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PROCES ANNONCES DES MALVERSATIONS : Qui osera-t-on juger ?

Publié le jeudi 17 juin 2010 à 22h15min

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L’information est venue d’un diplomate européen accrédité au Burkina, en l’occurrence l’ambassadeur du Danemark : les premiers jugements des cas de corruption révélés par les rapports d’inspection auront lieu en juillet. En attendant la confirmation de ces procès par le ministère de la Justice –tout en faisant foi à l’annonce du diplomate qui est sans doute mieux informé que les pauvres journalistes de ce pays à qui on cache bien des choses - on ne peut qu’applaudir des deux mains.

C’est si rare au Burkina, que les affaires de détournement et de corruption arrivent devant la justice ! Dans la plupart des autres pays, des délinquants au col blanc sont traqués, jugés et sanctionnés. Même Gbagbo qui est en situation d’exception a fait jeter en prison les prédateurs de la filière café- cacao. Le vieux Biya que l’on croyait inoffensif a lancé son épervier sur les traces des vautours qui planent et des hyènes qui mangent.

Pendant ce temps, ici au Burkina, ce bien nommé "pays des hommes intègres", on traîne les pieds, arguant du fait qu’on ne veut pas de la justice- spectacle. Soit. Mais le problème, c’est que la justice non spectaculaire, elle aussi, ne vient pas. Pire, il y a comme un laisser-aller total, qui autorise certains, sans doute protégés, à s’adonner impunément à toutes sortes de malversations. De sorte que les Burkinabè sont devenus des Saint-Thomas. Ils attendent de voir pour croire. Et surtout, ils aimeraient bien voir, si procès il y a lieu, qui sera jugé. Si on doit faire venir devant les tribunaux les petits agents subalternes qui ont volé des poulets, pour laisser encore les vrais fossoyeurs de notre économie, ceux qui volent les bœufs, alors, autant nous épargner un tel cirque.

D’ailleurs, ce scepticisme quant à une réelle volonté d’assainissement des écuries d’Augias, est partagé aussi par les diplomates indépendants. Malgré la multiplicité des organes de contrôle et les rapports qu’ils pondent chaque année, on attend toujours de voir la suite réservée à ces dossiers. C’est ainsi que l’ambassadeur du Danemark au Burkina, tout en saluant les procès de corruption, a relevé que « le défi reste toujours le suivi des cas de corruption relevés dans les rapports des institutions de contrôle ». Et d’ajouter que son pays sera très attentif aux procès de juillet. Le pays des vikings, soit dit en passant, est très à l’aise pour parler de ce sujet parce que chez lui, les normes de gouvernance sont très élevées. Ensuite, le pays n’a aucun complexe, parce que n’ayant ni d’anciennes colonies, ni d’intérêts économiques particuliers, encore moins de dividendes politiques à espérer.

La balle est donc dans le camp des autorités burkinabè, qui doivent enfin faire la preuve de leur volonté de combattre l’hydre de la mal gouvernance. Parce que si un signal fort n’est pas donné aux bailleurs de fonds, il y a fort à parier qu’ils ne se montreront plus enthousiastes à financer le développement du Burkina.

N’oublions jamais que les dirigeants occidentaux ont un devoir de justification de l’utilisation de l’argent du contribuable, dont une partie est versée dans le panier de l’aide publique au développement. Il est temps de prendre en compte les résultats des rapports d’enquête pour éviter à la longue de les banaliser. Si les organes de contrôle ont été créés pour installer la peur dans le camp des voyous, cela doit être effectivement le cas. Car à force de mettre le coude sur les rapports accablants ou de ne s’intéresser qu’à certains cas de malversations, on crée l’effet contraire dans l’esprit des gestionnaires de la chose publique : celui que ces gendarmes de l’administration ont des cartouches mouillées qui ne peuvent faire aucun mal.

La nouvelle formule consistant à donner un pouvoir de saisine à certains organes de contrôle est une avancée dans la lutte contre les dérives. Mais si les investigations se font à la tête du client ou si la justice à qui sont destinés les résultats d’enquête ne fait pas son travail, alors, l’ASCE (Autorité supérieure de contrôle d’Etat), les inspections et autres structures de contrôle ne seront que des alibis démocratiques et de transparence. Ils seront juste des épouvantails sans véritable pouvoir. Il est important donc d’encourager tous ceux qui travaillent dans ces institutions de contrôle et qui ont fait le serment de servir le pays. Si un incorruptible se décourage, bonjour les dégâts !

"Le Fou"

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 18 juin 2010 à 07:47 En réponse à : PROCES ANNONCES DES MALVERSATIONS : Qui osera-t-on juger ?

    Vous voyez ? C’est là le problème que le Premier Ministre n’a pas manqué de relever lors de la conférence de presse entrant dans le cadre de la célébration du troisième anniversaire de son gouvernement : bien des journalistes du Burkina Faso se contentent des informations de cabaret, racontant leur blablabla au lieu de faire des recherches sérieuses pour informer sérieusement le peuple.

    Ce fou là, s’il avait seulement accepté de faire l’effort de parcourir le rapport que vient de déposer l’ASCE, et qui est accessible sur le net, il aurait pu savoir quelles sont les affaires concernées, et à quel niveau se situe chacun des des dossiers. Mais non, ils ne prennent pas la peine de lire, et savent bien se cacher derrière les arguments du genre du refus des autorités de donner l’information. Ici l’information est là. Elle est même publique, très publique. Quel mal y a-t-il à en prendre connaissance pour mieux éclairer le public à partir d’une perche tendue par un diplomate danois ?

    Je n’ai rien contre vous, mais je crois que le peuple mérite que vous fassiez correctement votre travail sans penser qu’il consiste tout simplement à produire des réflexions prêt-à-porter que tout citoyen lamda produit déjà. Vous vous devez documenter vos réflexions de sorte à véritablement avoir des avis de référence, fussiez-vous fou.

    Meilleures salutations.

  • Le 18 juin 2010 à 10:42, par vvm En réponse à : PROCES ANNONCES DES MALVERSATIONS : Qui osera-t-on juger ?

    Il faudrait de la vigilance à tout le monde dans ce pays pour que des innocents ne payent plus tard les pots cassés de la malgouvernance. Si des réquins échappent maintenant, plutard avec le trésor de guerre qu’ils auraient emmagasinés ils mettront le pays à feu et à sang dans les guerres de succession qui seront inevitables dans notre cher Faso. En 1977, notre voisin belier du sud avait fait ces mêmes opérations mains propres sans aller jusqu’au bout. Quelques décennies plutard en 1993, nous avons vu ce qui est advenu car on peut dire sans se tromper que cette opération ratée de 1977 a fait le lit de Decembre 1993 qui a fait le lit de noël 1999 qui a son tour a fait le lit du 19 septembre 2002. Nous avons bien hérité de la férocité des luttes de pouvoir et de succession de notre colonisateur. (cfre attentat de Karachi, Présidentiel de 1995 où les anciens amis ne se sont pas fait des cadeaux). Que nos journaux, nos députés, la SC poussent l’opération dans la durée et qu’elle aille jusqu’au bout.

    Messieurs les journalistes !

    est ce de la confraternité ou quoi sinon, le rapport a bien dit qu’il fallait demettre deux personnes de leur poste, et vous n’en faites pas un buzz ! Pourquoi ? Ne vous étonnez plus après comme en france que les journaux ne s’achètent plus et que vous soyez obligé d’être recapitalisé et contrôlé par ceux que vous emmerdez. A bon entendeur !

  • Le 18 juin 2010 à 13:50 En réponse à : PROCES ANNONCES DES MALVERSATIONS : Qui osera-t-on juger ?

    Les juges ne sont pas fous. En plus, la magistrature a montré qu’elle sait gnagmé les affaires toute seule.

  • Le 18 juin 2010 à 15:12 En réponse à : PROCES ANNONCES DES MALVERSATIONS : Qui osera-t-on juger ?

    Pour parler de juger des delinquants ; il faudrait deja que les juges soient au dessus des delinquants.
    Il suffit d’avoir une seule affaire à notre justice et vous aurez l’impression d’être à une vente aux encheres publiques.

  • Le 18 juin 2010 à 18:50, par Loucho-le-Juste En réponse à : PROCES ANNONCES DES MALVERSATIONS : Qui osera-t-on juger ?

    Vrai ! Tout ce qu’ils savent faire : Demander de grosses indeminites qu’ils ne meritent pas au regard de leur niveau et de leurs prestations.

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