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POUR OU CONTRE LE PARTAGE DU MANDAT DE DEPUTE ?

Publié le lundi 21 juin 2010 à 23h25min

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Depuis les dernières élections législatives, un genre nouveau de députés semble être né. Au fait, on a envie de les appeler des demi-députés. Pourquoi cela ? Ils s’accordent (un candidat et son suppléant), sur le partage à temps égal d’un mandat législatif. Le premier se présente sur les deux premières années et demie, et le second pose ses fesses après lui à l’hémicycle pour le temps restant. Franchement aberrant, disent les uns ; bonne tactique pour travailler en équipe et calmer les appétits, rétorquent les autres. Les deux avis s’affrontent ci-après dans ce « Deux sons de cloche ».

C’EST VRAIMENT PAS VALORISANT

Des députés ont eu à faire le « deal » avec leurs suppléants. Certains ayant connu le bonheur du « naam » ont oublié grave leurs promesses. Ils restent toute honte bue à l’assemblée, oubliant qu’hier, celui à qui ils ont fait la promesse de quitter deux ans et demi après l’hémicycle, a vaillamment œuvré à leur succès. Il y a aussi ceux là qui abandonnent vraiment, non sans l’envie d’aller se trouver un bon « wack » pour liquider le pauvre et naïf suppléant qui attend. Déjà que bien peu, hélas, selon l’entendement populaire, viennent à l’hémicycle pour d’ autres raisons que celles du profit et du prestige que renferme la fonction. Avec cette pratique du partage du mandat qui s’étend, la fonction se dévalorise car chacun sent que ce sont des affaires personnelles qui sont traitées et que l’intérêt général, on s’en fout.

Tout cela amène à croire que le sérieux du mandat législatif est en péril. Si les mesures les plus drastiques ne sont pas prises pour endiguer ces méthodes pas désintéressées de faire de la politique, nous courons tout droit vers un affairisme politique de droit. Il faut donc circonscrire la chose tout de suite. C’est une bien sale stratégie politique, qui vient prouver que nous n’avons pas des politiques convaincus dans les partis politiques burkinabé. C’est bien des chercheurs d’argent d’une incompétence politique et intellectuelle notoire. La loi a prévu un mandat de 5 ans pour une seule personne et non deux ; le peuple a voté un député pour 5 ans, pas pour 2 ans ½ ! Ne serait-ce qu’à cause de ça, il est malhonnête de partager le mandat. Vite une loi pour interdire ce partage absurde !

TOMI


BONNE STRATEGIE POLITIQUE A ENCOURAGER

Le mandat législatif, qu’il soit de deux ans comme de cinq, dix ans, etc., reste un mandat législatif. Chacun peut jouer parfaitement son rôle en demi-mandat tel que l’entend le programme politique de son parti. Les accords entre un député et son suppléant d’un même parti, jusqu’à preuve du contraire, ne sont pas proscrits par la loi. Et dans le cas même où ce serait proscrit par la loi, comment fait-on pour découvrir qu’il y a eu un accord entre deux députés ?

S’ils sont copains comme cochons (1), il suffit que le premier accuse une indisposition personnelle l’empêchant de continuer son travail au parlement pour qu’on ne voie pas plus que de la fumée dans leur chaudière. Il y a aussi que le choix des députés sur une liste est souvent problématique : les candidats peuvent être amenés à proposer de scinder le mandat en deux pour éviter une démission fracassante du parti par quelqu’un de valable ! Ca évite donc des crises graves. Il y a aussi que, par le biais du partage de mandat, on récompense les deux personnes qui ont en principe le plus bossé dans la circonscription au lieu d’un seul.

C’est mieux, l’Africain aime le partage. On estime que c’est toujours mieux de ramasser de la farine avec deux mains qu’avec une. Si tous les députés s’accordaient ainsi avec leur suppléant, on aurait 222 députés au lieu de 111 au parlement et ce serait du gagné. 222 matières grises qui alternent à l’hémicycle pour le prix de 111, avouons franchement que l’enjeu en vaut la chandelle. Et comme en deux ans et demi, on ne gagne pas ce qu’on gagnerait en cinq ans, on fera aussi l’économie des 4X4 rutilantes qu’on est obligé de payer à tous les députés. Sans oublier que 222 familles vivront mieux grâce à ce partage de mandat au lieu de seulement 111 ! Enfin, le parti ne perd pas puisque le mandat ne sort pas de la famille. Il fallait y penser, à ce partage de mandat. Vivement une grande réflexion autour du sujet.

TOZI

San Finna

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Vos commentaires

  • Le 22 juin 2010 à 05:11, par owe En réponse à : POUR OU CONTRE LE PARTAGE DU MANDAT DE DEPUTE ?C"EST PAS UN GATEAU A DIVISER EN PART EGAL...

    il faut que Mr TOZI sache que l’on ne vient pas a l’hemicile pour un gain personnel...et s’il part sur la base de la poursuite du programme politique du partie c’est qu’on aura plus 222 matieres grises car c’est un programme predefini et meme un bebe pourra just aller s’assoir et se remplir les poches or on part a l’assemble pour une proposition d’idees pour l’avancee du pays et non celle de 222 familles. et pour sa gouverne il faut qu’il sache qu’en etant depute t’as le droit de payer une voiture or taxes pour ton job ainsi on aura a perdre non pas les taxes de 111 4x4 mais de 222 economiquement c’est pas reflechi

    donc on veut des candidats serieux qui savent les besoins reels des populations et non des dormeurs qui ne font que se goinfrer et empocher l’argent du contribuable...

  • Le 22 juin 2010 à 08:42 En réponse à : POUR OU CONTRE LE PARTAGE DU MANDAT DE DEPUTE ?

    La discussion est intéressante mais j’aimerais soulever une objection. Si c’est gagnant sur tous les plans que le mandat soit scindé en deux, pourquoi ne pas simplement raccourcir le mandat en 2 ans et demi et non plus 5 ? Le coupp de l’organisation des élections ? Bah, on organise une élection, et on définit par avance quel deputé va occuper le premier demi mandat et lequel achevera l’autre demi mandat.
    Et en cas d’indisponibilité du premier ? Bah, il faut que chaque député ait son suppléant ! Vous voyez comment on tourne en rond ?
    Solution : définir les circonstances (particulières) dans lesquelles un député peut se déclarer démissionnaire pour avenance personnelle, et débusquer les ententes tacites de demi mandat et les punir par le retrait du mandat au parti... Ainsi, les gens vont travailler pour la peuple et non plus pour leurs ventres, leurs familles et leurs partis...

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