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Ethiopie : La dictature reprend ses droits

Publié le mercredi 23 juin 2010 à 00h12min

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En matière de démocratie, l’Ethiopie reste un contre-exemple. Et pourtant, d’une certaine manière, ce pays est comparable à la Belgique, la capitale de l’Europe. Tout comme Bruxelles, Addis Abéba, la mégapole éthiopienne, est le siège de l’organisation continentale, l’Union africaine, depuis 1963. Mais la comparaison semble s’arrêter là, car autant du côté de la Belgique on vit dans un pays développé tout en surfant sur la vague démocratique, autant du côté de l’Ethiopie, le multipartisme, les libertés d’expression et de presse et manger à sa faim pour l’immense majorité de la population semblent y être les choses les moins partagées.

Et cette image, peu flatteuse du pays du roi Hailé Sélassié, paraît être, à quelque exception près, celle d’une bonne partie du continent noir. Pour avoir une petite idée de la démocratie en Ethiopie, jetons simplement un petit coup d’œil sur les résultats des dernières législatives.

En effet, selon les résultats officiels de ces législatives rendus publics le lundi 21 juin dernier, le Front révolutionnaire et démocratique des peuples éthiopiens du Premier ministre, Méles Zénawi, et ses alliés, au pouvoir depuis 1991, ont remporté 545 sièges sur les 545 que compte l’Assemblée nationale .Un score qui finit d’enlever toute crédibilité à une élection qui se voulait pourtant multipartite. C’est dire que l’opposition avait depuis pris la pleine mesure du tripatouillage et de l’achat des consciences, elle qui dénonçait par avance un scrutin biaisé. Le Medrek, qui regroupe huit partis d’opposition, avait exigé dès la fin du scrutin que de nouvelles législatives soient organisées.

Mais, à dire vrai, ce score à la soviétique n’étonne guère, car le maître d’Addis Abéba est coutumier du fait : on se souvient qu’en 2005 déjà, l’organisation des législatives avait été des plus opaques, et l’opposition avait fait montre de toute sa colère et de sa franche désapprobation, ce qui lui avait valu les foudres du pouvoir avec, à la clé, plus d’une centaine d’arrestations avec des condamnations à la prison à vie pour certains. En dépit de sa mise à l’index à cause de ses nombreuses violations des droits de l’homme par les arrestations des leaders politiques et des journalistes et la gestion opaque du processus électoral, le N° 1 éthiopien est resté sur ses positions : un pouvoir pur et dur avec la bénédiction de Washington.

On se souvient en effet de la vigoureuse action militaire de l’Ethiopie en Somalie, d’où elle avait chassé sans ménagement les islamistes et autres fous d’Allah. Eh bien, cette action avait été saluée à sa juste valeur par Washington qui, quelques années auparavant, avait essuyé un fiasco à l’issue de l’opération « Restore Hope » en 1992. C’est pour cela que l’Ethiopie, qui reste un rempart contre les islamistes, bénéficie d’un conséquent soutien financier et militaire américain. C’est dire que Méles Zénawi, qui incarne un pouvoir dur, peut continuer de régner. Et avec cette réélection, la dictature reprend ses droits.

Boureima Diallo

L’Observateur Paalga

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