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Prévision saisonnière juillet-août-septembre 2010 : Saison pluvieuse normale avec risques élevés d’inondations

Publié le lundi 21 juin 2010 à 23h27min

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Dans le communiqué de presse suivant, émanant du Comité permanent inter-Etats de lutte contre la sécheresse dans le Sahel (CILSS), l’institution présente les prévisions consensuelles du cumul pluviométrique sur la période juillet-août-septembre 2010. Il ressort que la présente saison pluvieuse est "normale à humide, avec des risques élevés d’inondations dans les pays du Sahel".

Le 13e forum de Prévision Saisonnière en Afrique de l’Ouest, Tchad et Cameroun s’est tenu les 27 et 28 mai 2010 à Niamey (Niger). Ces deux journées de présentation et de discussion des résultats étaient précédées par deux pré-forums, l’un avec les experts des services météorologiques nationaux à l’ACMAD, et l’autre avec leurs homologues des services hydrologiques au Centre régional AGRHYMET.

A l’issue de cet exercice, des prévisions consensuelles du cumul pluviométrique sur la période juillet-aout-septembre 2010 et des débits moyens des hautes des principaux bassins fluviaux ont été établis.

Il. Prévisions saisonnières consensuelles des cumuls pluviométriques

Pour ce qui est des cumuls pluviométriques sur la période juillet-août-septembre, nous avons la situation suivante :

. Une Zone 1 comprenant l’extrême sud-ouest de la Mauritanie, le Sénégal, la Gambie, la Guinée-Bissau et la moitié Nord de la Guinée.

. Conakry et une Zone Il constituée par les régions sahélienne et nord soudanienne du Tchad où la probabilité d’une pluviométrie supérieure à la normale est la plus élevée (45%) avec cependant une probabilité de pluviométrie normale non négligeable (35%), et celle d’une pluviométrie inférieure à la normale de 20%. Ceci correspond à une situation humide à normale.

. Une Zone III comprenant l’extrême sud-est de la Mauritanie, le Mali, le Burkina Faso, le Niger, la moitié sud de la Guinée Conakry, la Sierra Leone, les régions septentrionales et centrales de la Côte d’Ivoire, du Ghana, du Togo, du Bénin et du Nigéria où la probabilité d’une pluviométrie équivalente à la normale est la plus élevée (45%), et celle d’une pluviométrie supérieure à la normale de 40%. La probabilité d’avoir une pluviométrie inférieure à la normale est relativement faible dans cette zone (15%). Ceci correspond à une situation normale à tendance humide.

. Une Zone IV constituée par les zones côtières du Libéria, de la Côte d’Ivoire, du Ghana, du Togo et du Bénin, où la probabilité d’une pluviométrie équivalente à la normale est également la plus élevée (45%), mais suivie cette fois de la probabilité d’une pluviométrie inférieure à la normale (30%), puis de celle d’une pluviométrie supérieure à la normale (25%), ce qui correspond à une situation normale à tendance sèche.

. Enfin une Zone V constituée par les régions côtières du Nigeria et du Cameroun où les probabilités d’une pluviométrie inférieure à la normale est la plus élevée (45%), suivie de celle d’une situation normale (35%) puis de celle d’une pluviométrie supérieure à la normale (20%), ce qui correspond à une situation sèche à normale.

III. Prévisions saisonnières des écoulements des principaux bassins en Afrique de l’Ouest pour la saison 2010

La prévision saisonnière des débits au sein des principaux bassins fluviaux en Afrique de l’Ouest est coordonnée par le Centre Régional AGRHYMET du CILSS. Pour l’année 2010, en ce qui concerne les débits moyens des grands bassins fluviaux en période des hautes eaux, la situation attendue est comme suit :

. Sénégal : des écoulements supérieurs à la normale avec une forte probabilité (60%). La confiance accordée à la prévision sur ce bassin est donc relativement élevée.

. Volta : des écoulements proches de la normale avec une probabilité de 45%. Une mise à jour de la prévision sur ce bassin est indispensable du fait des fortes incertitudes qui caractérisent les prévisions de la partie amont du bassin.

. Niger supérieur : des écoulements proches de la normale avec une probabilité de 50%. Toutefois, la configuration de la prévision sur cette partie du bassin montre une tendance normale à sèche dans la partie nord et une tendance normale à humide dans la partie sud. Cette situation est favorable à la fois à des inondations et des déficits d’eau.

. Delta intérieur du Niger : des écoulements proches de la normale avec une probabilité de 45%.

. Niger Moyen : Des écoulements supérieurs à la normale, avec une probabilité de 50%. Une mise à jour des prévisions effectuées sur cette partie du bassin est également indispensable du fait de l’incertitude qui caractérise la situation des affluents de la rive droite sur le territoire burkinabé.

. Niger inférieur : des écoulements supérieurs à la normale avec une probabilité de 45%. Mais le risque d’une situation de déficit est aussi bien élevé avec une probabilité de 30%.

. Comoé : des écoulements moyens avec une probabilité de 50%. Une mise à jour est fortement recommandée pour ce bassin également.

. Le Bassin du Lac Tchad : des écoulements moyens avec une probabilité de 45%. Toutefois, il est prévu une situation excédentaire du sous-bassin du Chari avec une probabilité de 45%

. Fleuve Gambie : des écoulements supérieurs à la moyenne avec une probabilité de 45%.

N.B. : La normale considérée est celle calculée sur la période 1971 - 2000. Cette normale est moins humide que celle de la période 1961 -

1990 précédemment utilisée.

IV. Avis et recommandations du Centre Régional AGRHYMET du CILSS

Il est important de rappeler que ces prévisions sont de nature probabiliste, avec chacune des catégories (inférieure, équivalente et supérieure à la normale) ayant des chances de se réaliser. Ainsi, pour les pays du Sahel, quoi que les catégories normale et supérieure à la normale aient les probabilités les plus élevées, une situation inférieure à la normale est possible (15 à 20% de chance).

Par ailleurs, ces prévisions sont celles du cumul pluviométrique sur la période Juillet-Aout-Septembre, et ne donnent aucune indication sur la répartition temporelle au cours de ces mois ou sur les dates de début ou de fin de la saison pluvieuse. Enfin, les comparaisons (supérieure, normale ou inférieure) sont faites par rapport à la moyenne sur la période (1971-2000) et non à l’année dernière ou une autre année quelconque.

4.1. Impacts probables

Au cas où cette prévision se réaliserait avec une bonne répartition temporelle des pluies, les productions agricoles et pastorales pourront être équivalentes ou supérieures à la moyenne dans les pays du CllSS.

Toutefois, il existe un risque élevé de fortes pluies pouvant provoquer des inondations, occasionner des dégâts importants, y compris des pertes de superficies emblavées. Ces conditions humides seront également favorables au développement des ennemis des cultures, notamment les sautériaux et le criquet pèlerin pour lesquels la surveillance et les mesures de prévention devront être renforcées.

Sur le plan hydrologique, la prévision dans le bassin du fleuve Sénégal fait craindre des inondations catastrophiques. Déjà, du fait de l’occupation croissante et la dégradation du réseau hydrographique dans ce bassin, on assiste, ces dernières années, à une fréquence plus importante des inondations. La gestion des barrages, comme celui de Manantali devrait tenir compte de cette situation hydrologique excédentaire, probable pour la saison 2010.

Les écoulements excédentaires prévus dans différentes parties du bassin du Niger font également craindre des inondations. En conclusion, il faudra toujours se rappeler que la prévision faite ici est une prévision sur le caractère global de la saison. Ce n’est pas une prévision du temps, donc elle ne porte pas sur des événements particuliers comme celui qui a frappé la ville de Ouagadougou le 1er septembre 2009.

4.2. Recommandations

Sur le plan agricole, celte prévision peut, en cas de démarrage normal de la saison, être mise à profit pour augmenter les superficies sous les cultures à haut potentiel de rendement (maïs, riz, sorgho) ou de rente (coton, arachide), en y apportant les quantités recommandées de fertilisants. Cependant, l’enherbement et les attaques de déprédateurs (insectes et maladies) pourraient constituer une contrainte majeure au cours de celte saison.

Il est alors nécessaire de conduire en temps opportun les opérations culturales (semis, sarclage, démariage, apport de fertilisant, traitements phytosanitaires si possible etc.) suivant les recommandations de la recherche agricole. Les agriculteurs et les structures d’encadrement doivent suivre de près les informations données par les services météorologiques nationaux, qui interpréteront ces prévisions selon les principales zones agroécologiques de chaque pays, et procéderont à leur mise à jour tout au long de la saison.

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 22 juin 2010 à 09:41, par Karl En réponse à : Prévision saisonnière juillet-août-septembre 2010 : Saison pluvieuse normale avec risques élevés d’inondations

    Je voudrais savoir à quoi servent des prévisions (futur) si elles ne permettent pas de prendre une décision (dans le présent). Tantôt on nous parle de "chance" de pluviométrie normale, tantôt ce sont des "risques" d’insuffisance de pluies, d’inondations. Les paysans ont besoin d’être situés s’il faut cultiver dans les bas-fonds (s’il y a risque de sécheresse) ou en hauteur s’il y a risque d’inondations. Prévoir la probabilité de survenue d’une chose ou de son contraire, à quoi cela rime ? Incertitude, peur de se tromper comme pour la saison passée où on avait prédit l’insuffisance de pluie alors qu’on s’est retrouvé à gérer des inondations dans différents pays. Quand on n’est pas sûr, on se tait ou on le dit courageusement !

  • Le 3 août 2010 à 16:16, par aibert En réponse à : Prévision saisonnière juillet-août-septembre 2010 : Saison pluvieuse normale avec risques élevés d’inondations

    la planète est totalement bouleversèe par la faute de l’homme ,les prévisions météos en sont d’autant plus difficiles à prévoir , veuillez donc avoir l obligeance et la délicatesse de respecter des hommes encore normaux et qui font sans aucun doute tout ce qu’ils peuvent pour nous communiquer des bulletins au top de leur possibilités.

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