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Yazon Boué, Maire de Houndé : « Nos priorités ? L’accès à l’eau potable, l’assainissement et les transports »

Publié le mardi 29 juin 2010 à 01h37min

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Professeur d’histoire-géographie, proviseur du lycée de Tuy, un établissement de 2000 élèves, Yazon Boué a d’abord été élu conseiller municipal en 2000 avant de prendre les clés de la mairie de Houndé en 2006. Située sur l’axe Ouagadougou-Bobo-Dioulasso, la commune de Houndé est composée de la ville de Houndé et de 15 villages et compte environ 82 000 habitants, les plus nombreux étant les Bwaba.

Essentiellement agricole comme la plupart des 49 communes du Burkina, l’équipe municipale compte sur les faibles rentrées fiscales, mais aussi sur la coopération décentralisée pour financer le développement de la commune. C’est dans cette optique que le maire et son adjoint ont séjourné mi-juin en France pour explorer les pistes d’un partenariat avec les acteurs de la coopération décentralisée. Pour Lefaso.net, Yazon Boué explique la politique qu’il a engagée depuis son arrivée et les moyens qu’il espère mobiliser pour financer son programme de développement.

Quel bilan d’étape pouvez-vous faire de la politique que vous menez depuis que vous êtes aux commandes de la mairie ?

Je suis à mon premier mandat puisque j’ai été élu en 2006. Avec l’équipe qui m’entoure, j’ai élaboré un plan de développement communal 2010-2014 et nous travaillons à sa mise en œuvre. Le diagnostic que nous avons fait de la situation de la commune nous a permis d’identifier trois axes stratégiques : les secteurs qui sont économiquement porteurs, les moyens mobiliser pour les mettre en valeur, et enfin les ressources humaines qualifiées pour réaliser ce plan.

Notre agriculture est axée sur la production pluviale et nous avons absolument besoin de trouver d’autres solutions pour occuper les gens pendant la saison morte. Il nous faut donc construire des retenues d’eau et diversifier la production. Dans le secteur de l’élevage, nous devons également trouver les moyens de le moderniser puisqu’il est pour l’instant de type artisanal. Au plan social, dans la lutte contre la pauvreté, il est urgent d’améliorer l’accès des populations aux services minimum de base. Pour cela, nous avons commencé à réhabiliter et à construire des écoles, des centres de santé, sans oublier l’adduction d’eau et l’assainissement.
En ce qui concerne les ressources humaines, nous allons offrir des formations aux jeunes et aux femmes dans différents secteurs afin de leur permettre de se lancer dans des activités rémunératrices. Au plan pratique, un comité technique a été mis sur place et chargé de la mise en œuvre du plan communal de développement car, à quoi servira un plan qui dormirait dans des tiroirs

Quelles sont les sources de recettes fiscales dont vous disposez pour élaborer votre budget ?

Nos sources de recettes sont très faibles. Vous savez, l’économie de notre commune repose sur l’agriculture et Houndé est une des régions les plus productrices de maïs et de coton. Grâce au coton, il y a deux usines de la Sofitex qui y sont implantées, plus une petite unité de transformation d’huile. A quoi il faut ajouter une société de transportée bien implantée depuis quelques années. Principalement, nos recettes reposent sur les impôts locaux, les taxes de jouissance des parcelles, la contribution du secteur informel, la patente, les taxes d’occupation du domaine public, la gestion des infrastructures économiques comme le marché et la gare routière.

Cette année, notre budget va s’élever à 200 millions de F CFA dont 110 en recettes propres, le reste venant de la dotation de l’Etat. L’essentiel de la recette vient de la contribution de la patente car les usines qui sont implantées chez nous contribuent pour une part importante d ans notre budget. Franchement, ça nous aide, mais pour autant, c’est aussi une source d’inquiétude car, comme vous le savez, depuis quelques années, le coton se porte mal et il faut mener des initiatives pour diversifier les sources de recettes. Il y a également le secteur minier comme source de recettes et actuellement tout le territoire communal est l’objet de permis de recherches minières notamment dans l’or. Nous espérons que les recherches vont déboucher sur les exploitations de type industriel car les sites d’exploitation artisanale occupent certes les gens, mais ils génèrent peu de recettes et les produits chimiques utilisés par les orpailleurs causent pas mal de soucis environnementaux

Quel est l’objet de votre séjour en France et qui êtes-vous venus rencontrer ?

Nous sommes en mission de plaidoyer car, c’est connu, le Burkina est une destination privilégiée des acteurs français en matière de coopération décentralisée. Et vous savez que la loi Oudin-Santini [Adoptée en 2005, cette loi permet aux communes et établissements publics d’eau et d’assainissement d’affecter 1% de leur budget au financement d’actions de solidarité internationale ; NDLR] permet aux collectivités et agences de l’eau de pouvoir intervenir dans le Sud. Nous sommes là pour rencontrer ces acteurs et leur montrer comment nous comptons mettre en œuvre notre politique en matière d’eau et d’assainissement. Il s’agit de confier la responsabilité du service de l’eau aux collectivités, mettre en œuvre la réforme du système de gestion des infrastructures pour que les ouvrages soient gérés de façon durable. C’est ce que nous sommes venus discuter avec nos partenaires afin de voir comment ceux qui le souhaitent peuvent nous aider efficacement

Vous avez, semble t-il, des relations bien avancées avec la commune de Saint-Fons…

Oui, l’année dernière nous étions venus à Lyon rencontrer des acteurs d’horizons divers et nous sommes à nouveau là pour le même exercice. La région Rhône-Alpes a une convention de coopération avec les Hauts-Bassins et comme nous avons des perspectives de jumelage avec Saint-Fons, les responsables du fonds de développement et de l’environnement Eau de Lyon ont étudié la possibilité de travailler avec nous.

J’ai rencontré les représentants de la commune et ensemble on a décidé que notre coopération soit calée durant les trois premières années sur les problèmes de l’eau potable, d’assainissement et des transports. En octobre dernier, la collectivité de Saint-Fons a fait une délibération et nous venons concrétiser ce partenariat. Nous allons finaliser le jumelage et déposer un projet sur leur table, celui de Houndé, qui est également appuyé par la coopération allemande GTZ. Le projet sera ensuite porté par la commune de Saint-Fons qui le défendra devant le Grand Lyon, l’agence Rhône-Méditerranée et la Fondation Veolia. C’est donc un partenariat assez multiple et nous espérons que cette première expérience nous servira d’acquis pour qu’on aille encore plus loin

Depuis les assises de la coopération décentralisée de 2007, le soutien des partenaires étrangers doit désormais s’inscrire dans le plan de développement élaboré par les communes burkinabè. Vos partenaires partagent-ils les mêmes priorités que vous ?

Absolument ! Les élus du Burkina confrontés à des réalités multiples et tout est presque prioritaire. Avec nos partenaires, nous avons eu plusieurs séances de travail à Houndé et à Saint-Fons et à l’issue de nos discussions, nous avons retenu les mêmes priorités : l’eau potable, l’assainissement et les transports.

L’éducation des enfants demeure aussi une priorité. Chez nous, le taux de scolarisation avoisine 60% avec une légère avance pour les garçons. Le taux est monté très vite car nous étions la zone où les indicateurs sociaux étaient les plus bas du Burkina puisque nous sommes une zone d’intervention du PDEEB, ce qui veut dire que la situation n’était guère reluisante. Beaucoup a été fait en si peu de temps, et l’écart entre les filles et les garçons a commencé à se réduire, mais il reste beaucoup à faire pour que chaque enfant qui nait ait la chance d’aller à l’école, ce n’est pas du tout gagné

La commune de Houndé pourra t-elle offrie à chaque enfant la possibilité de terminer son cycle primaire en 2015 comme le recommandent les Objectifs du Millénaire pour le développement ?

Franchement, je ne suis pas optimiste quant à l’atteinte de cet objectif. Nous allons peut-être nous en approcher ! Il y a deux aspects : une chose est de disposer des infrastructures, une autre est d’amener les gens en envoyer leurs enfants à l’école

Parce qu’il y a encore des gens qui rechignent encore à inscrire leurs enfants à l’école ?

Bien sûr qu’il y en a ! Vous pouvez convaincre les gens que l’avenir de leurs enfants passe par l’école, mais il y a encore l’influence de certaines religions sur des pères de familles qui préfèrent envoyer leurs enfants dans les écoles coraniques par exemple. A ceux-là s’ajoute une minorité qui rechigne encore à inscrire leurs enfants parce qu’ils n’y voient pas trop l’intérêt dans l’immédiat. Je dois souligner que l’institution scolaire elle-même n’est pas toujours à la hauteur des attentes, car avec les campagnes de sensibilisation qui sont menées depuis des années, on se retrouve aujourd’hui avec des classes surchargées, 100 à 130 élèves par classe.

Il y a beaucoup d’élèves mais les tables-bancs manquent cruellement au point que de nombreux élèves suivent les cours assis par terre. Devant une telle situation, les parents se plaignent en disant : « Vous dites d’envoyer les enfants à l’école, que c’est bien pour eux, mais vous voyez dans quel état sont les classes ! ». Il y a une histoire qui est vraie et que les gens racontent : un élève ayant passé toute sa scolarité primaire à écrire assis par terre, ne se retrouvait pas le jour de l’examen quand il est entré dans la salle et a vu les chaises et les tables-bancs. Perdu, désorienté, il a demandé à composer assis par terre, car durant tout son cycle, il ne s’était jamais assis sur un table-banc ! Nous avons donc beaucoup d’efforts à faire pour mettre les populations en confiance !

Propos recueillis par Joachim Vokouma,


ADAE : L’expertise en matière d’eau au service des collectivités

Créée en avril 2000, l’Association pour le développement des adductions d’eau potable dans la région de Bobo-Dioulasso (ADAE) est animée par des professionnels du secteur de l’eau. Ses objectifs ? Permettre l’accès à l’eau potable aux populations, accompagner les pouvoirs publics dans la mise en œuvre des politiques en matière d’eau et d’assainissement. Depuis sa création l’ADAE apporte un appui et des conseils à 36 adductions d’eau potable. Selon le chef de mission de cette structure, Daouda Sanon, « l’ADAE met également en œuvre un système de micro-crédit pour l’eau potable et l’assainissement au profit des ménages à faibles revenus ».
J.V

Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 10 juillet 2012 à 17:58, par TEBI Nazi En réponse à : Yazon Boué, Maire de Houndé : « Nos priorités ? L’accès à l’eau potable, l’assainissement et les transports »

    Moi je dis bravo a Mr le Maire de la ville de Hounde pour le courage et la simplicite avec lesquels il a depaint la situation de sa commune. En tout cas en tant cadre de la commune (bien que exercant a Ouagadougou) je le felicite. En verite, nous avons tous vu cette commune en 2006 et vioire ce qu’elle devenue, il y a de quoi, etre fiert de ce maire. Nous savons qu’il n’a pas toujours eu l’assisatnce qui aurait souhaite, mais il peut etre rassure qu’avec un peu plus de communication de la part de son Staff, nous fils de la commune qui lui devons d’ailleurs l’essentiel de nos valeurs intellectuelles desquelles nonus nous prevalons en ce mommnent, ne pouvons etre ingrat a son egard. Bien Merci a vous Mr le Maire. A l’occasion d’une rencontre

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