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RWANDA, BURUNDI, RD CONGO : Une culture permanente de la violence

Publié le lundi 28 juin 2010 à 00h30min

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Le Rwanda, le Burundi et la RDC parviendront-ils jamais à se trouver des dirigeants capables de faire consensus et de conduire leur peuple avec assurance vers des lendemains meilleurs ? En République démocratique du Congo qui fête cette semaine son indépendance, la paix est toujours précaire. Les droits élémentaires y sont bafoués quotidiennement. Au Rwanda et au Burundi où vivent les mêmes composantes ethniques, la situation est tout aussi grave.

Ces pays semblent devoir chercher à vaincre un signe indien. Le Rwanda s’illustre aujourd’hui par un réel déficit démocratique. Il est dirigé par un chef d’Etat dont des vieux compagnons du maquis sont aujourd’hui des ennemis. Le Burundi lui, est gagné par une instabilité qui devient chronique, du fait de l’incapacité des leaders politiques à faire réellement la paix et à respecter les exigences de la démocratie républicaine.

Ces trois pays appartiennent à la même aire géographique. Ils se caractérisent tous par la même culture de violence, de troubles et d’anti-démocratie. Ils ont comme dénominateurs communs des esprits maléfiques qui semblent les retenir sur cette voie depuis des décennies. Très rarement, ils ont connu un contexte de paix qui, seul, peut permettre à la démocratie de naître et de progresser. Les manifestations de cette culture de la violence sont diverses. On les retrouve de plus en plus dans les assassinats de journalistes et de militants de défense des droits humains. Il y a aussi le harcèlement et l’embastillement de l’opposition qu’on cherche à réduire au silence, le rejet de toute forme de critique, la crainte et le refus de l’alternance. Pourquoi ces horribles assassinats de journalistes ? Pourquoi toujours s’en prendre à ces vecteurs, ces instruments, ces stimulants de la démocratie ? Comment croire un seul instant que le développement est possible sans informations, sans échanges et surtout sans critiques, que celles-ci soient formulées par des journalistes, des opposants ou des défenseurs de droits humains ?

De nombreuses raisons peuvent expliquer ce climat malsain qui perdure. Certes, la colonisation n’a pas été exemplaire dans cette partie de l’Afrique. Mais, cela ne saurait constituer une excuse pour les dirigeants actuels de ces pays qui doivent éviter de perpétuer des actes inqualifiables contraires à l’éthique politique et morale. Autre fait notoire : l’incapacité de la classe politique à s’assumer. Il se traduit par le refus de la critique, le rejet systématique de l’autre. Enfin, il y a les négligences et l’indifférence de la communauté internationale qui semble tétanisée devant les drames vécus par les populations de la région. Les convoitises autour des ressources sont bien souvent avancées pour expliquer ces faiblesses.

En ce qui concerne les assassinats qui surviennent dans ces pays, en dépit des démentis officiels, l’opinion reste convaincue qu’ils sont l’œuvre des pouvoirs en place. Ceux qui les orchestrent, se réfugient toujours derrière des sous-fifres, des fonctionnaires minables. Ces derniers finissent toujours par payer, et parfois leurs proches avec, lorsque, le régime agonise. L’histoire de ce continent est pleine de tels enseignements. Il faut arrêter de croire que les sanguinaires qui sont les commanditaires de ces actes de barbarie resteront impunis. La démocratie est en marche dans une Afrique qui avance lentement mais sûrement. Et quel que soit le pays, il est illusoire de croire que la presse continuera longtemps de véhiculer la pensée unique du pouvoir unique. Pour l’heure, dans ces espaces, l’alternance est devenue quasi-impossible.

Même après le rétablissement de la paix, l’on craint toujours de voir ces pays basculer à nouveau dans la violence. Le recours à la violence, la reprise des armes, deviennent progressivement des alternatives à la voie pacifique, tant les issues semblent à jamais bouchées pour ceux qui veulent s’exprimer. Lorsque, après d’âpres négociations, l’on parvient, dans l’un ou l’autre de ces trois pays à enfin instaurer la paix, celle-ci, bien que relative, ne débouche presque jamais sur le pardon ou tout au moins sur une réconciliation bien négociée. On reste toujours figé dans cet esprit communautariste qui ne favorise aucunement le dialogue, la cohésion et la solidarité. Du feu couve toujours sous les cendres de ces trois pays qui semblent avoir touché le fond.

Pourtant, il faut bien, à l’instar des autres pays du continent, avancer et créer les conditions d’un épanouissement véritable du peuple pour lequel on dit avoir opté pour la violence. En aucun cas, la menace permanente de la guerre civile ne peut favoriser la cohésion sociale, encore moins le développement.

Or, les vieux démons sont constamment en route, malheureusement encouragés en cela par certains éléments de la diaspora, particulièrement des réfugiés. Ces individus, bien loin du théâtre des opérations, ne peuvent pas s’investir dans la recherche de solutions viables. Bien au contraire, ils attisent continuellement le feu en défendant des régimes anti-démocratiques ou en soutenant l’effort de guerre. Autant dire que l’absence de confiance, le poids des préjugés raciaux sont tenaces. Ils constituent un terreau fertile pour tout ce qui peut menacer gravement la paix, la démocratie et la justice. On en arrive alors à se demander si un jour ces pays ne devront pas être placés sous tutelle pour mettre fin au massacre des populations. Les pays devraient à notre sens puiser dans leur substrat culturel pour mieux dialoguer afin de déboucher sur des voies consensuelles à respecter. Si les meilleures solutions doivent venir de l’intérieur, elles peuvent tout aussi bien s’inspirer des exemples venus d’ailleurs : la réconciliation en Afrique du Sud par exemple.

Mais, le fait est que dans ces pays, la peur de la démocratie est une réalité. Elle finit même par créer une situation d’instabilité. Or, l’instabilité politique engendre inévitablement l’instabilité économique et par conséquent l’inertie des autres secteurs d’activité. Tant et si bien qu’à trois, le Rwanda, le Burundi et la RD Congo donnent aujourd’hui de l’Afrique une image peu reluisante par rapport à la paix et à la démocratie. De quoi se demander s’il n’y a pas lieu de recourir à une forme d’exorcisme national.

"Le Pays"

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