LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

AFFAIRE TAGRO-SORO : Gbagbo, maître du jeu et du temps

Publié le jeudi 24 juin 2010 à 02h25min

PARTAGER :                          

Désiré Tagro et Guillaume Soro ne doivent-ils pas démissionner ? Pareille interrogation vaut sans doute son pesant de mystère. Car l’inconnue demeure entière et pour cause. Ces deux poids lourds de la scène politique ivoirienne, pour éclaboussés qu’ils sont, dans cette affaire qui a actuellement cours en Côte d’Ivoire, peuvent choisir de démissionner tout comme ils peuvent opter de rester tout bonnement à leur poste. La chose relève d’une lapalissade sans doute, mais quelle que soit l’attitude qu’ils auront choisie de faire leur, les explications pour la justifier seront celles qui manquent le moins. Car, après tout, on est en Afrique.

Sous d’autres cieux, pareille tempête entraîne illico presto une réaction extrêmement rapide des mis en cause : on démissionne pratiquement à l’instant même. Des réactions fulgurantes se comptent, se sont vues, provenant de politiques sur lesquels pesaient de simples soupçons remettant en cause leur intégrité morale. On se rappelle l’exemple de ce ministre belge rendant le tablier pour payer de sa personne la bavure commise par des policiers rapatriant une ressortissante nigériane à Lagos. Le cas Strauss-Kahn, en la matière, est d’école. Parce que sur lui pesaient des présomptions de malversation, tout ministre qu’il était, il choisit de se délester de son portefeuille ministériel, histoire de permettre à la justice de suivre son cours. Plus tard, lorsqu’il se retrouva blanchi, lavé de tout soupçon, il put réintégrer le ministère qu’il avait volontairement quitté. Plus dramatique, le cas de Pierre Bérégovoy qui choisit la voie du suicide pour calmer la rumeur qui enflait, le concernant.

Alors, Désiré Tagro et Guillaume Soro, lequel des deux démissionnera ? Tous les deux, un seul, ou personne d’entre eux ? On devra attendre pour le savoir. Cela dépendra sans doute de l’éthique personnelle des mis en cause. Car, en la matière, même la justice ne peut pas vraiment se substituer à la morale de l’individu. La procédure engagée suit son cours, inexorablement, et devra produire des résultats. Mais quelque part, on souhaiterait que, comme ailleurs, l’éthique personnelle de ces ministres sur lesquels pèsent de si graves accusations leur inspire de quitter leurs postes respectifs pour permettre à la vérité de pouvoir se faire en toute impartialité.

Mais une fois de plus, on est en Afrique, un continent où généralement, on ne tient pas une parcelle de pouvoir pour la perdre

Bien au contraire, les cas sont légion où on s’accroche coûte que coûte à la branche sur laquelle on est juché, envers et contre tout, jurant que l’on préfère de loin le naufrage collectif à ce qui apparaît comme une défaite personnelle. Et, quelque part, il faut le reconnaître, l’équation de la démission, telle qu’elle est perçue sous nos tropiques, n’est pas toujours facile à résoudre. L’accepter revient presque toujours à se défaire de son manteau de toute puissance pour se revêtir des guenilles de l’impuissance. Et alors, on tombe de haut. Et on est condamné à envisager l’obligation de perdre tout et tous. Pour sans doute repartir de zéro, pour ceux qui en ont encore le courage. La perspective est bien sombre et oblige à y réfléchir par deux fois. Mais en dépit de toutes ces forces contraires, il s’en est trouvé, en Afrique, qui l’ont fait. Poussés sans doute par la grandeur d’âme dont ils étaient dotés, et sans doute aussi par la culture démocratique du pays, car elle y aide grandement.

En temps normal, dans un pays normal, la démission est la chose la plus attendue, pour des questions aussi graves que celles qui se posent dans le cas Tagro et Soro

Reste à savoir, en ce moment, si la Côte d’Ivoire vit une situation normale qui pousse à une réaction à laquelle on devrait s’attendre en toute normalité. Car, l’affaire en cours prend place dans un contexte difficile dans lequel s’imbriquent de manière inextricable, luttes d’influence, querelles de leadership et tout cela dans une atmosphère de pré- campagne pour une présidentielle toujours annoncée et dont, plus que jamais, la date paraît incertaine. D’ailleurs, l’opposition ivoirienne, qui n’a pas su exploiter cette affaire, trouve comme argument, la volonté de Gbagbo de retarder la présidentielle. A supposer que Désiré Tagro et Guillaume Soro pensent qu’ils sont les victimes innocentes de quelque savante machination visant à les anéantir politiquement, pour des raisons supposées ou avouées, il est fort à parier qu’ils ne démissionneront pas. Le faire représenterait pour eux offrir à leurs propres bourreaux la corde qui servira à les pendre. Le simple instinct de survie tout simplement l’interdit. Nul ne court bonnement et de gaieté de cœur à sa propre destruction. Et puis, dans l’histoire récente de l’actuel premier ministre, se trouve un précédent.

Lorsque le président Gbagbo décida de la dissolution du gouvernement précédent, Guillaume Soro avait bien annoncé que la solution à la crise ivoirienne ne passait pas par sa propre démission

Nommé à la suite de l’Accord politique de Ouagadougou, il prétend tirer sa légitimité de cet Accord et non de la volonté de qui que ce soit. Et pour l’affaire présente, lui, autant que le ministre Tagro se disent confiants. Plus, par leur entourage immédiat, on le sait, ils se disent soulagés qu’une procédure officielle se trouve engagée. A tout le moins, elle présente l’avantage d’être plus claire et honnête que les rumeurs de quartiers, autrement plus sournoises et insidieuses. Reste à savoir si ladite procédure cependant les blanchira ou au contraire les ternira. En tout état de cause, dans cette débâcle qui secoue une bonne partie de la classe politique ivoirienne, un homme reste hors de la mêlée, garde la tête hors de l’eau et peut s’assurer dès à présent d’engranger le maximum de bénéfice alors même que certains mondes s’effondrent autour de lui. Plus que jamais, en Côte d’Ivoire, Gbagbo est maître du jeu politique, seul capitaine à bord du navire de la lagune Ebrié. Maître du jeu, il est aussi maître du temps. Et plus que jamais, son chronogramme sera le bon. En cela, il aura fini par convaincre même les plus sceptiques : la présidentielle ivoirienne aura lieu lorsque, lui, le Pater familias l’aura décidé. Pour le moment, nul autre que lui n’en sait ni le temps, ni l’heure.

"Le Pays"

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 25 juin 2010 à 10:50, par sander En réponse à : AFFAIRE TAGRO-SORO : Gbagbo, maître du jeu et du temps

    nul part tu ne nous dit de quelle affaire il s’agit.tu passe le temps a nous dire que si c’etait en europe la demission allait etre immediate .rappelle au moins a ceux qui ne sont pas dans le bain qu’il s’agit d’une histoire de corruption ou de pedophilie ( en tout cas ce qui fait que tu ecris cet article !).
    vraiment vous pretez trop le flanc a la fin.

  • Le 27 juin 2010 à 18:24, par atlanta En réponse à : AFFAIRE TAGRO-SORO : Gbagbo, maître du jeu et du temps

    journaleux politicien. dit nous combien ils t`ont glisse pour cet article indexant et si nul. lefaso.net vous restez toujours credible jusque la. attention !

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique