LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Utilisation de produits nocifs sur les sites miniers : La police saisit de l’acide, du zinc et du cyanure

Publié le vendredi 4 juin 2010 à 04h42min

PARTAGER :                          

La police de Bittou, localité située à environ 260 km à l’Est de Ouagadougou, a saisi lors d’une opération menée le 22 mai 2010, 15 bidons d’acide, 53 sacs de zinc et un sac de cyanure. Ces produits toxiques et prohibés utilisés sur les sites d’orpaillage de la région, ont été présentés à la presse, le mercredi 2 juin dernier.

Le ministère de la Sécurité est sur le pied de guerre contre l’utilisation des produits nocifs sur les sites miniers. Au cours d’une opération menée le 22 mai 2010 à Bittou dans la province du Boulgou, région du Centre-Est, la police a réussi à mettre la main sur 15 bidons de 20 et 50 litres contenant, selon les étiquettes, de l’acide sulfurique et nitrique.

Le lot saisi se compose également de 53 sacs de 50 kilos chacun contenant du zinc et d’un sac de cyanure, un produit hautement toxique et mortel. Deux personnes ont été interpellées, d’autres ont réussi à prendre la poudre d’escampette.

Selon l’officier de police, Almissi Célestin Ouédraogo, commissaire de police de Bittou, "les produits ont été saisis dans la ville de Bittou et sur le site aurifère de Warwéogo qui est la destination première". Warwéogo est un hameau de culture de Bittou relevant du village de Mogandé. Ces trois produits mis dans des fosses différentes, sont employés par les orpailleurs dans la décantation du minerai or. Les personnes interpellées seront présentées à la justice. "A ce stade, c’est l’opération de police judiciaire.

Nous rassemblons toutes les preuves. Après, nous allons les déférer devant les tribunaux qui décideront de leur sort", a précisé le commissaire de police de Bittou, Almissi Célestin Ouédraogo. Il appelle les populations à davantage collaborer avec les forces de sécurité. "Il faut que les bonnes volontés nous mettent au courant des pratiques qui ne sont pas à même de favoriser la sécurité des personnes, des biens et de l’environnement", a soutenu Almissi Célestin Ouédraogo.

De l’argent contre le silence

Dans la cour du commissariat, Dieudonné Muvunyi, ingénieur chimiste au Bureau des mines et de la géologie du Burkina (BUMIGEB), vêtu d’une blouse blanche, les mains chaussées de gants, présente les produits saisis et explique leur danger.

Venu de Ouagadougou, son équipe a fait les premiers tests et confirmé la nature des substances. "Les produits contenus dans les bidons sont des acides. Pour de plus amples informations, nous allons aller faire d’autres tests à Ouagadougou pour spécifier les genres d’acides. En plus, il y a du zinc et du cyanure", a confirmé Dieudonné Muvunyi.

Il a mis l’accent sur la toxicité et la dangerosité des produits particulièrement, du cyanure. C’est une substance mortelle pour les espèces vivantes, "un poison à action rapide, quelques traces suffisent pour tuer homme ou animal". D’ailleurs, un éleveur, Issa Bani, a vu ses deux bœufs crevés sous ses yeux à Warwéogo, après s’être abreuvés d’une eau contaminée par les produits des orpailleurs.

Contre le silence de l’éleveur, les orpailleurs l’ont "dédommagé" à hauteur de 150 000 F CFA, soit 75 000 F CFA par bœuf mort. Intimidé, ce n’est qu’après la saisie que Issa Bani est allé "pleurer" au commissariat, en s’indignant de la somme dérisoire de son dédommagement. Sur le site de Warwéogo, situé à une vingtaine de kilomètres de la ville de Bittou, se présentent de petits bassins où les orpailleurs mélangent acide, zinc et cyanure pour découvrir l’or.

Tout autour, sont amoncelés des mottes de terre résultant du processus. Le contrôleur des Eaux et forêts, Salfo Augustin Kaboré, chef du service de l’Environnement et du Cadre de vie de Bittou, déplore les conséquences de l’utilisation des produits toxiques. Ces produits risquent de polluer la nappe phréatique et le cours d’eau situé à une dizaine de mètres du site, a-t-il souligné.

Selon lui "ce qu’on craint pour le moment, avec le début de l’hivernage, c’est l’infiltration au niveau du sol. Les puits qui sont à côté seront touchés à partir de la nappe phréatique". La pollution du cours d’eau menace les espèces aquatiques et les animaux qui s’y abreuvent. Les produits toxiques jouent également sur la microfaune du sol, entraînant une désertification.

Des investigations sur l’ensemble du territoire national

L’utilisation des produits nocifs a été dénoncée le 10 mai dernier, à la rencontre du Premier ministre, Tertius Zongo, avec les acteurs du secteur minier. Le chef du gouvernement avait instruit la mise en place d’une structure coordonnée par le ministère de la Sécurité pour lutter contre l’usage de ces substances. Selon le commissaire Sandoni Loya, directeur de la sécurité publique à la Direction générale de la police nationale, la saisie de Bittou s’inscrit en droite ligne des recommandations du Premier ministre.

"L’usage des produits comme le cyanure est un véritable fléau. Après la rencontre avec le Premier ministre, le ministre de la Sécurité nous a instruit de procéder à des investigations pour saisir partout sur le territoire national, les produits chimiques nocifs utilisés sur les sites miniers", a expliqué le directeur de la Sécurité publique.

Le directeur des exploitations minières à petite échelle au ministère chargé des Mines, Bouri Roger Zombré, a déclaré que la loi sera appliquée dans toute sa rigueur envers tout utilisateur de produits prohibés sur les sites miniers du Burkina Faso.

Bachirou NANA

Sidwaya

PARTAGER :                              

Vos commentaires

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Gaoua : L’ONG MERCY CORPS dresse le bilan de son projet PILAND