Les femmes ont dansé. Les jeunes aussi. Certains papys sont restés médusés. Autres temps, autres mœurs… politiques.

Il a plu au PDP/PS et au conseil national de désigner François O. Kaboré candidat du parti de l’Espoir à la présidentielle de novembre 2010. La salle de conférences du Conseil burkinabè des chargeurs (CBC), parée des couleurs rouge et jaune, jubile.

L’ambiance est électrique. Mais lui, pendant un instant, semble absent. Les yeux révulsés vers le plafond, l’air songeur, l’impétrant entend-il les militants scander son nom ? Sans doute médite-t-il sur sa nouvelle charge. Surtout sur les espérances messianiques que suscite déjà une candidature à peine proclamée.

« La dernière tempête nous a révélé François Kaboré. Nous, militantes du PDP/PS, disons que le camarade François Kaboré est un don de la Providence divine. Il est un expert du développement qui a consacré toute sa carrière professionnelle à résoudre les problèmes climatiques du Burkina Faso et de la sous-région. Qui, mieux que lui, pourra conduire notre pays au développement endogène humain durable ? ». Vénération de la représentante des femmes, Suzanne Coulibaly.

« Camarade président, nous avons foi en la force de votre engagement et de votre lucidité. Vous êtes l’homme providentiel capable de garantir un avenir meilleur à la jeunesse du Burkina Faso. Alors, puisse Allah, le Tout-Puissant, vous éclairer suffisamment afin de sortir, au soir du 21 novembre, notre pays de la misère, de la corruption et de l’injustice ». Imploration du responsable de la jeunesse du parti, Mikaïl Baguian.

Dans sa déclaration d’investiture très attendue, le démiurge, transi de ravissement, le visage illuminé par les feux des caméras, confie dans un ton à le faire plaindre : “C’est avec beaucoup d’émotion et d’humilité que je mesure la signification et le poids de la mission que notre parti, le Parti pour la démocratie et le progrès/Parti socialiste (PDP/PS), vient de me confier dans le cadre de notre lutte aux côtés du peuple burkinabè dans ce qui est appelé présidentielle de novembre 2010, dont les résultats, paraît-il, sont d’avance connus”.

Dans un réquisitoire contre le régime actuel, coupable, à ses yeux, de tous les péchés du Burkina, celui qui ambitionne de transformer les institutions et les mentalités multiplie les coups : « J’accepte et mesure l’honneur que vous me faites d’être le porte-drapeau du PDP/PS à ce combat de libération, de restauration de la dignité et de préservation des ressources nationales, actuellement pillées avec arrogance par ceux qui patrimonialisent le pouvoir dans notre pays ».

Sur la politique extérieure, les griefs sont plus acerbes : “Pour les autres pays de la sous-région, le Burkina Faso est souvent perçu comme un pays dont les dirigeants utilisent tous les expédients pour accaparer les richesses des pays voisins tout en jouant aux pompiers pour des incendies dont ils n’ignorent pas l’origine”.

En cas de victoire, ce serait la fin de « l’embrigadement socio-politique d’intimidation savamment entretenu par plusieurs réseaux occultes », la restauration de la dignité du peuple burkinabè, le retour “aux valeurs morales ancestrales dans la conduite des affaires” ; l’équité dans l’accès à l’emploi et au travail “qui libère” et la fin de l’impunité pour “le système prédateur et répressif qui donne l’impression d’être une citadelle imprenable par la voie démocratique”.

Lance à manche raccourci en main, le preux chevalier du PDP/PS promet la lutte au corps à corps, comme le lui conseille son président d’honneur, Ali Lankoandé, candidat malheureux à la présidentielle de 2005.

Alain Saint Robespierre

L’Observateur Paalga