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RESERVES DE GUIARO : 10 000 occupants contraints au déguerpissement

Publié le jeudi 17 juin 2010 à 00h17min

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Le 10 juin 2010, nous avons reçu à Pô la visite de représentants de cinq hameaux de culture de la zone rurale de Guiaro, dans le Nahouri. Ces derniers crient leur désarroi face à une situation de déguerpissement dont ils font l’objet depuis bientôt 4 ans et qui a pris une autre tournure depuis le 7 juin 2010. Sous haute surveillance policière, des machines entreprennent la délimitation et la destruction d’espaces dont font partie les habitations et champs de ces émigrants.

Selon nos interlocuteurs, ils sont environ 10 000 habitants concernés par ce déguerpissement. Les uns sont pour la plupart venus du Plateau central, les autres, de la Côte d’Ivoire d’où ils avaient été chassés. Depuis 2001, ceux-ci sont installés dans cette zone fertile du Nahouri, dans la commune rurale de Guiaro, dans la sphère du Ranch de Nazinga, et ce, avec la complicité d’autochtones dont le chef de Kombili, ont-ils précisé. Les zones qui leur ont été octroyées qui, dit-on, sont des réserves, sont baptisées Nayongo, Kabayaro, Djediga, Sapiou, Lam et Napouny.

Ces populations émigrées y pratiquent des cultures de mil, de maïs et surtout de coton et produisent autour de 30 000 tonnes de coton chaque année. Mais depuis le 7 juin dernier, elles n’ont plus le sommeil tranquille ; elles sont déboussolées et ne savent plus à quel saint se vouer et crient au secours. Et pour cause, ces populations ont été sommées de quitter les lieux. En effet, l’on y a déployé un important contingent d’hommes armés ainsi que des machines pour les contraindre au déguerpissement. "Nous avons acquis ces espaces par le biais du chef de Koumbili et on ne comprend pas que d’autres personnes veuillent nous les déposséder.

Sincèrement, nous sommes dans l’ignorance, dans un bleu total en ce qui concerne cette affaire. Nous ne mangeons plus, ne travaillons plus depuis le 7 juin, et nous demandons que l’on nous vienne en aide. Ils sont en train de désherber nos cultures de coton et de mil qui ont déjà poussé. Ils détruisent nos hangars. Ils nous demandent de rejoindre nos villages natals où la terre n’est guère favorable à la culture. En 2006, l’on nous avait promis de trouver une terre cultivable et fertile mais jusque là, rien n’a été fait. Nous lançons donc un appel à l’endroit de l’autorité pour nous sortir de cette situation ...". Tel est le cri de coeur de ces hommes et femmes menacés plus que jamais de quitter impérativement ces zones qu’ils occuperaient de façon anarchique.

Nouffou ZONGA (Collaborateur)

Le Pays

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