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FRAUDES ELECTORALES EN GUINEE : Jouer la carte de la prudence

Publié le mercredi 30 juin 2010 à 00h49min

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On avait salué de par l’Afrique et le monde, le bon déroulement de la première élection démocratique de la Guinée. Depuis le début du processus, le sérieux des différents acteurs de la transition a été salué, le patriotisme des candidats à cette élection qui portait les espoirs de millions de Guinéens meurtris par 50 années de dictature civile et militaire, loué. Hélas, la tournure des choses, juste après le scrutin, suscite de lourdes interrogations. En effet, plusieurs candidats (et pas des moindres) crient à la fraude et accusent la CENI de filer le mauvais coton dans la phase de dépouillement des voix.

Et le ton commence à monter. Malheureusement. Il est bien vrai que les tentatives de fraude ne manquent jamais dans une élection et par conséquent, il s’en trouve des mécontents pour lever le lièvre. Mais, en Afrique, quand on évoque des fraudes, la contestation et les violences ne sont pas loin, parce qu’il s’agit avant tout, pour ceux qui se considèrent comme les vrais gagnants de récupérer une victoire que certains tiennent à voler.

La Guinée revient de loin et ne mérite pas ça. Les scrutins de façade et la négation de la volonté du peuple sont encore dans la mémoire collective des Guinéens. C’est pourquoi, à l’aube de cette Guinée nouvelle (et on comprend que chaque candidat veuille en être le premier président), il faut du calme et de la modération dans le respect des règles démocratiques. S’il y a des fraudes, pourquoi pousser autant de cris d’orfraie au lieu de rassembler les preuves suffisantes pour les étayer devant les institutions chargées du contentieux électoral ? Pourquoi ne pas laisser la CENI travailler dans la sérénité au lieu de la charger et de la mettre sous pression inutilement ? A ce rythme, il est permis de douter de la bonne foi que certains candidats avaient montrée au cours du processus électoral en faisant confiance à une CENI dont tous reconnaissaient que la tâche est loin d’être aisée.

Après donc l’espoir, le danger des élections contestées (avec son corollaire de troubles en Afrique) n’est pas à écarter en Guinée vu que le ton ne cesse de monter. Or, aucun Guinéen ne souhaite l’échec du processus de retour à la démocratie qui pointe à l’horizon après 52 ans d’attente. Toute menace sérieuse sur le processus pourrait donner l’opportunité aux militaires de revenir au pouvoir. Il est plus qu’urgent, à l’heure actuelle, d’appeler les candidats et les militants à la raison, à la pondération et au sens élevé de la responsabilité. Au-delà des prétendants à la magistrature suprême, il faut espérer que tous les Guinéens dans leur ensemble sauront tout donner pour que cette élection soit un nouveau départ et puisse accoucher de « la nouvelle Guinée ».

Dayang-ne-Wendé P. SILGA

Le Pays

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