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Gestion des ressources humaines des ministères et institutions : 97 254 fonctionnaires et contractuels, 1 134 départs, 8 488 entrées, 187 décès, 153 licenciements

Publié le vendredi 4 juin 2010 à 04h42min

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Il s’est tenu le 25 mai 2009 à Ouagadougou, la première session de la conférence de gestion des ressources humaines, instituée en août 2009. Elle a concerné 41 ministères et institutions régis par la loi n°013/98/AN du 28 avril 1998 portant régime juridique applicable aux emplois et aux agents de la Fonction publique et sa modification n°019-2005/AN du 18 mai 2005 dans son volet administratif. Cette conférence entendait évaluer le niveau de maîtrise de la situation réelle des ressources humaines de la Fonction Publique en rapport avec l’évolution de la masse salariale. Elle devrait également évaluer le fonctionnement des organes et des outils de gestion et faire l’état prévisionnel des effectifs pour la période 2010-2012. Le document de base de cette rencontre, notamment le rapport 2009 de la gestion des ressources des ministères et institutions, dans son élaboration et contenu, témoigne que l’administration publique a d’énormes défis à relever en rapport avec l’objet déjà cité.

Sur 41 ministères et institutions invités par lettre n°2010-172 /MFPRE/SG du 2 avril 2010, à préparer leurs rapports respectifs conformément à un canevas alors retenu et à soumettre à l’appréciation du Secrétariat technique de la conférence de gestion des ressources humaines (ST/CGRH) au plus tard le 20 avril 2010, seuls deux ont respecté exactement les échéances.

Il s’agit de la Présidence du Faso et du Ministère chargé des Relations avec le parlement. Les autres vont d’un à 34 jours de retard. Le ST/CGRH a pourtant insisté car il a rappelé par une correspondance datant du 3 mai 2010 aux structures, l’échéance du dépôt des rapports.
Certaines structures n’ont pas daigné s’exécuter. Il s’agit précisément de la Commission de l’informatique et des libertés (CIL), la Commission électorale nationale indépendante (CENI), la Grande Chancellerie, le Ministère chargé de Mission auprès du Président du Faso, chargé de l’analyse et de la prospective. Le Ministère de la promotion de la femme a rendu un rapport non amendé par le Secrétariat technique de la conférence de gestion des ressources humaines.

Que ce soit dans les cas des rapports rendus après le délai ou ceux non rendus, on ne peut refuser de s’interroger. Les Directeurs des affaires administratives et financières et les Directeurs des ressources humaines des ministères ou institutions retardataires ou qui n’ont pas soumis de rapport ne capitalisent-ils pas les données inhérentes aux missions à leur assignées ? L’administration publique dispose-t-elle d’une situation exacte de son personnel et ses corolaires ? Ceux qui n’ont pas produit de rapport ou ont refusé de le faire se démarquent-ils des règles de fonctionnement de l’administration ? Chacun fait-il ce qu’il veut et selon ses convenances ? Chacun fait-il son boulot dans nos administrations ?

Faute de pouvoir répondre objectivement à ce questionnement, pour l’instant, nous avons l’impression que l’administration publique navigue à vue dans la gestion de son personnel, des carrières, des salaires… En parcourant le rapport on lit une certaine négligence et une certaine non maitrise des données qui ont compromis la qualité du document produit, et cela, vu le non renseignement d’un certain nombre d’informations et la non concordance par exemple des chiffres. Ceux qui pourront le parcourir en seront certainement édifiés. On lit également entre les lignes que les informations renseignées ont été obtenues sous la pression. Bref !

En ce qui concerne les données chiffrées, la Fonction publique Burkinabé compte 49 778 fonctionnaires et 47 476 contractuels, soit un effectif cumulé de 97 254 agents avec notamment 1134 départs, 8 488 entrées (une augmentation de 7,74%). Les femmes représentent 21% des fonctionnaires, soit 10 586 femmes pour 37 429 hommes. Au niveau des contractuels, les femmes sont au nombre de 16 661 contre 27 375 hommes. Les fonctionnaires sont repartis en catégorie dont 40, 66% de catégorie B, 24, 38% de A, 22,45% de C, 7,67% de D, 1,25% de E.
Le rapport indique que « les effectifs des fonctionnaires et agents contractuels de la Fonction Publique tendent à s’équilibrer (50 081 fonctionnaires et 44 872 contractuels de la fonction publique). Au rythme actuel des recrutements du Ministère de l’Enseignement de base et de l’alphabétisation (MEBA) et du Ministère de la Santé où la majorité des emplois sont occupés par des contractuels, le nombre des agents contractuels dépassera dans un proche avenir celui des fonctionnaires ».

« 24% des agents de la Fonction Publique ont un âge compris entre 31 et 35 ans. L’effectif de cette tranche d’âge est suivi des tranches d’âge de 26 à 30 ans et de 36 à 40 ans. Ce qui signifie que 66,11% des agents de la Fonction Publique ont un âge compris entre 26 et 40 ans. On conclut que les agents de la Fonction Publique sont en général jeunes dans les départements ministériels et Institutions, exception faite au Ministère des Enseignements supérieur, secondaire et de la recherche scientifique (MESSRS) pour lequel 51, 56% des agents ont un âge compris entre 41 et 60 ans, à l’Autorité supérieure de contrôle d’Etat et au Ministère de la Défense ».

64 634 agents soit 68,03% des agents de la Fonction Publique ont une ancienneté inférieure à 15 années de services. Cette jeunesse pourrait s’expliquer par « les recrutements qui se sont intensifiés au cours de ces dernières années ». 27 114 agents exercent en milieu urbain contre 9 952 en zone semi urbaine et 53 163 en zone rurale (parmi ces effectifs en milieu rural, ceux du MEBA comptent 34 472 agents soit 64,84%). A la lecture de ces derniers chiffres, l’activité des administrations publiques s’exerce en zone urbaine, mise à part le MEBA, le MESSRS, le Ministère de la Santé et les Ministères chargés du développement rural.

Il ressort que les modes de recrutement, au nombre de 5, satisfont aux besoins de l’administration : concours directs suivi de formation, concours directs sans formation, les concours professionnels, examens professionnels et sélections sur dossiers. Il reste toutefois que la Fonction Publique a un besoin particulier en personnel d’appui : chauffeurs, secrétaires et agents de liaison. Pour les prévisions des emplois, le rapport souligne que l’exercice « aura révélé toutes les difficultés inhérentes à la planification stratégique des effectifs et des emplois dans la Fonction Publique. Un premier groupe de Ministères et institutions n’ont pas réussi à renseigner le tableau apprêté à cet effet ; un deuxième groupe l’a renseigné sans argumenter leurs propositions et enfin un troisième groupe a fait des propositions de recrutements qui s’écartent de celles qu’il a préalablement communiqué à l’Agence générale de recrutement de l’Etat (AGRE) ».

De même, « les tableaux relatifs à la rémunération du personnel par statut et par catégories n’ont pas pu être convenablement renseignés par les DRH et les DAF des ministères et institutions ».
Dans le domaine des sortie temporaires, autrement dit, les détachements, les disponibilités, les suspensions de contrat, 1 663 agents de la fonction publique sont en situation de sorties temporaires dont 935 sont en détachement, soit 56,22% ; 567 en position de disponibilité, soit 34,09% et 161 en suspension de contrat soit 9,68%. 1134 agents ont quitté définitivement la fonction publique dont 732 retraités, 187 décès, 153 licenciements dont 139 cas pour le MEBA, 30 cas de démission, 21 retraites anticipées et 11 révocations. 25 861 agents ont bénéficié d’une progression d’échelon en 2009 soit 10 754 fonctionnaires et 15 107 agents contractuels de la fonction publique, 217 avancements de classe, 4093 agents reclassés dont 3440 du MEBA.

Le rapport conclut que des actions courantes sont menées dans le cadre des attributions des structures en charge de la gestion des ressources humaines. Il reste que les ministères et les institutions doivent travailler pour une « planification réelle des actions dans le domaine de la gestion des ressources humaines qui s’inscrit dans un cadre global de politique sectorielle ». Il nous semble que la situation est très critique et que pour rendre les choses propres, il faut une volonté politique. Soungalo Ouattara a du pain sur la planche.

Par Michel NANA

Bendré

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Vos commentaires

  • Le 4 juin 2010 à 14:14, par Ben Ischam En réponse à : Gestion des ressources humaines des ministères et institutions : 97 254 fonctionnaires et contractuels, 1 134 départs, 8 488 entrées, 187 décès, 153 licenciements

    Je me pose toujours des questions sur la pertinence du Ministère de la fonction publique. Au-delà des souffrances subies par les agents lorsqu’ils doivent suivre leurs différents dossiers, l’intermédiaire ou l’inter-médiation de la Fonction publique est la source même de la lourdeur administrative. De manière lapidaire, on crée un ministère, on paie donc des agents pour suivre l’évolution des autres agents d’autres Ministères.
    La rationalité voudrait qu’on redéploie gentiment ces commis vers les autres ministères pour qu’ils puissent gérer directement leurs effectifs. Ainsi une direction spéciale, qu’elle s’appelle DRH ou autre, peut être créer dans chaque ministère pour cela. De la même manière que l’Etat major gère l’effectif de l’armée, le Ministère de la Santé, des Enseignements... géreront directement leurs effectifs.

    Il en de même du Ministère de la promotion de la femme. Personnellement, je crois qu’on ne peut promouvoir la femme en créant un ministère. Pour faire la preuve patente de l’échec de ce ministère, visitez les différentes maisons de la femme à travers tout le pays et vous serez largement édifiés. Une autre preuve est que ce ministère vient de faire un séminaire sur "comment rentabiliser ces maisons de la femme". Alors que s’il y avait dans chaque ministère, une cellule chargée de faire du lobbying ou pour utiliser un terme à la mode du mainstreaming.

  • Le 7 juin 2010 à 08:58, par kratenga En réponse à : Gestion des ressources humaines des ministères et institutions : 97 254 fonctionnaires et contractuels, 1 134 départs, 8 488 entrées, 187 décès, 153 licenciements

    Salut...quelqu’un aurait il la gentillesse de m’éclairer sur ces différentes catégories de fonctionnaires(A,B...) ?merci

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