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CONSOMMATION : S.O.S, on nous empoisonne !

Publié le mardi 8 juin 2010 à 03h06min

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La Ligue des consommateurs du Burkina, section du Houet, a
décidé de briser le silence. Elle a découvert, suite à plusieurs
investigations, qu’il y a des huiles très dangereuses sur le marché. Ces
huiles, fabriquées par des unités de production qui ne respectent aucune
norme en matière de santé, contiennent du gossypol, une substance « très
dangereuse et hautement toxique pour les espèces animales, notamment
pour l’homme ». Le rapport de la Ligue est clair : « Le gossypol n’est
autre chose qu’un poison ; car le facteur nocif sur l’homme peut s’avérer
fatal pour sa vie ». Le ministre de la Santé et celui du Commerce sont au
courant, depuis longtemps, de la gravité du problème. Mais ils semblent
tous plongés dans un silence complice.

Mesdames, faites attention à l’huile de cuisine que vous achetez !
Certaines sont de mauvaise qualité. Elles contiennent du gossypol.
D’ailleurs, à ce sujet, le rapport de la Ligue des consommateurs ne va
pas avec le dos de la cuiller : « Suite à de nombreuses investigations (…)
sur la consommation de l’huile de cuisine, il s’est avéré que les
Burkinabè sont exposés à un énorme danger. Il existe une présence très
vigoureuse du gossypol dans les huiles de consommation humaines au
Burkina. Au-delà des conditions hygiéniques, sanitaires et de sécurité
macabres qui entourent beaucoup d’unités de production, véritables
dangers pour nos populations, le gossypol n’est autre chose qu’un
poison, car le facteur nocif sur l’homme peut s’avérer fatal pour sa vie ».

Comment comprendre alors le silence des autorités face à un tel
constat ? Certes, à un certain moment, des unités de production
artisanale ont été fermées. Mais quelques mois après, ces mêmes unités,
pourtant jugées dangereuses, ont rouvert sans respecter les normes
requises. Pire, d’autres unités de ce type ont été créées par la suite,
« au vu et au su des autorités ». Les structures de contrôle des produits
de grande consommation le savent, mais elles semblent, elles aussi,
inactives. Abandonnant ainsi les consommateurs à leur propre sort. Selon
la Ligue, « le gossypol peut provoquer chez l’Homme, la stérilité,
l’interruption de grossesse, des problèmes gastriques, des problèmes
cardio-vasculaires, le cancer… » Et même entraîner la mort.

Certaines unités de production usent de stratégies diverses, souvent
malsaines, pour s’implanter sur le marché. Voici, à ce sujet, le constat
de la Ligue : « Sous prétexte de produire de l’huile brute destinée à la
fabrication du savon ou de l’huile neutre, des opérateurs économiques de
ce pays se font établir des agréments, sans pourtant avoir les
équipements techniques adéquats ; ils inondent le marché avec toutes
sortes d’huiles frelatées, exposant ainsi dangereusement la vie des
populations aux nombreux risques liés aux facteurs anti-nutritionnels et
très nocifs du gossypol.

Malheureusement, ce sont ces huiles frelatées,
impropres à la consommation humaine et animale, qui constituent la
principale source d’huile de cuisson pour la majeure partie de la
population burkinabè ». La plupart des opérateurs économiques qui
produisent ces huiles sont conscients du danger. Mais comme personne ne
dit rien, ils continuent d’empoisonner les consommateurs, engrangeant
ainsi de colossales sommes d’argent. « C’est une activité très
lucrative », affirme-t-on à Bobo, la capitale économique.

Les études techniques réalisées, à propos de la production d’huile
alimentaire, sont formelles : « Pour que l’huile produite à base de coton
soit sans aucun risque et propre à la consommation, il faut disposer
d’une chaîne complète de raffinage dont le système d’extraction du
gossypol. Mais seule une petite poignée d’unités en possède à ce jour
dans notre pays ».

Certaines unités industrielles, par contre, respectent scrupuleusement
les normes en matière de santé publique. Le contrôle qualité y est de
mise. La SN-CITEC, par exemple, est une référence en la matière. Mais
ces unités industrielles exemplaires sont mises à rude épreuve, du fait
de la concurrence déloyale, de la fraude et de la contrefaçon. La Ligue
qualifie cela « d’activités criminelles » exercées par les autres unités
qui sont, pour la plupart, artisanales ». Elle ne comprend pas pourquoi
les autorités sont si silencieuses face à un problème de santé aussi
grave : « C’est du poison que toutes les autres unités produisent pour
notre population, et cela, au vu et au su des autorités, censées
pourtant garantir la sécurité des citoyens.

Nous croyons que le
développement tant prôné par nos gouvernants n’aura de sens que si,
au-delà des simples discours et des émotions souvent observées quand il
se passe un drame, ils se donnent les moyens véritables de garantir la
santé et la sécurité des populations ». Les autorités vont-elles laisser
le gossypol tuer, à petit feu, les consommateurs ? Ou vont-elles enfin
réagir de façon vigoureuse ? Elles savent où se trouvent les unités de
production dangereuses. Et elles connaissent aussi les opérateurs
économiques qui gèrent ces unités. Pourquoi traînent-elles alors les
pas ? Mystère et boule de gomme.

Par Hervé D’AFRICK

Le Reporter

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Vos commentaires

  • Le 8 juin 2010 à 07:24, par Sidbala En réponse à : CONSOMMATION : S.O.S, on nous empoisonne !

    Voici un journaliste ! Sujet pertinent et analyse on ne peut plus douter pertinente. Courage Hervé.

  • Le 8 juin 2010 à 10:49, par silmiougou En réponse à : CONSOMMATION : S.O.S, on nous empoisonne !

    De grâce, que le LNSP publie la liste des huiles impropres à la consommation qui sont vendues sur le marché. Nous avons eu le plaisir de découvrir celle des eaux de boisson. Aidez nous à préserver notre santé ; vous êtes là pour ça non ?

  • Le 8 juin 2010 à 11:01, par donmozoun En réponse à : CONSOMMATION : S.O.S, on nous empoisonne !

    C’est pas facile. je me pose souvent des questions sur l’avenir de ce pays. Pour des questions aussi graves, il n’ya pas de réactions énergiques de la part de nos autorités. D’accord qu’il faut lutter contre la fraude et favoriser l’entreprenariat local mais quite à laisser n’iporte qui se lancer dans une activité dont il ignore les fondements les plus élémentaires. faites des statistiques et vous vous rendrez compte que 90% des acteurs de la filière huile, ne savent même pas la composition chimique de leur huile. ils vous diront qu’ils produisent de l’huile et cela est suffisant. Je ne comprend pas pourquoi, des agréments sont donnés à des individus alors que nous avons une unité performante qui produit des huiles de qualité. Je n’arrive pas à comprendre que parfois la SN-Citec manque de matières premières pour produire de l’huile du fait de tous les autres débrouillards. Nous sommes toujours prêts à faire de grands discours alors que les problèmes réels, qui menacent même notre survie, sont balayés du revers de a main. Certaines décisions sont douloureuses à prendre, mais je pense qu’il faut en arriver là. Les gens sont tellement pauvres qu’ils se rabattent sur ces huiles de mauvaise qualité qui sont les moins chers. Et c’est sûr que tou les restaurateurs et autres gargottes qui utilisent de l’huile, se rabattent sur ces huiles peut coûteuses. Comment voulez vous que l’on se porte bien ! les problèmes cardio vasculaires, renaux et autres ne vont que s’accrôître. Merci à la ligue des consommateurs pour tous ses efforts. elle fait son travail d’information ; à chacun maintenant de prendre ses précautions si nos responsables ne peuvent pas agir comme il se doit pour nous protéger. Il ya quelques jours de cela, c’était les eaux de boisson, maintenant les huiles, et demain ? la viande ? le riz ? la farine ? le lait ? Ne nous remettons surtout pas à Dieu !! Il a suffisamment fait pour nous et c’est à nous de nous battre maintenant !!!

  • Le 8 juin 2010 à 11:46, par le CDR En réponse à : CONSOMMATION : S.O.S, on nous empoisonne !

    DE QUELLE UNITES PARLEZ VOUS ? CREUSEZ BECHEZ ET VOUS COMPRENDREZ JUSQ’Oû VA LE PROBLEME ! certaines grosses boites peuvent imiter certaines bassesses.MEFIONS NOUS DES APPARENCES TOUS LES BIDONS PEUVENT S’AVERER CONTENIR LES MEMES CHOSES malgre les labels prrrrrrrr.........

    IL SUFFIT DE REMPLIR LES BIDONS EN FAISANT LA MEME CHOSE ET IL N’Y A PLUS DE CONCURRENCE DELOYALE

  • Le 8 juin 2010 à 16:27, par shiva En réponse à : CONSOMMATION : S.O.S, on nous empoisonne !

    les autorités laisseront les consommateures mourir silencieusement. ces gens sont au courant de tout, et ce n’est pas seulement l’huile qui est impropre à la consommation il ya aussi l’eau en sachet. nos autorités ne se soucient guère de notre santé car elles sont complices avec ces assassins. elles prefèrent l’argent plutot que la vie de la population

    • Le 8 juin 2010 à 22:47, par burkinabiiga En réponse à : CONSOMMATION : S.O.S, on nous empoisonne !

      bonsoir Mme et mr selon moi le le problème c’est que nos autorites ne lutte pas contre la pauvreté.
      c’est la seule moins pour nous sauver de tout les dangers de ses produit c’est parce qu’il y a des consommateurs qu’il produise toujours
      et les produits des usines au Burkina sont trop chère.

      du courage les journalistes

      • Le 10 juin 2010 à 17:42, par Silmiougou En réponse à : CONSOMMATION : S.O.S, on nous empoisonne !

        "c’est parce qu’il y a des consommateurs qu’ils produisent" dites-vous Burkinabiiga ? Je serai moins cynique en disant que c’est parce que le consommateur au petit revenu est laissé à lui-même. Je ne crois pas que s’il avait les informations sur ces huiles (marques et noms), il choisirait de s’empoisonner. les produits des usines sont chers je vous le concède mais pour celui qui ne peut pas acheter de l’huile de qualité il peut consommer le beurre de karité qui lui ne nous cré pas des problèmes de santé.

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