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SOLIDARITE NATIONALE : L’adresse du colonel Saye Zerbo

Publié le dimanche 13 juin 2010 à 23h27min

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"Renforcer la dynamique nationale de solidarité pour une développement véritable du Burkina Faso". Tel est le titre initial de cet écrit du colonel Saye Zerbo. Il s’agit d’une réflexion de l’ancien chef de l’Etat burkinabè sur les "voies et moyens de renforcer notre solidarité pour vivre le meilleur dans notre pays".

Le triste constat des faibles progrès enregistrés durant cinquante ans d’indépendance devrait amener chaque chef d’Etat, leader politique, chaque citoyen à méditer sur la réalité de la souveraineté de nos Etats et sur l’efficacité de nos stratégies de développement. Il apparaît urgent et nécessaire de mettre fin à un cycle misérabiliste qui ne fait pas honneur à notre continent et qui nous éloigne chaque jour de la véritable souveraineté nationale qui implique une combinaison judicieuse de Politique et Démocratie pour l’intérêt de tous. Si aujourd’hui la Démocratie est reconnue comme un moyen d’assurer une gestion heureuse de la Nation avec pour objectif le bien-être de tous, nous devons donc favoriser l’accès de tous à la réflexion devant conduire à des choix du possible dans un esprit d’équité. La parole de Dieu nous dit : "Examinons ensemble pour nous, ce qui est juste. Et cherchons entre nous ce qui est bien. " (Job 34.34) Il nous faut donc une approche nationale solidaire pour tous en nous considérant comme dépendants les uns des autres, tout comme dans une Armée ou la coordination des efforts des différents corps spécialisés conduit à la victoire.

La souveraineté n’admettant aucune délégation, personne au nom d’un titre quelconque ne peut être à lui seul détenteur d’une part du destin de notre Nation. Les enseignements que nous pouvons tirer des différentes tentatives de représentation des intérêts du peuple révèlent à l’évidence des problèmes réels générateurs de conflits véritables. Une Assemblée politique représentera toujours des opinions politiques, c’est-à-dire des prises de "parti" des courants de sentiments, de passion, qui auront toujours le même caractère d’être des "idéologues" n’ayant par définition qu’un rapport souvent éloigné d’avec la réalité.

La Nation n’est pas une maison de commerce

Pour faire face de façon certaine et solidaire à nos problèmes, quels meilleurs acteurs que ces hommes qui vivent ou subissent au quotidien des réalités qu’ils cherchent à rendre meilleures. Qui mieux que ces citoyens est le plus concerné par la recherche de solutions ? Montesquieu - Charles de Seconda de la Brède, conditionnait l’avènement de la démocratie dans une République par : "le peuple en corps" ; c’est-à-dire un peuple organisé en collectivité que forme une société, un peuple, une corporation qui est l’ensemble des professionnels exerçant une même profession. Ainsi, par le canal des corporations, personne n’est mis à l’écart dans la conduite et la gestion des affaires de la Nation car la bataille économique, c’est la bataille de tous, on ne peut la mener qu’en mobilisant les énergies de tous, qu’en s’appuyant sur tous. En effet, demander l’opinion d’un électeur moyen sur la politique extérieure, même à travers le choix de son parti, relève d’une singulière méthode de penser. A l’inverse, faites parler un homme de son métier, vous le rendez intelligent.

Tout le problème est donc d’apporter dans les affaires publiques le même soin, le même souci, le même sérieux, la même sagesse que le moindre artisan apporte à son ouvrage. S’agit-il pour cela de substituer à la représentation politique une représentation purement professionnelle ? Non point, car la Nation est autre chose qu’une maison de commerce. Et on ne corrige pas les querelles d’idéologie par des querelles d’intérêt. Les tentatives d’une Chambre des Représentants et d’un Conseil économique et social ont montré leurs limites par entre autres le peu de cas fait de leurs conseils et avis. Il faut aller au plus profond, pour faire œuvre nouvelle. Il faut mêler ensemble l’expression des activités économiques, syndicales, sociales, à celles des autres aspects de la vie nationale et de la vie tout court, tels que les représentent précisément les forces créatrices qu’on évoquait plus haut.

Il faut, en d’autres termes, avec la représentation politique des partis et au contrepoids de celle-ci, instituer la représentation sociologique des forces vives de la Nation comme voie d’avenir dans le sens de la marche de l’histoire. Un Grand conseil pourrait rassembler des délégués élus représentant les activités essentielles du Pays. Alors, il sera possible de dresser une politique d’ensemble, qui donnerait un sens à l’effort de chacun. Ainsi, l’on percevrait que gouverner un pays, ce n’est pas seulement traduire dans les Lois les opinions changeantes, mais c’est avant tout de considérer les valeurs créatrices qui donnent à une Nation sa vie et son élan.

C’est élever, susciter, rassembler les "volontés particulières" pour des fins supérieures, qui soudent un peuple dans une vision commune : « Sans vision, un peuple meurt », a écrit l’auteur des Proverbes bibliques. Mais les institutions ne sont rien sans les hommes, et pour que le Pouvoir soit digne de sa fonction, pour qu’il sache animer la Nation d’un souffle de vraie grandeur, pour qu’il jouisse dans le monde d’un prestige sans conteste, pour qu’il y apporte le message humain qu’on attend de notre Pays, encore faut-il qu’il ait, si j’ose le dire, le respect de lui-même, respect de sa parole, respect des moyens employés, respect des fins mêmes de l’Etat au service de l’homme. "Loin de nous, disait Bossuet (Prélat et écrivain français), les héros sans humanité !"

Les fondamentaux de la politique extérieure

Cela me conduit tout naturellement à parler de notre relation extérieure. Car le succès ou l’échec des politiques étrangères de tout pays est déterminé fondamentalement par deux facteurs à savoir : tout d’abord, le bien-fondé de ses politiques intérieures et la gamme de projets accomplis dans le domaine économique ; deuxièmement, l’étendue de la popularité des politiques économiques et sociales du Gouvernement, et l’appui enthousiaste qu’y apporte le grand public. Au plan intérieur, l’accent pourrait être mis sur le contrôle des actions pour mettre de l’ordre et atténuer les effets d’une gestion trop lourde de l’appareil administratif. Les doubles emplois, les dépenses inutiles, les retards, les absences irrégulières, les complications oiseuses de l’administration pourraient concentrer l’essentiel des efforts de cette approche. De son côté, le pouvoir judiciaire, constamment abaissé dans notre Pays depuis une certaine révolution, devrait reprendre enfin, dans une totale indépendance, sa dignité et sa fonction.

Des interventions conduites sur la base d’études et d’enquêtes et avec l’obligation d’information et de proposition d’action sous forme de présentation de projet, de décret ou de proposition de Loi, ou de toute autre procédure devraient aider à exprimer les souhaits positifs du pays dans sa globalité. L’Etat se trouverait enfin relié au meilleur de la Nation, à ses données profondes, comme à son dynamisme renouvelé. La Nation elle-même, aujourd’hui tragiquement divisée, et, en deça même du politique, si stérilement cloisonnée (coupure de l’université et de la vie, des ruraux et des citadins, des Administrations et des administrés, coupures des classes, syndicats, etc.), la Nation, disons-nous, ne se trouverait-elle pas elle aussi reliée et comme réunie à l’intérieur d’elle-même ?

Car l’on ne peut atteindre l’aspiration nationale que grâce à l’unité des buts et de l’action, une des raisons de mes déplacements à travers le pays en tant qu’apprenti sociologue doublé du titre de chef de l’Etat. En effet, que sait aujourd’hui un industriel des problèmes agricoles ? Que sait un agriculteur de l’économie générale ? Et que sait le plus philanthrope (c’est-à-dire celui qui aime tous les humains) des chefs d’entreprises, de la vie ouvrière ? Combien de directeurs, combien d’ingénieurs, combien de fonctionnaires - combien aussi d’économistes et de sociologues - ont franchi le seuil d’une maison paysanne ? ... Et comment s’étonner si, en dépit de toutes les Lois sociales, le petit peuple se sente encore étranger dans la cité ? L’Armée de son côté n’aurait-elle pas mieux compris la complexité de certains problèmes, si on ne l’avait pas maintenue en vase clos ?

Rendre aux magistrats leur place

Rendre aux magistrats leur place dans la cité ; faire émerger le Droit du fouillis des Lois ; en proclamer les principes de permanence comme d’évolution ; et, parce que l’Economie tend à tout envahir, instituer une Magistrature économique et sociale, symétrique de la Juridiction administrative du Conseil d’Etat français dont le rôle consiste à formuler des avis sur certains projets de décrets et sur les textes de projets de loi qui lui sont soumis par le Gouvernement, serait-ce là des tâches indignes de nos efforts ?

Cela étant, le témoignage du Président d’un grand parti démocratique français nous conforte dans la justesse et le réalisme de notre position. Car il ne dit pas autrement en juillet 1961, lors de nos indépendances : « Une simple réforme des mécanismes constitutionnels ne suffit plus à présent, écrivait Monsieur Pierre Pflimlin. Il faut aller plus loin, si l’on veut que le régime représentatif épouse les réalités nationales et les exprime de manière incontestable.

Il faut retirer à l’élection politique le monopole qui, jusqu’à présent, apparaissait aux yeux de beaucoup comme l’essentiel de la démocratie. Il faut étoffer et diversifier la représentation populaire en y intégrant toutes les entités qui peuvent concourir valablement à la formation et à l’expression de la volonté populaire : organisations professionnelles, syndicats, mouvements de jeunes, groupement éducatif, organismes d’actions économique, sociale ou culturelle, etc. ». Il ressort également de ce témoignage qu’il faut impérativement éviter à la Nation, la boutade de l’écrivain français, Paul Valéry selon laquelle "La Politique est l’art d’empêcher les gens de se mêler de ce qui les regarde."

Ce qui veut dire gouverner au nom du peuple et, en fait, l’écraser. A ce propos, le Seigneur Jésus-Christ disait il y a plus de 1950 ans, en référence à l’autorité de l’occupant Romain : « Vous savez ce qui se passe dans les nations : les chefs politiques dominent sur leurs peuples et les grands personnages font peser sur eux leur autorité. Qu’il n’en soit pas ainsi parmi vous. Au contraire : si quelqu’un veut être grand parmi vous, qu’il soit votre serviteur. Si quelqu’un veut être le premier parmi vous, qu’il soit votre esclave.

Car le Fils de l’homme n’est pas venu pour se faire servir, mais pour servir Lui-même et donner Sa vie en rançon pour beaucoup. » (Mathieu 20. 25-27) Par ailleurs, avec nos indépendances, le multipartisme, les idéologies politiques à l’instar du colonisateur, et nos heurts ethniques, régionalistes, etc., sont des obstacles au décollage socio-économique de nos jeunes Etats. Une telle situation ne pouvait échapper à un autre écrivain français, André Gide. Et celui-ci de son côté, lança et de façon lapidaire aux leaders de nos Etats indépendants, ceci : "Savoir se libérer n’est rien, l’ardu c’est savoir être libre." Autrement dit : « Qu’est-ce qu’il faut faire pour "être libre" ? Ou : "Comment faire pour être libre" ?

Certains des chefs d’Etats africains ont dû chercher en vain la réponse ; alors qu’elle est presque un secret de polichinelle, c’est-à-dire connue de tous. En effet, ce "savoir être libre" nous est donné dans la parole de Dieu, la Bible. Elle nous dit : « Oui, mes frères, vous avez été appelés à la liberté. Seulement, ne faites pas de cette liberté un prétexte pour vivre comme des hommes livrés à eux-mêmes.

Au contraire, par amour, mettez-vous au service les uns des autres. Car la Loi se trouve accomplie tout entière par l’obéissance à cette seule Parole : "Aime ton prochain comme toi-même." Mais si vous vous blessez les uns les autres, et si vous vous entre-déchirez, prenez garde ! vous vous détruisez mutuellement. » (Galates 5.13-15). Par ces avertissements que Dieu nous donne à travers Sa Parole, Il veut, en résumé, que : "Nous ne soyons pas vaniteux, que nous évitions de nous provoquer les uns les autres et de nous jalouser mutuellement. " Tels sont les buts que je voudrais atteindre à travers cette réflexion sur les voies et moyens de renforcer notre solidarité pour vivre le meilleur dans notre pays.

« Personne n’a le monopole de la vérité », dit-on, mais peut-on nier les exigences de la vérité politique et démocratique ? Est-ce impossible de chercher véritablement à couvrir ces exigences pour nous, les descendants du courageux et laborieux peuple voltaïque qui, jadis, a servi de secours politiques et économiques à certains pays de la sous - région par la suppression et le fractionnement de la colonie de Haute-Volta en 1932 ? Aujourd’hui, ces pays secourus ont tendance, si ce n’est déjà fait, à nous surclasser dans presque tous les domaines.

En conséquence, comptons d’abord sur nous-mêmes, avant de compter sur les autres. Et la stratégie de la souveraineté menée à terme nous donnera l’opportunité d’un sursaut national exemplaire dans notre continent et contribuera en même temps à dorer le blason de la France qui, au sortir de la Seconde Guerre mondiale, n’a pas jugé opportun de préparer ses colonies à l’indépendance, et encore moins au processus de leur souveraineté. En effet, le Général de Gaulle avait dit : « II n’y a pas d’indépendance qui vaille sans Etat. Organisez d’abord vos Etats. Ensuite on verra. »

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 14 juin 2010 à 04:30, par Paris Rawa En réponse à : SOLIDARITE NATIONALE : L’adresse du colonel Saye Zerbo

    Merci mon Saye Zerbo d’avoir eu le courage de donner votre parole d’ancien président, donc une parole qui a le poids de l’expérience.

    Vous avez raison ; quand on s’est trompé de chemin, il n’y a aucune honte à le reconnaitre et à se reprendre. Sinon, poursuivre dans l’erreur en se gargarisant de slogan n’est rien d’autre qu’un comportement suicidaire et irresponsable. Si seulement les adeptes de cette politique de l’autruche se suicidaient seuls, on se contenterait de plaindre leur sort : malheureusement, sont en train d’entrainer toute la nation dans leur folle équipée !

  • Le 14 juin 2010 à 09:44, par New Future Vision En réponse à : SOLIDARITE NATIONALE : L’adresse du colonel Saye Zerbo

    Je retiens cet élément essentiel :""les institutions ne sont rien sans les hommes, et pour que le Pouvoir soit digne de sa fonction,........ encore faut-il qu’il ait, ...., le respect de lui-même, respect de sa parole, respect des moyens employés, respect des fins mêmes de l’Etat au service de l’homme."" Oui, c’est ce qui nous manque au Faso. Nous avons enterré l’ensemble de ces vertus et du coup nous ne savons plus ce que signifie ""l’HONNEUR"". Pour une grande part de nos représentants, l’honneur se résume à la puissance de ce qui se trouve dans les poches car ce dernier n’a point d’oreilles ni d’odeur faisant de lui un maître silencieux. Il nous faut rechercher les valeurs dignes du Faso. Je ne suis pas pour les références colonialistes(citées dans l’article) car nos avons nos propres pensées et ces dernières sont sincères et plus profondes que celles cités par notre ex-Président. Il est important de mettre les choses en claire tout en restant vigilant. Abas ce qui n’existent que pour eux-mêmes. Le BF n’a pas besoin de vous encore moins de vos descendances.

  • Le 14 juin 2010 à 11:26, par vergès En réponse à : SOLIDARITE NATIONALE : L’adresse du colonel Saye Zerbo

    vraiment, le monsieur est trop compliqué. quand c’est compliqué, c’est pas clair pour le commun des burkinabé S’il nous avait dit clairement sa position sur le pouvoir en place, au lieu d’élucubrer sur des généralités, on aurait plus apprécié ; et quelle est sa position sur l’article 37 ? Si on n’a rien à dire de fort, on ne dit rien.

  • Le 14 juin 2010 à 11:54, par Charles En réponse à : SOLIDARITE NATIONALE : L’adresse du colonel Saye Zerbo

    J’ai aimé cet article qui cerne bien le problème et apporte des solutions intéressantes

    • Le 14 juin 2010 à 20:05, par Djibo En réponse à : SOLIDARITE NATIONALE : L’adresse du colonel Saye Zerbo

      Félicitation Mr le président vous connaissez le pays pour l’avoir sertvi comme soldat et comme homme d’état.La nouvelle génération a besion de vos expériences et de vos conseils.Je regrette que pour cetains de nos compatriotes il faut accuser pour mieux conseiller hò combien nous a couté ces passions folles 50 ans durant j’espère que la classe politique en tiendra compte.
      Merci Mr le président que dieu vous garde.

  • Le 14 juin 2010 à 17:23, par Mechtilde Guirma En réponse à : SOLIDARITE NATIONALE : L’adresse du colonel Saye Zerbo

    Monsieur le Président, en vous lisant, entre les lignes on voit que vous préconisez le retour aux sources, à l’information auprès des réalités du pays. Sans le dire explicitement, je pense (et tout en ne voulant pas vous faire dire ce que vous n’avez pas dit) que vous proposez ce qui est déjà réalisé par les refondateurs. Cependant vous encouragez aussi les autres initiatives pour une action unitaire et salutaire. En effet je me pose aussi la question de savoir s’il n’y a pas du ressassé, du copie- collé, de la récupération (même de façon parcellaire) dans ces autres initiatives ? C’est moi qui me pose cette question. Ensuite en citant des autorités et des auteurs français, je suis aussi d’accord avec vous. Vous possédez parfaitement l’histoire. Tout en soulignant les tares du colonialisme dans son idéologie, il y a eu tout de même de bonnes volontés (même s’ils n’ont pas été nombreux) qui s’étaient dégagées du lot pour interpeller l’Afrique à se réorganiser selon ses réalités à elle. Mais que malheureusement les africains n’ont pas toujours su saisir les opportunités, permettant ainsi les détracteurs de la démocratie de reprendre le dessus. C’est pourquoi (et pour moi encore) j’ajoute qu’en désespoir de cause, le Président Jacques Chirac s’était écrié en disant que l’Afrique n’était pas mûre pour la démocratie. Son intention, moi je le pense bien, était d’atteindre et de réveiller les consciences par cette phrase vigoureuse, car en effet il y eut des réactions les plus acerbes contre lui. Ce qui ne l’a pas empêché de continuer à interpeller ses pairs durant tout son mandat pour plus de justice à l’égard de l’Afrique, à chaque fois qu’il en avait l’occasion. On pourrait peut-être vous reprocher comme on l’a fait pour moi de faire des références incessantes au religieux, mais c’est oublier que c’est grâce au dialogue interreligieux qui est à la base de notre culture que notre pays jouie de cette exception de stabilité et de paix depuis la nuit des temps. Mais que malheureusement les politiques, surtout ceux de la fameuse opposition, n’ont pas su rencontrer dans leur sens de la vie, et ont laissé le pouvoir prendre de la latitude sur eux par le système de la corruption tout en remettant à plus tard leur disparition totale que la fameuse révolution avait programmé, en attendant de vaincre totalement les éventuelles résistances. Disons que sans le savoir beaucoup de religieux et coutumiers n’ont pas encore conscience qu’ils sont en sursis.
    Ensuite vous lisant encore, comment ne peut-on pas comprendre, que parler de justice de droit, il faut avant tout avoir conscience du transcendant, sinon si par exemple j’ai le pouvoir économique qu’est-ce que je peux bien me préoccuper de l’existence de Dieu. Seule ma vision des choses compte, ma vérité est absolue. Toute autre interpellation n’est pas mon problème, mon action se réduisant de temps à autre, à faire des distributions spectaculaires d’aumônes aux pauvres, tout en les maintenant dans la misère.
    Enfin une dernière chose dont beaucoup d’internautes ne sembleraient pas faire fi, c’est oublier, que même l’économie dans notre pays roule sur un fond de conscience religieuse et qu’avec le dialogue interreligieux que constitue l’armature culturelle de notre pays on peut rêver d’une complémentarité harmonieusement dans les activités socioprofessionnelles. Ce qui pourrait permettre à notre pays de se doter d’une démocratie authentique qui n’aurait rien à envier aux propositions de la mondialisation. Par exemple, il ne viendrait à l’idée de personne (mossi, samo, gourounsi, bobo, gourmatché etc.) d’aller chez une femme musulmane dolotière pour boire du « Gnontoro ». Par contre toute la production des « foura » ou « dégué » on n’en trouvera pas de meilleur autre part que chez les femmes musulmanes, sans compter le travail des peaux et de la production du lait dans les pays du Nord. Une occasion pour permettre une industrialisation selon les réalités nationales, en faisant la promotion des corporations au niveau des villages plutôt que de les laisser confisquer par des agro-industriels et autres capitalismes sauvages. Les forgerons regroupés pourront par exemple promouvoir l’industrie du fer, de l’automobile. Les usines de tissages ne manqueront de faire appel à l’expertise des doigts agiles des tisseuses traditionnelles. Que dire alors des écoles catholiques protestantes, les medersas etc… cela préfigure déjà l’occasion et la possibilité d’accès de toutes les couches sociales au plus haut niveau (professionnel ou universitaire) et une résorption importante du chômage. L’université ne sera plus seulement le luxe des nantis. Je ne suis experte en la matière, mais j’ai toujours apporté mon point de vue dans les réorganisations des institutions de notre pays, et c’est ces contributions aussi, je crois, que le Président Saye Zerbo (en homme averti et de terrain) semble préconiser. Qu’elles soient individuelles collectives, corporatives, syndicales, partis politiques, société civile. Que tout le monde mette la main dans la pâte et que les burkinabé sachent enfin que « buud warb sân sod laagê, bi am kam fâan ninga a nôoré ». Merci mon président, et longue vie à vous que le Christ soutienne votre action partout et toujours pour le bonheur des burkinabé mais aussi de l’humanité. Qu’il vous protège et toute votre famille.

  • Le 20 juin 2010 à 11:34, par bruno En réponse à : SOLIDARITE NATIONALE : L’adresse du colonel Saye Zerbo

    Merci à l’ancien President Saye Zerbo pour donner de la voie sur comment asseoir une bonne gouvernance au Faso ou en Afrique. Ce genre d’exercice fait du bien au cerveau à son age. Mais ce que je regrette, c’est que pour qui connait ce que lui Saye Zerbo a fait de mal à ce pays , le contraire de ce qu’il professe dans cet ecrit on pourrait se demander si il ne cherche pas par un moyen plus ouvert de faire un autre coup d Etat au Faso.A son premier coup d’etat il avait été plus discret et a pu surprendre le vieux Lamizana pour instaurer pire que ce l’on voit aujourd"hui . il n’a proposé aucune forme d’organisation de l’Etat en son temps. C’etait une veritable fuite en avant pour profiter du pouvoir. le peuple ne lui a pas,heureusement laisser trop de temps pour semer le desordre.Bref son ecrit est vague et on ne sait pas de qui ou de quoi il parle exactement à travers les citations prophetiques et les references à des exploiteurs de notre continent.Il semble tres deconnecté de ces paysans , de ces ouvriers et autres creve -la -faim dont il met les noms en avant pour argumenter son discours sur le solidarité. Il pourrait nous offrir mieux en produisant ses memoires ou il il pourra mieux preciser ses idées au profit de l’avenir de notre pays

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