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UNPCB : Les ex-conseillers en appellent à Tertius Zongo

Publié le mercredi 23 juin 2010 à 00h12min

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Dans cette lettre ouverte à Tertius Zongo, Premier ministre, les ex-conseillers de l’Union nationale de producteurs de coton du Burkina (UNPCB) interpellent le chef du gouvernement sur la situation de leurs contrats de travail rompus avant terme.

Excellence Monsieur le Premier Ministre, L’insertion socio- professionnelle des jeunes en fin de cycle ou en fin de formation constitue aujourd’hui une des priorités du gouvernement du Burkina Faso, à travers les politiques des Ministères en charge de la Jeunesse et de l’emploi, du travail et de la sécurité sociale. C’est dans cette optique que l’Union Nationale des Producteurs de Coton du Burkina (UNPCB) a recruté en 2009 par voie de presse (Cf l’Observateur N°7462 du mardi 08 septembre 2009), 82 conseillers de gestion pour appuyer et conseiller les démembrements de l’organisation paysanne dans leurs gestions comptable, administrative et financière. Après une phase de formation de deux semaines (du 03 au 19 décembre 2009), nous avons effectivement pris service le 02 Janvier 2010 dans nos postes respectifs avec un contrat d’essai d’un (01) mois renouvelable une fois en attendant la signature du contrat de deux (02) ans renouvelables initialement prévu par l’employeur (Cf l’Observateur N°7462 du mardi 08 septembre 2009).

Sur le terrain, nous avons travaillé en parfaite collaboration avec les paysans, les Groupements de Producteurs de Coton (GPC), les Agents de la SOFITEX. Notre présence aux côtés des producteurs nous a permis de déceler des détournements de fonds à eux destinés et d’assainir le mode de gestion des finances. Nous avons pu constater que notre présence a été saluée par les paysans qui voient en nous les défenseurs de leurs intérêts matériels et moraux. Car, de par le passé, ils ont été dupés, truandés du fait de leur ignorance en matière de gestion comptable. Avec notre départ, certains producteurs nous ont confié être prêts à abandonner la culture du coton car disent-ils « nos éclaireurs (conseillers de gestion) ne sont plus là » Après quelques jours de service déjà, l’UNPCB a connu la démission de son Président François Traoré le 25 janvier 2010. Pendant cette phase de vacance de son poste, François Tani assura l’intérim jusqu’à l’élection d’un nouveau bureau. Le 29 mars 2010, un nouveau Conseil de Gestion fut élu avec à sa tête monsieur Karim Traoré qui prit fonction le 13 avril 2010.

"La conciliation a échoué"

Et le 15 avril 2010, soit deux jours après sa prise de fonction comme nouveau président de l’UNPC-B, Karim Traoré nous fit parvenir des contrats de 04 mois renouvelables, l’essai de 02 mois y compris. Le 30 avril 2010, des lettres de fin de contrat sont curieusement adressées aux quatre-vingt- huit (88) conseillers. Face à cette situation subite, nous avons décidé de rencontrer le bureau de l’UNPC-B pour de plus amples informations sur la rupture de contrat avant terme. Mais le président Karim Traoré nous demande de rester à l’écoute car cette situation est due à un problème financier avec les sociétés cotonnières (SOFITEX, FASO COTON ET SOCOMA) qui sont redevables à l’UNCPB de plus d’un (01) milliard de Francs CFA, ce qui devrait permettre de payer nos salaires. Pire, il a précisé que même si la créance venait à être recouvrée, une partie seulement des conseillers serait réintégrée.

Il est à noter que le Président actuel de l’UNPCB Karim Traoré (alors président de l’Union Provinciale des Producteurs de Coton du Mouhoun) et le deuxième vice-président de l’UNPCB Tahirou Fofana (président de l’Union Provinciale des Producteurs de Coton des Balés en son temps), avaient opposé un refus catégorique des conseillers affectés dans leurs provinces respectives. Excellence Monsieur le Premier Ministre, au regard du déroulement des faits, nous pouvons affirmer, sans ambages, que la première mission du bureau nouvellement élu a été de mettre fin aux contrats des conseillers, de façon unilatérale, avant terme et sans motifs.

Monsieur le Premier Ministre, considérant les contradictions dans leurs actes et propos, nous avons saisi la direction régionale de l’Inspection du travail et de la sécurité sociale des Hauts Bassins pour un règlement à l’amiable du différend. Cette tentative de conciliation a échoué malgré les 04 convocations délivrées par l’inspecteur du travail. Et pour cause, l’UNPCB par la voix de ses représentants notamment le coordonateur Léonce Sanou et le deuxième vice-président, Tahirou Fofana, ont avoué n’être pas mandatés pour discuter avec "des ex-employés." Pour les 04 autres rendez-vous avec l’inspecteur, c’est Maître Karambiri représentant le président de l’UNPCB, Karim Traoré, qui a signé le procès- verbal de non conciliation en présence de l’inspecteur du travail et des lois sociales.

Excellence Monsieur le Premier Ministre, au regard de notre dévouement et de l’attention particulière que nous accordons à la question de l’emploi, nous vous prions de prendre acte des violations flagrantes de la législation du travail au sein de l’UNPCB et surtout de leur refus catégorique d’une conciliation et d’un règlement à l’amiable. Il faut signaler qu’au moment du recrutement, il nous a été demandé d’être "libres de tout engagement pour nous consacrer à la cause de l’UNPCB".

Ainsi, beaucoup d’entre nous ont abandonné les études universitaires, démissionné ailleurs pour rester au service de l’union et des producteurs. Il nous avait été confié au moment de la formation que l’Agence Française de Développement (AFD) prendrait en charge nos salaires pour 75% pour la première année, 50% pour la deuxième année, 25% pour la troisième année et la quatrième année à la charge de l’UNPCB. Alors pourquoi mettre fin à notre contrat après 04 mois ? Excellence, nous venons par la présente vous informer de la violation flagrante de nos droits, d’un licenciement abusif sans motif et d’un refus catégorique de négocier.

Le coton, l’or blanc du Burkina Faso, représente 60% des recettes d’exportation. Sa culture est pratiquée sur plus de 250 000 exploitations agricoles regroupant plus de 350 000 producteurs de coton. Le coton fait vivre directement près de 3 000 000 de personnes.

Il s’est révélé dans le temps comme un véritable outil de lutte contre la pauvreté et d’amélioration des conditions d’existence des populations en milieu rural. C’est pourquoi en 2004, un cadre stratégique de développement de la filière coton a été adopté afin de booster la filière. Ce cadre a relevé quelques contraintes dont l’insuffisance de l’appui-conseil des producteurs. Des propositions avaient ainsi été faites parmi lesquelles le renforcement de l’organisation des producteurs et l’amélioration de la productivité par l’appui-conseil des paysans. C’est à ce niveau que se situent nos actions et compétences qui ont d’ailleurs eu un impact positif sur le terrain notamment le regain de confiance pour la filière coton que nous, conseillers en gestion, avons suscité auprès des paysans.

En effet, beaucoup de producteurs commençaient à ne plus s’intéresser à la filière coton au regard des scènes d’injustice dont ils ont toujours été victimes et que nous avons travaillé à freiner à travers une gestion saine des ressources à eux allouées. Excellence Monsieur le Premier Ministre, on sait que vous avez un faible pour une gestion rationnelle et transparente des ressources et que vous exigez une culture du résultat. Allez-vous laisser sombrer cette filière ? Nous, conseillers, ne sommes-nous pas garants de cette bonne gestion qu’en votre qualité de chef de gouvernement, vous nous avez inculquée ? Nous restons convaincus que notre départ forcé aura une incidence sur le rendement des producteurs. Nous vous remercions et savons compter sur votre attention particulière !

Ont signé les délégués des ex-travailleurs

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 23 juin 2010 à 05:17, par A. TOURE En réponse à : UNPCB : Les ex-conseillers en appellent à Tertius Zongo

    A la lecture du document il ressort que les conseillers ont commencé le 2 janvier avec un contrat d’essai d’un mois renouvelable une fois qui devrais êter suivi d’un contrat de 2 ans. Il ressort également que le nouveau président de l’UNPCB, Karim Traoré leur a proposé un contrat de 4 mois ( y compris les 2 d’éssai )le 15 avril soit plus de 3 mois après après le 2 janvier. Finalement je me demande si les conseillers ont signé un contrat d’éssai avant le 15 si oui ce contrat devrait expirer le 2 fevrier et s’il a été renouvelé il devrait finir le 2 mars. Entre le 3 mars et le 15 avril les conseillers n’avaient donc pas de contrat parce que s’ils en avaient ça devrait être celui de de 2 ans et l’UNPCB ne peut pas faire signer un contrat de 4 mois si celui de 2 ans est en cours. Je ne suis pas juriste mais à mon humble avis l’UNPCB est dans son bon droit car non encore engagé par le contrat de 2 ans. Par élégance l’UNPCB a couvert la période après le 2 mars par le contrat de 4 mois.

    Les conseillers se trompe de porte et doivent saisir la justice s’ils estime que UNPCB a violé leur droit. Tertus n’a rien à voir avec celà

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