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ATTENTATS AU KENYA : Un label de stabilité terni

Publié le mardi 15 juin 2010 à 00h02min

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La campagne pour le référendum sur la nouvelle Constitution kenyane prévue en août prochain a fait ses premières victimes le 13 juin passé. Ce jour-là, une double explosion a fait 5 morts et 80 blessés dans la capitale, Nairobi, au cours d’un rassemblement de protestants évangélistes. Ces derniers sont des partisans du "non" au projet de Constitution qui, pour rappel, ne trouve pas grâce à leurs yeux à cause de la disposition autorisant l’avortement et celle sur les tribunaux musulmans.

Alors, s’agit-il d’un avertissement aux partisans du "non" ? Si c’est vraiment le cas, il faut dire que le ou les auteurs utilisent des moyens radicaux au lieu de battre campagne pour le "oui". En effet, ils n’ont pas vraiment besoin d’ôter des vies et de blesser des innocents pour exprimer leur différence d’opinion. Celle-ci doit se faire non seulement lors de la campagne mais surtout dans les urnes.

Malheureusement, c’est prêcher dans le désert que de tenir un tel langage dans un pays dont les moeurs politiques sont devenues violentes depuis l’élection présidentielle de fin 2007. C’est à travers une redoutable chasse à l’homme que les partisans du président réélu, Mwai Kibaki, et celui qui deviendra son Premier ministre, Raila Odinga, se sont affrontés cette année-là. Conséquence : ce pays, jadis stable et réputé pour son safari, a été défiguré. L’ampleur des différences idéologiques transformées en haine par des politiciens sans scrupule, a même amené la Cour pénale internationale à ouvrir une enquête et promis des poursuites contre les auteurs des violences inouïes. Toutefois, l’on constate que cela est loin de dissuader les pêcheurs en eau trouble. Et la campagne référendaire est une occasion pour ces lugubres personnes de reprendre du service.

On se demande si avec ce drame, les évangélistes vont continuer à mener leur campagne qui, visiblement, dérange. Le retour des démons que peut provoquer le nouveau climat d’insécurité est tout simplement une mauvaise publicité pour un pays qui essaie de se remettre tant bien que mal de la violence post-présidentielle. C’est à croire que la réconciliation nationale scellée au lendemain de ces événements tragiques et malheureux a du mal à prendre corps. Pourtant, le président sortant dont la réélection a été fortement contestée et l’opposant Raila Odinga qui estime que sa victoire lui a été volée, ont fini par former un gouvernement d’union à l’instigation de Kofi Annan mandaté par la communauté internationale. Dans les faits, les composantes de cet attelage se tolèrent plus qu’ils ne s’acceptent pour avoir été obligés de faire la paix. Mais c’est une paix armée, une cohabitation conflictuelle dans laquelle le feu peut être à tout moment mis aux poudres.

La campagne référendaire étant une période d’exacerbation des tensions dans un pays où on n’a pas forcément une bonne perception de la politique, le risque de déflagration est élevé. Pendant ce temps, l’économie et surtout le tourisme prennent un sérieux coup, du fait des convulsions socio-politiques. Il n’est un secret pour personne que les investisseurs ont peur des troubles ; ils abhorrent mettre leur argent sans être sûrs de pouvoir le récupérer pour cause de troubles sociaux. Il en est de même pour les touristes qui évitent les destinations où ils peuvent être pris dans le piège des mésententes qui se règlent à la machette ou à coup de canon. Or, depuis la présidentielle de fin 2007, le Kenya n’est pas loin de cette situation qui ternit son label de pays stable.

Séni DABO

Le Pays

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