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Politique et militantisme : qui tire sur le corbillard ?

Publié le lundi 21 juin 2010 à 00h00min

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Ibrahiman Sakandé, DG des Editions Sidwaya

Sans doute, sans militants, pas de partis ou de formations politiques. Et sans partis politiques, le ressort même de la vie politique se brise. Et la vie nationale, en ce moment, devient comme l’espace d’une immense usine sans ouvriers. Cependant, à y regarder de plus près, on constate que le militant politique burkinabè a une vision ou un devoir double : il doit apprendre à la fois et en même temps à comprendre et à ne pas comprendre.

S’il s’applique seulement à comprendre, il serait froid comme un cadavre ; son parti pourrait, par les temps qui courent, tenir son assemblée générale dans un télécentre. S’il apprend plutôt et uniquement à ne pas comprendre, il pourrait, par excès de zèle, faire du tort à ses camarades militants. On peut avancer que pendant les périodes mortes des campagnes politiques, le militant politique burkinabè s’acquitte de ce devoir calamiteux avec conscience.

A l’approche de la période électorale comme c’est le cas en ce moment, on oublie souvent d’apprendre à comprendre et on cultive, à outrance, l’intolérance et la mauvaise foi. Cela se traduit souvent par des « exactions » verbales qui sont très nocives pour la vie sociale. D’abord en ce qu’elles cachent la vérité en la verrouillant à double tour à l’aide de fables encensées ; ensuite, par la culture de l’entêtement, parfois élaborée par les grands camarades, dont la finalité est d’apprendre à ceux qui les écoutent, à ne pas voir l’évidence.

On peut, par exemple, ne pas « aimer » le Président du Faso et/ou son Premier ministre, mais s’en aller clamant qu’« ils n’ont rien fait », que « le Burkina gît dans une corruption sans précédent », que « le pays ne fait que reculer », relèvent de cette culture de la nuisance propre aux militants peu éclairés ou peu éclairants. C’est le summum de la mauvaise foi. Ce faisant, ils tirent sur le corbillard : ils posent des actes à la fois inutiles et sacrilèges. Si l’on veut lire des signes et des signaux dans l’histoire, c’est ainsi que naissent les fondamentalistes, c’est-à-dire de tendres disciples que des maîtres de mauvaise foi ont instrumentalisés.

Ces maîtres, comme ceux qui enseignent le déluge et la fin du monde à leurs militants au Burkina, ne s’encombrent pas de justice ni d’objectivité. Il leur suffit de donner des yeux à leurs ouailles pour qu’ils voient, des oreilles pour qu’elles entendent, une tête pour penser et un cœur pour haïr.

Quelle que soit la détermination d’un militant à vaincre l’invincible avec des armes détestables, quand il en vient à dire à haute voix que feu Joseph Ki Zerbo n’était pas cultivé, qu’il existe des Ivoiriens multiséculaires alors que la Côte d’Ivoire s’apprête à fêter ses 50 ans d’existence, que depuis 1987 le Burkina n’a fait que reculer jusqu’en 2010, on vise le corbillard. Ce jeu à peine pensable entre dans la stratégie des partis par rapport au régime en place, et dans le calcul des individus dans leurs partis.

Il se présente au moins trois manières de se positionner ou d’avancer vers les élections et au-delà. Les uns avancent à découvert, sachant ce qu’ils veulent et voulant ce qu’ils savent. Les autres avancent comme des margouillats, regardant à droite et à gauche en même temps, se laissant guider par leur sixième sens politique.

D’autres, enfin, avancent cagoulés. Ils veulent à la fois le beurre et le prix du beurre : le matin, ils sont de gauche ; le soir de droite et la nuit, du centre. En réalité, ils ne sont de nulle part, et n’ont rien d’autre à offrir à la patrie que leurs gangs de cogneurs en cagoule.

L’éducation des militants est une nécessité. Nous devons tous nous soumettre aux exigences des règles démocratiques et aux valeurs républicaines. C’est le moment, comme dit Jaurès, d’« aller à l’idéal tout en comprenant le réel. »

En tous les cas, dans ses Principes de la philosophie du droit, Hegel explique que le mariage est une chose tellement sérieuse qu’il vaut mieux ne pas l’abandonner à l’empire de l’amour. Observateur de la scène politique burkinabè, nous pensons, comme le philosophe allemand, que la politique est une chose tellement importante, qu’il est sage de ne pas la laisser seulement entre les mains des militants, ou ceux supposés tels, que ceux-ci soient de la base ou du sommet

Par Ibrahiman SAKANDE (sakandeibrahiman@yahoo.fr)

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 21 juin 2010 à 11:52, par political En réponse à : Politique et militantisme : qui tire sur le corbillard ?

    Sakandé, qu’est-ce que tu as voulu nous dire au juste ?

    S’il te plaît relis toi et tu conviendra avec moi que ton message ne se résume qu’en 2 phrases dont les suivantes :

    1) Le Burkina avance et est même émergent ainsi, tout brille comme de l’or et le CDP fait un bon boulot ; mais que les aigris se taisent.

    2) Blaise et Zongo sont de grands bosseurs et personnes ne doit les dénier.

    Si tu veux un cours de sciences po, prend contact avec Guissou.

  • Le 24 juin 2010 à 11:54, par Kon N’doungtouly En réponse à : Politique et militantisme : qui tire sur le corbillard ?

    héii EL SANKAND , zem zem ! il faut prendre une pause çà vous fera du bien.

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