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PRESIDENTIELLE IVOIRIENNE : La nouvelle promesse de Gbagbo

Publié le jeudi 3 juin 2010 à 07h43min

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« On ne sortira pas de 2010 sans élection ». Le Président ivoirien Laurent Gbagbo vient de prendre cet engagement sur les ondes de RFI. Le monde entier l’a donc entendu. Il sera de ce fait jugé à l’aune de sa parole. Mais que vaut aujourd’hui la parole de Laurent Gbagbo ? Sans doute pas grand-chose. Le Président ivoirien est passé maître dans l’art de se renier à tel point que seuls ses contempteurs peuvent continuer à le croire. En effet, n’est-ce pas lui qui avait, il y a peu, fait miroiter dans les yeux de Alassane Dramane Ouattara la fixation très prochaine d’une date pour la présidentielle ?

C’était à l’issue d’un tête-à-tête entre les deux hommes ; et ADO, voulant sans doute mettre Gbagbo face à ses responsabilités, a lâché cette confidence. Mais on voit que même les leaders de la scène politique ivoirienne ne semblent pas mesurer la roublardise du Président ivoirien. Entre quatre murs, il avait sans doute fait cette promesse pour dissiper les nuages qui pesaient sur les assises de la Banque africaine de développement. Il n’y a certainement pas eu de modus vivendi écrit en bonne et due forme entre les deux parties. Et même si c’était le cas, on sait ce que Gbagbo fait des accords…

C’est pourquoi la dernière déclaration du Président ivoirien laisse de marbre. Car à tout moment, lui-même peut ériger des obstacles sur le chemin de la présidentielle. Peut-être est-il en train de mijoter un coup fourré au moment même où il jure de tenir le scrutin cette année. On sait que le contentieux électoral interrompu brutalement puis repris récemment peut, à tout instant servir de prétexte au camp présidentiel pour retarder le processus. Sans compter le dossier dormant de la réunification et du désarmement que le régime ne manquera pas d’exploiter le moment venu.

Bref, Laurent Gbagbo a plus d’un tour dans son sac. Mais cette fois, la classe politique, la société civile et les démocrates ivoiriens devraient le prendre au mot. Ils doivent prendre date depuis cette interview sur RFI, et ne plus rien lâcher.

Car si Gbagbo une fois de plus ne tient pas promesse, il y a de quoi se demander s’il mérite encore de présider aux destinées d’une aussi grande nation que la Côte d’Ivoire. A ce propos, Laurent Gbagbo devrait du reste se détromper, quand il pense que seuls les Ivoiriens sont concernés par la tenue de la présidentielle. La politique d’ouverture menée par le père de l’indépendance a fait de la Côte d’Ivoire certes un pays souverain, mais aussi une terre d’hospitalité. Beaucoup d’Africains ont un lien affectif avec ce pays qui fut pendant des décennies un exemple d’intégration. Les communautés d’origine française ou libanaise établies dans ce pays depuis les indépendances n’ont-elles pas aussi le droit d’exprimer leur attachement à une Côte d’Ivoire pacifiée et apaisée ?

Non, la Côte d’Ivoire est devenue par la vision de son premier Président et la contribution de tous les bras et cerveaux venus du monde entier, une sorte de patrimoine commun. Et chaque ressortissant ouest-africain, en particulier, veut le bien de ce pays parce qu’il en profitera d’une façon ou d’une autre. C’est dans cet esprit, croit-on, en tout cas officiellement, que Gbagbo lui-même a sollicité la médiation de Blaise Compaoré, Président du pays ayant la plus forte communauté en Côte d’Ivoire. Un Blaise Compaoré qui ne cache plus sa lassitude devant les tergiversations de son homologue ivoirien. Sur la télévision France 24, n’a-t-il pas laissé transparaître son dépit en évoquant la possibilité de se retirer de la médiation ?

Et puis, le Président Gbagbo qui semble s’offusquer d’une sorte d’ingérence dans les affaires intérieures ivoiriennes, ne crache cependant pas sur la manne déversée par l’ONU et les pays occidentaux pour voir aboutir le processus électoral. Le Président guinéen par intérim, Sékouba Konaté, a dit que la présidentielle se tiendrait dans son pays le 27 juin. Il n’a ni les moyens de Gbagbo, ni l’expertise des institutions ivoiriennes. Mais il est animé d’une volonté farouche d’y parvenir et relèvera probablement le défi. Tout est donc question de bonne foi. Et pour l’instant, cette vertu ne semble pas habiter le Président ivoirien.

Mahorou KANAZOE

Le Pays

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