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Me Sankara : « Ma démission de l’Assemblée nationale n’a rien à voir avec la situation de mon cabinet »

Publié le mercredi 2 juin 2010 à 02h47min

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L’Union pour la renaissance/ Parti sankariste (Unir/PS) a choisi l’occasion de la commémoration du 27e anniversaire de l’arrestation du capitaine Thomas Sankara (c’était le 17 mai 1983) pour annoncer la démission de son président, Me Bénéwendé Sankara, de l’Assemblée nationale. Dans cet entretien, ce dernier, qui porte également le titre de chef de file de l’opposition politique du Burkina évoque les raisons de ce départ, qui, assure t-il, ne sont pas liées aux difficultés que connaitrait son cabinet d’avocats.

Fasozine.com : Dites-nous ce qui a véritablement motivé votre départ de l’Assemblée nationale

Me Bénéwendé Sankara : Il faut d’abord dire qu’un député doit son mandat à son électorat et bien sûr, en ce qui me concerne, je dois le mien à l’Union pour la renaissance/Parti sankariste. Dans ce parti, nous avons une vision qui est de créer une alternative sankariste à travers les mécanismes de la démocratie. Ceux qui suivent le parcours du parti de l’œuf savent bien qu’il y a une dizaine d’années, les sankaristes que nous sommes se sont battus pour arriver à l’Assemblée nationale. Aujourd’hui l’Unir /PS est la première force politique de l’opposition. C’est un constat. Et je pense que si la dynamique se poursuit, les législatives de 2012 devraient théoriquement conforter cette position-là, d’autant plus que nous sommes en train de nous implanter partout sur le territoire national, afin de tenir haut l’étendard de l’idéal sankariste.

Ce qui nous préoccupe, c’est de nous mettre davantage à la disposition de nos militants, de les aider à mieux se structurer, à mieux s’implanter pour les batailles à venir. Concernant mon départ de l’Assemblée nationale, le 17 mai dernier, le secrétariat exécutif national de l’Unir/PS a abondé dans mon sens en acceptant ma démission pour que je puisse me mettre davantage à la disposition du parti.

Ensuite, depuis que nous existons en tant qu’organisation politique, nous avons toujours prôné l’unité des forces vives, c’est-à-dire l’unité des partis politiques de l’opposition et une unité d’action. Dans tous les pays où l’alternance a été possible, il a fallu que toutes ces forces se mettent ensemble. J’ai été désigné comme chef de file de l’opposition, ce qui est une extrême et lourde responsabilité. Je mesure l’ampleur et la délicatesse du travail et je pense qu’en me libérant de cette autre tâche qui est celle de député, je pourrai être plus disponible pour assumer mes responsabilités.
J’estime aussi que pour partir à l’élection présidentielle en 2010 il ne faudrait pas, en tant que candidat, profiter du titre de député, parce que tous les candidats doivent être égaux et avoir les mêmes chances.

En partant de l’Assemblée nationale ne craignez-vous pas de laisser un vide ?

Pas du tout, puisque nous travaillons en équipe. Nous avons conçu un mécanisme de travail bien huilé qui fait que, au niveau de l’Assemblée nationale, les députés de l’Unir/PS fonctionnent de façon collégiale. Ensuite, le groupe parlementaire ADJ (Alliance pour la démocratie et la justice, ndlr), dont nous faisons partie, a une histoire. Et c’est cette histoire qui fait qu’au-delà des divergences qui peuvent survenir entre les partis politiques du groupe et même entre les leaders, il y a une certaine complicité, une cohésion que les gens n’arrivent pas à comprendre. Humblement, je le dis, Bénéwendé Sankara n’est pas irremplaçable. En 2005, j’avais aussi rendu ma démission pour préparer la présidentielle et c’est le deuxième suppléant qui est parti à l’Assemblée nationale.

Cette fois ci, c’est le premier suppléant qui me remplace. Comme c’est l’histoire qui révèle les hommes, je crois que mon remplaçant pourrait aussi faire son expérience et se révéler à l’opinion burkinabè. C’est un homme compétent qui est membre fondateur et cadre du parti. Croyez-moi, il ne va pas jouer les seconds rôles. Il va apporter sa touche à la marche parlementaire, aux cotés des autres partis de l’opposition.

Donc vous dites que cette démission ne vous enlève pas votre titre de chef de file de l’opposition...
La loi dit que le chef de file de l’opposition c’est le premier responsable du parti qui a le plus de députés à l’Assemblée nationale. Donc, à ce niveau, il n’y a aucune ambigüité. Je demeure le chef de file de l’opposition au Burkina, parce que l’Unir/PS à ce jour, totalise plus de députés à l’Assemblée nationale que les autres formations de l’opposition.

Et que répondez-vous à ceux qui pensent que cette démission fait suite à la volonté de vous occuper de votre cabinet d’avocat qui connaitrait des difficultés ?

(Rires) Vous savez, mes activités professionnelles ont toujours pris un coup. Que je sois à l’Assemblée ou pas, le fait d’avoir franchi le Rubicon et de faire de la politique a toujours eu des répercutions sur mon activité professionnelle. Ce que j’ai déploré, c’est plutôt l’attitude de monsieur le Bâtonnier de l’Ordre des avocats du Burkina. Nous nous sommes battus, avec d’autres confrères, pour que l’Assemblée nationale du Burkina Faso accepte de faire du mandat de député une incompatibilité relative. C’est-à-dire permettre aux députés avocats de pourvoir exercer, mais dans certaines conditions.

Mais je dois dire quand on est véritablement engagé comme je le suis, il est difficile d’avoir du temps pour me consacrer à mes activités professionnelles. Je tente de le faire comme je peux, avec l’appui de certains confrères que je voudrais remercier au passage. Ils sont très nombreux ces confrères qui me soutiennent, souvent même dans l’ombre. Ce qui fait que mon cabinet, même s’il tangue, ne tombe jamais. La profession d’avocat est libérale. Et moi je ne comprends pas pourquoi on veut créer un obstacle à l’exercice d’une profession que j’ai choisie librement, et dont l’activité politique n’en est que le prolongement. J’ai toujours su m’organiser pour accorder du temps aux clients de mon cabinet entre deux réunions.

Donc ma démission n’a rien à voir avec la situation de mon cabinet, même si cela peut représenter un avantage en ce qui me concerne. Cela me permet en effet de lever un autre obstacle, celui de mon statut de député que l’on utilisait comme alibi pour refuser mon inscription au tableau de l’Ordre. Vont-ils encore trouver un autre motif pour me refuser cette inscription ? Je n’en sais rien, l’avenir nous le dira. Mais moi je suis avocat, je ne sais pas faire autre chose. J’avais été omis du tableau parce que je suis allé à l’Assemblée nationale. Cette raison ne tient plus. Et de par la loi d’ailleurs, c’est une raison qui ne tenait pas. Je ne sais pas s’ils vont en trouver d’autres, mais cela n’entravera en rien ma détermination à mener mon combat politique.

Desire T Sawadogo

Fasozine

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