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MARCHES PUBLICS : Ces appels d’offres de la mort

Publié le lundi 21 juin 2010 à 23h27min

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Comment devient-on importateur au Burkina ? En la matière et comme dans plusieurs domaines, les textes sont bien élaborés. En principe, l’Etat a tout intérêt à ce que les marchandises et produits divers qui entrent sur son territoire, soient de qualité et ne mettent pas en danger la santé des populations et l’économie du pays. Mais à quoi assiste-t-on aujourd’hui ? Des pesticides non homologués sont entrés au Burkina et l’affaire commence à faire grand bruit. Il y a quelques années, des engrais douteux ont été livrés aux producteurs de coton.

Malheureusement, les exemples sont nombreux mais il y a une constante. Ce sont des importateurs à la petite semaine qui obtiennent des marchés parce qu’ils ont des gens bien placés ou parce qu’ils profitent d’un délit d’initié. « Ces bleus » sont souvent des « snipers » à la tête de sociétés dont les vrais responsables sont hors de la maison. Avec de telles personnes qui n’ont aucune expertise, peut-on être surpris du résultat ? Pendant ce temps, les entrepreneurs qui ont les agréments et sont des professionnels, sont complètement hors du circuit.

Au-delà de ces aspects, c’est toute la problématique des marchés publics qui est en cause. On aimerait bien que l’Autorité de régulation des marchés soit plus intransigeante, et veille du mieux qu’elle peut, au grain. Il ne se passe pas une semaine sans que la presse ne se fasse l’écho d’agissements très peu catholiques en la matière. Le danger serait même arrivé dans nos écoles primaires avec de l’huile destinée à une cantine et dont la qualité n’était pas irréprochable. L’Etat aurait-il décidé de fermer les yeux sur ces dérives ? Certainement, des efforts sont entrepris dans ce sens.

Mais, dans l’esprit des Burkinabè, les marchés publics reviennent toujours aux plus forts (financièrement et politiquement) qui ne se sentent pas obligés de fournir des services de qualité. L’Etat a certainement beaucoup à faire pour redorer son blason, en la matière. Mais surtout, il doit impérativement mettre de l’ordre pour protéger la santé des populations, mise à mal par des produits douteux importés et qui probablement échappent à la vigilance du Laboratoire national de santé publique censé être le dernier rempart contre ces opérateurs économiques qui semblent avoir juré de se faire du fric en marchant sur les cadavres de leurs compatriotes. Mais avant tout il semble urgent d’assainir l’environnement moral, le microbe ne se développant que sur un terrain favorable.

SIDZABDA

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 22 juin 2010 à 07:34, par Paris Rawa En réponse à : MARCHES PUBLICS : Ces appels d’offres de la mort

    « Mais, dans l’esprit des Burkinabè, les marchés publics reviennent toujours aux plus forts (financièrement et politiquement) qui ne se sentent pas obligés de fournir des services de qualité. »

    AAAh SIDZABDA, vous avez certainement raison de dénoncer cet état de fait. Il me semble que ce que les Burkinabè ont de négatif dans leur esprit à propos de ces marchés publics pipés, correspond à la réalité puisqu’on voit et on entend régulièrement les scandales dénoncés et que paradoxalement, rien ne change. Il y a certainement une forme impunité qui incite ces voyous en question à plus de témérité.

    Contre cette forme de commerce de la mort, on est condamné à constater un manque de volonté politique et au mieux des discours ou des gesticulations stériles dont l’inefficacité fait douter de leur sincérité.

  • Le 22 juin 2010 à 10:28, par Octavie En réponse à : MARCHES PUBLICS : Ces appels d’offres de la mort

    Vous oubliez royalement un autre aspect très important des marchés publics : LE MOINS DISANT... avec tous les risques de mauvaises qualité de produits proposé. L’administrateur de crédit qui octroi le Marché ne dispose pas souvent de tous les élements d’appréciation technique (échantillons, documentations, etc.) si bien que les ’’snipers’’ comme vous dites réussissent à s’improviser en importateur parce qu’un de ses contacts à l’exterieur lui propose un produit qu’il sait par avance très douteux mais à un prix défiant toute concurence. Quand à la réception/livraison du produit à l’administrateur de crédit, la corruption fait le reste. Ainsi va le Faso des nouveaux riches.

  • Le 22 juin 2010 à 11:57 En réponse à : MARCHES PUBLICS : Ces appels d’offres de la mort

    cher monsieur ce naît rien d’autre que la corruption qui entraîne tous cela,et temps que nos gouvernant ne prendront pas leur responsabilité ce sera toujours nous les pauvres qui prendront les pots casser,sait devenu vraiment du n’importe quoi dans ce paye je ne peut pas imaginer qu’on puisse payer des gens a ne rien faire je veut bien parler des fonctionnaire qui sont payer pour faire ce travaille de contrôle et qui naît pas fait.

  • Le 25 juin 2010 à 06:28, par Citoyen En réponse à : MARCHES PUBLICS : Ces appels d’offres de la mort

    Les conséquences directes du moins disant avec des dossiers techniques mal montés. C’est l’état ; on ne fournit pas d’efforts pour monter le dossier technique et notre système de contrôle de qualité est très inefficace s’il existe. En plus il y a un désordre réel dans les procédures de passation des marchés publics. On constate qu’il n’y a pas de professionnalisme dans les activités, l’activité change selon l’opportunité. Comment comprendre que des maçons des libraires ou des mécaniciens livrent des équipements, les consommables et les médicaments dans nos hôpitaux.

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