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PRIX MO IBRAHIM : Et si on attribuait des bonnets d’âne pour malgouvernance ?

Publié le jeudi 24 juin 2010 à 23h22min

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Mo Ibrahim. Voilà un Monsieur qui croit en l’Afrique et aux Africains, à tel point qu’il a décidé de consacrer une partie de sa fortune à encourager les leaders africains dans l’exercice de leurs fonctions en leur offrant une retraite dorée. La condition est simple : réaliser des performances pour son pays pendant son mandat et quitter le pouvoir de son plein gré. Concrètement, le jury, sur la base de l’indice Mo Ibrahim, évalue les performances dans les domaines du développement économique, de la santé, de l’éducation, de la transparence, de la lutte contre la corruption, du respect des droits de l’homme.

En somme, tout ce qui est indispensable pour qu’il fasse bon vivre dans un pays. Mais voilà, cela fait la seconde année consécutive que le jury n’arrive pas à trouver un lauréat digne de ce prix. Il est vrai que les candidats ne courent pas les rues. Il faut être ancien chef d’Etat. La cinquantaine de pays que compte le continent devraient pouvoir en fournir au moins tous les quatre ou cinq ans, durée moyenne d’un mandat présidentiel. Le problème, c’est que les présidents africains sont des accrocs de leur fauteuil. Une fois qu’ils y sont, ils s’accrochent comme des chauves-souris à coups de modifications constitutionnelles, quand ce n’est pas simplement une dictature qu’ils instaurent. Du coup, on se retrouve avec des anciens présidents par la force des choses, parce que débarqués par un coup d’Etat ou un soulèvement populaire.

Disqualifiés donc, le promoteur du "tazartché", Mamadou Tandja du Niger, Henri Konan Bedié de Côte d’ivoire pour ne citer que ces deux-là. Pour être un prix d’excellence, c’en est vraiment un. On ne peut que s’étonner de voir que le jury n’ait pas pensé à John Kuffuor. Le prix favorise non seulement l’alternance au pouvoir mais surtout le progrès. L’absence de lauréat pour le prix Mo Ibrahim révèle plutôt la médiocrité des leaders du continent. Personne, ces deux dernières années, n’a pu accéder à ce prix original. Et pourtant, il faut qu’ils commencent à y réfléchir sérieusement : 5 millions de dollars versés sur une période de 10 ans et 200 000 dollars par an, versés à vie. Apparemment, cette fortune et cette retraite plus que dorée ne créent pas l’émulation au sein de nos têtes couronnées, si fait que la fondation qui porte le nom du prix a décidé d’encourager de jeunes chercheurs africains.

Mais alors, pourquoi ne pas tenter la chose contraire en attribuant des bonnets d’âne pour sanctionner les médiocres, les tortionnaires de constitutions, les régimes corrompus, etc. Le jury n’aurait plus à se triturer les méninges pour trouver des candidats. Comme au bon vieux temps, le plus cancre des cancres sera reconnu comme tel, quitte à la fondation de développer pour lui un programme spécial de renforcement des capacités humaines dans son secteur de développement le plus sinistré. Une chose est sûre, les précédents lauréats, Joaquim Chissano (Mozambique, 2007), Festus Mogae (Botswana, 2008) doivent se sentir comme des extraterrestres. Leurs pairs n’arrivent pas à leur cheville pour le plus grand malheur de l’Afrique.

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