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Tertius Zongo : Le difficile combat pour la bonne gouvernance (4/5)

Publié le vendredi 11 juin 2010 à 19h38min

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Tertius Zongo, premier ministre, chef du gouvernement,
doit s’efforcer de convaincre que sa lutte contre le laxisme et pour la rigueur, ne vise pas que les moins bien lotis de la société burkinabè (4/5)

La première « bataille du rail » n’avait pas, dans un premier temps, mobilisé les bailleurs de fonds. Henri Zongo, qui était ministre de la Promotion économique, m’avait affirmé voici vingt ans, en août 1989 : « Nous étions seuls de Ouagadougou jusqu’à Kaya. Nous ne serons pas seuls à Tambao. Ils nous rejoindront, non par conviction profonde, mais pour redorer leur blason ».

Il n’était pas tendre avec des partenaires internationaux sceptiques quant à la mise en œuvre des projets « révolutionnaires » (même si la « Révolution » était entrée dans sa phase de « Rectification »). « Pourquoi la France coloniale, me disait-il, qui voulait amener le train d’Abidjan au Niger, trouvait ce projet-là formidable, alors que, maintenant que nous sommes indépendants, on nous dit que c’est un mauvais projet. Les experts de la Banque mondiale l’ont torpillé sous prétexte qu’il n’était pas rentable. C’est ridicule. Le kilomètre de voie ferrée, au Burkina Faso, coûte 80 millions de francs CFA. Le Transgabonais est revenu, lui, à 800 millions de francs CFA le kilomètre. Quant à la route, elle coûte chez nous 100 millions de francs CFA le kilomètre. Nos partenaires ont coutume de dire qu’ils ne définissent pas notre politique de développement. Aussi, je m’étonne qu’ayant défini notre politique et nos priorités pour dire « voilà ce qui est bien pour vous », ils soient aujourd’hui les premiers à regimber quand on réalise nos projets. Pour qui croient-ils donc que nous travaillons ? Pour eux ou pour nous ? Pour ce projet, chaque Burkinabè est prêt à mourir. Et je peux vous l’affirmer, aucun gouvernement, au Burkina Faso, jamais, ne remettra ce projet en cause. Nous mobilisons chaque jour 6.000 personnes sur le chantier alors que nous n’avons besoin que de 60 à 80 personnes. Et cela sans les coups de cravache qui ont permis de construire la voie d’Abidjan à Ouagadougou pendant un demi-siècle d’administration coloniale ».

Henri Zongo (figure emblématique de la « Révolution » disparue dans la tourmente de la « Rectification ») m’affirmait alors que Tambao ne pouvait pas être la seule finalité du « chemin de fer du Sahel », mais qu’il s’agissait de lutter contre la désertification en fixant les populations dans les villages par la création « d’un cadre de vie et de conditions permanentes d’existence » dès lors qu’aucun point du territoire ne se situera à plus de 200 km de la voie ferrée.

L’exploitation minière n’était pas oubliée pour autant : Tambao bien sûr, mais aussi les gisements de calcaire à ciment de Tin Hrassan, de magnétites vanadifères de Tin Edia, d’or,… C’était, au total, plus de 2.600 emplois permanents qui devaient être induits par le projet ferroviaire qui visait à désenclaver cette zone que l’on appelle le Liptako Gourma à cheval sur le Burkina Faso, le Mali et le Niger. En 1989, lors du lancement de la deuxième « bataille du rail », il y avait à Kaya, son point de départ, le capitaine Hamadou Moussa, ministre nigérien des Transports et du Tourisme, et Zeïni Moulaye, son homologue malien ; une bretelle devait rejoindre, au départ de Tambao, la ville d’Ansongo, au Mali, à environ 120 km, tandis qu’une liaison de 250 km devait être assurée entre Dori et Niamey. La Libye, n’ayant pas voulu être en reste sur ses arrières sahéliens, avait dépêché à Kaya son ministre de l’Information.

Mais revenons aux propos de Zongo… Tertius Zongo, actuel Premier ministre. Si Tambao reste d’actualité, ce n’est pas la seule perspective minière du pays. De l’argent au zinc en passant par le cuivre, le fer, le nickel, le plomb, le titane, l’uranium, le vanadium, etc., le potentiel minier du Burkina Faso, connu depuis longtemps, trouve de nouvelles perspectives dès lors que la demande mondiale est en croissance et justifie les investissements considérables nécessaires à l’évacuation de ces ressources minérales. Tertius Zongo, dans son discours sur la situation de la Nation, a ainsi, en matière « d’évaluation des potentialités », mis l’accent sur les « zones sédimentaires de l’Ouest et du Nord du pays pour les hydrocarbures et l’uranium ».

Au-delà du secteur minier, le secteur des services constitue « le deuxième secteur le plus contributif à la création des richesses nationales ». Zongo a rappelé que le Burkina Faso « entend confirmer sa position de pays de transit et d’échanges dans la sous-région ». Dans cette perspective, le port sec de Bobo-Dioulasso été inauguré par le président Blaise Compaoré le 21 janvier 2010 tandis que « s’inscrivent dans cette même dynamique » l’ouverture de l’entrepôt sous douane de Niangoloko, la réhabilitation de Ouaga-Inter et l’aménagement de la Zone d’activités diverses (ZAD2).

« Le Burkina Faso, a rappelé le Premier ministre, est situé au cœur de l’Afrique de l’Ouest. Cette position le prédispose à jouer un rôle déterminant dans les échanges intracommunautaires. Son enclavement physique peut être transformé en atout ». Dans cette perspective, Zongo a annoncé un vaste programme de construction de pistes rurales, de réhabilitation et d’entretien des routes, de bitumage des grands axes, de réalisation d’ouvrages. S’il a aussi rappelé la « déclaration politique » concernant la mise en œuvre d’un corridor Ouagadougou-Bamako-Dakar intégrant les infrastructures ferroviaires, il a surtout insisté sur les travaux de réaménagement et d’extension de l’aéroport de Ouagadougou qui doivent s’achever au cours de l’année 2010 (ouf… !) tandis qu’une maîtrise d’ouvrage a été créée pour le lancement des travaux du nouvel aéroport de Donsin.

Le gouvernement entend également mettre l’accent sur le développement du secteur touristique qui « connaît un élan de vitalité et occupe une place importante », soulignant le succès que rencontre, année après année, le Salon international du tourisme et de l’hôtellerie de Ouagadougou (SITHO).

Le point faible du Burkina Faso est l’électricité. Le 31 décembre 2009, l’interconnexion de Bobo-Dioulasso et de Ouaga a été achevée (50 milliards de francs CFA ont été investis pour cette réalisation) mais les problèmes de production de la Côte d’Ivoire, le pays « émetteur », ne permettent de sécuriser l’approvisionnement des abonnés. A noter que le taux d’électrification est encore faible et que l’objectif n’est que de 40 % en 2012 et de 60 % en 2015 tandis que le taux d’équipement téléphonique, fixe + mobile (3.816.000 d’abonnés au mobile contre 152.500 lignes pour le fixe !), est passé de 22,7 % en 2008 à 28,35 % en 2009.

« La clé de voûte de l’émergence, c’est la qualité des hommes et des femmes burkinabè. Les piliers en sont de toute évidence : la santé et la protection sociale, l’éducation et la formation, l’équité vis-à-vis de la jeunesse et de la femme burkinabè Enfin, le principal déterminant demeure le cadre de vie sain » a souligné Zongo. Santé, protection sociale, alphabétisation, enseignements primaire, secondaire, technique et formation professionnelle, supérieur, habitat et urbanisme, sports et activités culturelles… ont donc été des sujets longuement abordés par le chef du gouvernement. Sans surprise.

Zongo, qui a passé de longues années aux States, est un adepte de l’enseignement supérieur privé. Il est revenu sur cette question. Pour remettre les pendules à l’heure : « C’est aussi le lieu pour moi, a-t-il dit, de saluer les initiatives des promoteurs privés, qui constituent un appoint indispensable à l’accroissement de l’offre d’éducation supérieure. Toutefois, je voudrais les inviter à se conformer à la réglementation en vigueur. La principale fonction de l’université ou du centre de formation supérieure est d’abord sociale : mettre à la disposition du pays des compétences, pour sa pleine réalisation. Cette fonction, me semble-t-il, doit être rigoureusement préservée ».

A suivre

Jean-Pierre BEJOT
La Dépêche Diplomatique

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Vos commentaires

  • Le 12 juin 2010 à 07:59 En réponse à : A l’adresse du service technique de Fasonet

    Monsieur le Webmaster,
    Merci de transmettre à qui de droit :
    Félicitations pour le travail fait par l’équipe de rédaction.
    J’ai une seule demande concernant votre pub.
    J’ai de plus en plus peur de cliquer sur votre lien à cause de la publicité AGAÇANTE de Brussel Airlines. C’est bien de mettre une video, du sonore. Une fois, 2 fois, ça va, on est informé... Mais il est tout de même désagréable et agressif d’obliger tous ceux qui ouvrent votre lien de l’entendre systématiquement sans autre recours que d’aller tout de suite chercher l’endroit pour couper le son avant de revenir à autre chose. Pourquoi ne pas seulement faire en sorte que le son soit fonctionnel quand le curseur survole l’image. Cela rendrait plus agréable la visite du site de votre beau journal.
    Merci d’avance

    • Le 13 juin 2010 à 18:03, par jeunemossi En réponse à : A l’adresse du service technique de Fasonet

      Merci, de le soulever ! On es obligé de couper le son de son ordinateur pour mieux naviguer ! Merci de nous arranger ça.

  • Le 13 juin 2010 à 12:35 En réponse à : Tertius Zongo : Le difficile combat pour la bonne gouvernance (4/5)

    Je crois que le precedent lecteur a raison , monsieur de Fasozine, c’est très desagrèable ,vous risque de commencer à perdre de lecteur . Il est très très desagreable .
    J’espère que vous ferez quelquechoses pour arrêter cette publicité qui ennuis considerablement les lecteurs que nous sommes. Merci

  • Le 13 juin 2010 à 13:45, par le parrain En réponse à : Tertius Zongo : Le difficile combat pour la bonne gouvernance (4/5)

    je voudrais tout d’abord féliciter monsieur le premier ministre pour les efforts qu’il fait en vue de la réahabilitation rrréahabilitation de l’homme burkinabé et sa quête permanente de l’exellence à preuve je ne suis pas dans les secret des dieux la nomination d’un directeur des impôts neutre ,cependant de la même manière il faudra qu’au niveau de la fonction publique quand on intégre avec un diplôme et plus tard on a d’autres diplôme qu’on puisse vous nommer en fonction de vos acquis c’est dire un enseignant qui fais un master en gestion des resources humaine reste dans son corps mais peu être nommé DRH sur la base de ses acquis.

  • Le 28 juin 2010 à 12:31 En réponse à : Tertius Zongo : Le difficile combat pour la bonne gouvernance (4/5)

    Bonjour tout le monde !
    je veux juste faire remarquer à certains lecteurs qu’il est difficile pour le magazine de se passer de certaines publicités.
    Pour ceux qui voudraient ne plus entendre la pub, vous devez juste baisser le son jusqu’à le couper complètement et là,même après quand vous vous connecterez à nouveau,il y aura la vidéo,mais ça ne vous déragera pas car le son sera coupé.
    Bonne journée.

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