, médiation wo, wo, Blaise a l’occasion de montrer qu’il est fort et qu’il fait tout ça pour le Burkina. Disons le gwè : l’élection ou non de Kadré, c’est un test pour le poids réel de Blaise dans la sous région.
    On vera !

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