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SAISIE DE DROGUE EN GAMBIE : Petit pays, grands dealers

Publié le vendredi 11 juin 2010 à 03h10min

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La Gambie est fichée depuis fort longtemps comme une plaque tournante du trafic de drogue en Afrique de l’Ouest, mais jamais on n’avait imaginé que le phénomène avait pris des proportions aussi astronomiques. Deux tonnes de cocaïne ! C’est la saisie record opérée par les services de sécurité gambiens aidés par leurs homologues britanniques. La Gambie a donc franchi un palier supplémentaire dans le narcotrafic et cela a de quoi inquiéter les capitales occidentales. L’intervention des Britanniques se justifie d’ailleurs par le fait que Londres est un des points de passage de cette drogue venue de Gambie.

Comme l’immigration clandestine, les Anglais ont décidé de reculer les frontières de lutte jusqu’en Afrique, un continent qui apparaît comme le ventre mou du combat international contre la drogue. La Gambie est un minuscule pays de 50 km de large et 350 km de long. Ses dirigeants ne peuvent donc pas invoquer le caractère vaste du territoire pour justifier l’explosion du trafic de stupéfiants.

Le Mali, autre pays en proie à un regain du trafic, a l’excuse d’être un pays-continent à lui tout seul. D’autres raisons sont donc à l’origine des déboires de la Gambie. L’Observatoire géopolitique des drogues (OGD) prévient que le système est gangrené de l’intérieur : les policiers chargés de la lutte sont eux-mêmes pour la plupart, des consommateurs de drogue et certainement tous corrompus. En outre, la législation gambienne prévoit la libération sous caution, une clause utilisée par les dealers pour ensuite fondre dans la nature. Mais d’autres facteurs expliquent la fragilité de la Gambie, tels la porosité de ses frontières, le développement de la contrebande et l’expansion du tourisme.

Il faut savoir que le président gambien, malgré son titre de cheick et ses tenues ostentatoirement religieuses, n’en est pas moins à la tête de l’un des Etats les plus permissifs du continent. Ce qui a favorisé le développement d’un tourisme certes générateur de devises, mais aussi canal de nombreux maux dont la prostitution et la consommation de drogue. Alors, la saisie de plus de deux tonnes de cocaïne n’est-elle que la face visible de l’iceberg ? En tout cas, les autorités semblent être dépassées par les événements. Si bien qu’elles ont fait appel à l’Agence britannique de lutte contre le crime organisé, pour les appuyer. C’est en soi une décision de sagesse. Car avec les narcotrafiquants, elles ont affaire à forte partie.

A en juger par la valeur marchande de la drogue (un milliard de dollars !), les armes et l’argent en liquide saisis, ce sont bel et bien des professionnels de l’internationale de la drogue. Rien à voir avec les petits trafiquants de chanvre indien qui suivent les mêmes chemins que ceux de la contrebande. Si donc la Gambie a requis l’aide d’un pays européen, c’est qu’elle a pris la mesure de la menace. Ces criminels peuvent déstabiliser des régimes et Banjul voit sans doute le danger venir. Doit-on s’attendre désormais à une lutte franche contre les réseaux mafieux de la drogue en Gambie ? Le régime n’a d’autre choix que de prendre cette résolution. Sa survie en dépend.

Par Mahorou KANAZOE

Le Pays

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